La vidéo des sacres épiscopaux du 30 juin 1988 par Mgr Marcel Lefebvre

Le 30 juin 1988 Mgr Lefebvre sacre à Ecône quatre évêques membres de la Fraternité.

Contexte

En 1983, une nou­velle étape est fran­chie : le pape Jean-​Paul II mul­ti­plie décla­ra­tions et gestes de sym­pa­thie à l’égard de Luther dont les pro­tes­tants célèbrent le cinq-​centième anni­ver­saire de la nais­sance. Plus que jamais, le pape s’engage au nom des droits de l’homme et pose des gestes d’un œcu­mé­nisme pour­tant condamné.

Face à tant de scan­dales venus de haut, Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer, évêque du dio­cèse de Campos au Brésil, lui écrivent une lettre ouverte le 21 novembre 1983. Ils le font dans l’esprit de saint Paul résis­tant publi­que­ment à saint Pierre, lorsque celui-​ci « ne mar­chait pas selon l’Évangile » (épître aux Galates 2,14).

En 1985, année où la Fraternité compte 156 prêtres, et un évêque, Mgr Lefebvre publie chez Albin Michel une Lettre ouverte aux catho­liques per­plexes où, dans un lan­gage clair, acces­sible à tous, il pré­cise les rai­sons de sa résis­tance face aux réformes des­truc­trices du catholicisme.

Réunion inter-​religieuse à Assise

Malheureusement, au Synode de cette même année, synode extra­or­di­naire réuni à l’occasion du ving­tième anni­ver­saire de la clô­ture du concile Vatican II, Jean-​Paul II décide de conti­nuer en allant tou­jours plus loin. Il convoque pour le 21 octobre 1986 une réunion inter-​religieuse à Assise, où toutes les reli­gions réunies et pla­cées sur le même pied d’égalité invoquent leurs idoles. Une fois encore, Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer réagissent vigou­reu­se­ment, en suc­ces­seurs des apôtres, forts dans la foi. Ils dénoncent en par­ti­cu­lier un syn­cré­tisme impli­cite et l’abandon pra­tique du pre­mier commandement.

Parallèlement à une crise qui semble devoir s’aggraver, la Fraternité connaît tou­jours le même déve­lop­pe­ment. En France, le sémi­naire de Flavigny-​sur-​Ozerain (Côte‑d’Or) ouvre ses portes pour accueillir les sémi­na­ristes désor­mais trop nom­breux à Écône. Par ailleurs, la Fraternité étend son apos­to­lat de manière spec­ta­cu­laire, en ouvrant de nou­velles mai­sons au Gabon, au Chili, en Nouvelle-​Zélande, aux Antilles, au Zimbabwe et en Inde. Elle est désor­mais pré­sente dans tous les conti­nents et implan­tés dans quelque 23 pays.

Sacres épiscopaux

La mesure de l’apostasie de la Rome conci­liaire étant comble avec la confir­ma­tion des thèses de la fausse liber­té reli­gieuse, Mgr Lefebvre annonce aux ordi­na­tions du 29 juin 1987 qu’il n’hésitera pas, si Dieu le veut, à se don­ner des suc­ces­seurs dans l’épiscopat pour que l’œuvre de la Fraternité continue.

Rome réagit aus­si­tôt en pro­po­sant de pro­cé­der à une visite des mai­sons de la Fraternité afin de mieux connaître l’œuvre de for­ma­tion sacer­do­tale et d’en consta­ter les fruits de sain­te­té et de catho­li­ci­té à tra­vers le monde. Mgr Lefebvre s’en réjouit et accueille, flan­qué de son secré­taire, Mgr Camille Perl, le car­di­nal Edouard