Histoire et liturgie de l’Église copte

Messe copte orthodoxe. © Philippe Lissac / GODONG

Histoire

Les Coptes sont natifs d’Égypte. Ils des­cendent de ces anciens égyp­tiens que, par abré­via­tion, les arabes dénom­mèrent « gupt », terme dont est déri­vé le mot « copte ».

Dès l’origine, ils dépen­daient du patriarche d’Alexandrie et obser­vaient en grec la litur­gie alexan­drine, dite de saint Marc. Mais au Vème siècle, lors de l’apparition du mono­phy­sisme, leur patriarche, Dioscure, sym­pa­thi­sa avec la nou­velle héré­sie et refu­sa même de se sou­mettre aux déci­sions du concile de Chalcédoine en 451.

Le mono­phy­sisme (du grec monos, unique, et phy­sis, nature), doc­trine d’Eutychès, archi­man­drite de Constantinople, pré­ten­dait qu’il n’y avait qu’une seule nature en Jésus-​Christ, la nature humaine ayant été absor­bée par la nature divine dans l’union en une seule et unique per­sonne. Cette héré­sie s’opposait au nes­to­ria­nisme qui ensei­gnait au contraire qu’il y avait non seule­ment deux natures dans le Christ, mais aus­si deux per­sonnes. C’est en vou­lant com­battre cette erreur qu’Eutychès, refu­sant d’admettre le magis­tère infaillible de l’Église, se lais­sa empor­ter dans la doc­trine opposée.

Avec son chef, la majo­ri­té de l’Église d’Égypte s’éloigna du catho­li­cisme, adhé­ra à l’hérésie et, de nos jours, l’Église natio­nale d’Égypte demeure dans le schisme, le moder­nisme l’empêchant de reve­nir à l’unité romaine.

Au cours des XIVème et XVème siècles, diverses ten­ta­tives furent faites pour rap­pro­cher de Rome l’Église copte ; ce fut sans suc­cès notable ou défi­ni­tif. Au XVIIème siècle, les fran­cis­cains par­vinrent à grou­per quelques conver­sions et, en 1739, l’évêque copte, Athanase de Jérusalem, qui rési­dait au Caire, ral­lia le catho­li­cisme et fut nom­mé vicaire apos­to­lique de la petite com­mu­nau­té de fidèles, quelque 2.000 âmes. Il faut attendre le XIXème siècle pour voir ce mou­ve­ment prendre quelque essor. En 1895, Léon XIII crée deux dio­cèses, à Minya et à Thèbes, et réta­blit, pour l’évêque rési­dant au Caire, le titre de patriarche catho­lique copte d’Alexandrie. L’évêque Cyrille Macaire béné­fi­cia le pre­mier de cette digni­té. En 1960, on comp­tait 80.000 fidèles. En 2005, on esti­mait cette popu­la­tion à plus de 250.000. Aujourd’hui, l’Église copte catho­lique compte sept diocèses.

Quant à l’Église copte ortho­doxe, son patriarche est à Alexandrie. On y compte 15.000.000 de fidèles, répar­tis en 62 dio­cèses, et dans plu­sieurs pays.

Liturgie

Les églises coptes et leurs sanc­tuaires sont, en géné­ral, simples et dénu­dés. L’autel et car­ré. Mais l’iconostase (la cloi­son de bois ou de pierre, qui sépare le célé­brant et les ministres sacrés d’avec le reste du peuple) est, lui, beau­coup plus ornée par des icônes. En géné­ral, elle est repré­sen­tée ainsi :

  • En haut, au milieu est repré­sen­tée la Cène et la Crucifixion par-​dessus, rap­pe­lant ain­si l’origine de la messe et de la communion.
  • En bas, au milieu, la sainte Vierge, par qui Notre-​Seigneur est venu.
  • Sur la droite est repré­sen­té le bap­tême de Notre-​Seigneur, rap­pe­lant notre incor­po­ra­tion au Christ.
  • Toujours sur la droite, saint Michel Archange, rap­pe­lant la puis­sante inter­ces­sion auprès de Dieu, étant le chef des armées célestes.
  • Sur la gauche, la Sainte Vierge et l’épisode de l’Annonciation, rap­pe­lant le com­men­ce­ment du salut du genre humain.

Le bap­tême copte se déroule dans une longue céré­mo­nie, durant laquelle le prêtre pré­pare et bénit l’eau bap­tis­male dans un grand bap­tis­tère pro­fond. Puis, il bap­tise l’enfant par une triple immer­sion com­plète, c’est-à-dire qu’il le plonge tota­le­ment trois fois de suite en pro­non­çant les paroles du bap­tême. Enfin, tou­jours dans la même céré­mo­nie, il lui donne le sacre­ment de confirmation.

Pour ce qui est de la messe copte, voi­ci quelques singularités :

  1. Les coptes uti­li­saient autre­fois des hos­ties en pain fer­men­té sur lequel il y a l’empreinte d’un grand car­ré cen­tral (repré­sen­tant la part du Christ, appe­lé Spondicon) et, autour, douze autres car­rés (celle des apôtres). Sur chaque car­ré, il y a une croix, don­nant ain­si treize croix sur l’hostie. Elle est ensuite rom­pue, lors de la Fraction, pour lais­ser une part au prêtre, et les autres pour les fidèles. Mais, aujourd’hui, on uti­lise rare­ment cette hos­tie (pour les solen­ni­tés). Les coptes catho­liques ont pré­fé­ré l’hostie latine, sans levain, qu’ils divisent en treize parts (ou, pour plus de com­mo­di­tés, en cinq).
  2. Pour la messe, le prêtre est revê­tu d’un amict, d’une aube, d’une cein­ture plate (de la cou­leur de l’ornement) de deux mani­pules en forme de man­chettes, d’une étole d’un seul pan (sur­mon­té de trois croix), et d’une chape.
  3. Le cor­po­ral copte est fait du même tis­su que l’ornement sacerdotal.
  4. Pour la plu­part des orai­sons et béné­dic­tions, le prêtre tient une croix dans sa main droite.
  5. Durant cinq prières, le prêtre tient, sur ses mains éten­dues, des voiles sym­bo­li­sant son état de grâce et sa pureté.
  6. La messe copte com­mence par une ado­ra­tion du prêtre devant l’iconostase (à genoux et incli­né pro­fon­dé­ment). Il monte ensuite à l’autel.
  7. Après les prières pré­pa­ra­toires, le lave­ment des mains et quelques béné­dic­tions, le prêtre offre le pain et l’enveloppe dans un voile, la pré­sente au peuple et fait une pro­ces­sion autour de l’autel. Le ser­vant pré­cède le prêtre en por­tant le vin et un cierge. De retour à l’autel, le prêtre bénit les saintes offrandes.
  8. Après la consé­cra­tion et l’invocation du Saint-​Esprit (Épiclèse), le prêtre fait une osten­sion en mon­trant de la main gauche la patène sup­por­tant le pré­cieux Corps, et bénit le peuple de la main droite avec une un voile et une croix : c’est la béné­dic­tion des saintes offrandes.
  9. Avant la frac­tion, le prêtre fait une pre­mière consi­gna­tion : ayant déli­ca­te­ment trem­pé son doigt dans le calice, il fait un signe de croix sur l’hostie.
  10. La frac­tion divise l’hostie en treize (ou en cinq), lais­sant le car­ré cen­tral (Spondicon) intact. Celui-​ci est ensuite trem­pé dans le pré­cieux Sang, puis touche les autres par­celles de l’hostie, signi­fiant ain­si l’union du Corps et du Sang : c’est la deuxième consignation.
  11. À la com­mu­nion, le prêtre bais dévo­te­ment l’hostie avant de la recevoir.
  12. Pour la com­mu­nion des fidèles, les hos­ties sont légè­re­ment trem­pées dans le calice.
  13. Hormis la consé­cra­tion, la langue employée est l’arabe. Mais, par­fois, pour ce qui est fami­lier à tous, la langue est le copte.

Les Coptes sont natifs d’Égypte. Ils des­cendent de ces anciens égyp­tiens que, par abré­via­tion, les arabes dénom­mèrent « gupt », terme dont est déri­vé le mot « copte ».

Dès l’origine, ils dépen­daient du patriarche d’Alexandrie et obser­vaient en grec la litur­gie alexan­drine, dite de saint Marc. Mais au Vème siècle, lors de l’apparition du mono­phy­sisme, leur patriarche, Dioscure, sym­pa­thi­sa avec la nou­velle héré­sie et refu­sa même de se sou­mettre aux déci­sions du concile de Chalcédoine en 451.

Le mono­phy­sisme (du grec monos, unique, et phy­sis, nature), doc­trine d’Eutychès, archi­man­drite de Constantinople, pré­ten­dait qu’il n’y avait qu’une seule nature en Jésus-​Christ, la nature humaine ayant été absor­bée par la nature divine dans l’union en une seule et unique per­sonne. Cette héré­sie s’opposait au nes­to­ria­nisme qui ensei­gnait au contraire qu’il y avait non seule­ment deux natures dans le Christ, mais aus­si deux per­sonnes. C’est en vou­lant com­battre cette erreur qu’Eutychès, refu­sant d’admettre le magis­tère infaillible de l’Église, se lais­sa empor­ter dans la doc­trine opposée.

Avec son chef, la majo­ri­té de l’Église d’Égypte s’éloigna du catho­li­cisme, adhé­ra à l’hérésie et, de nos jours, l’Église natio­nale d’Égypte demeure dans le schisme, le moder­nisme l’empêchant de reve­nir à l’unité romaine.

Au cours des XIVème et XVème siècles, diverses ten­ta­tives furent faites pour rap­pro­cher de Rome l’Église copte ; ce fut sans suc­cès notable ou défi­ni­tif. Au XVIIe siècle, les fran­cis­cains par­vinrent à grou­per quelques conver­sions et, en 1739, l’évêque copte, Athanase de Jérusalem, qui rési­dait au Caire, ral­lia le catho­li­cisme et fut nom­mé vicaire apos­to­lique de la petite com­mu­nau­té de fidèles, quelque 2.000 âmes.

Il faut attendre le XIXème siècle pour voir ce mou­ve­ment prendre quelque essor. En 1895, Léon XIII crée deux dio­cèses, à Minya et à Thèbes, et réta­blit, pour l’évêque rési­dant au Caire, le titre de patriarche catho­lique copte d’Alexandrie. L’évêque Cyrille Macaire béné­fi­cia le pre­mier de cette digni­té. En 1960, on comp­tait 80.000 fidèles. En 2005, on esti­mait cette popu­la­tion à plus de 250.000.

Aujourd’hui, l’Église copte catho­lique compte sept dio­cèses. Quant à l’Église copte ortho­doxe, son patriarche est à Alexandrie. On y compte 15.000.000 de fidèles, répar­tis en 62 dio­cèses, et dans plu­sieurs pays.

Abbé Daniel Sabur, FSSPX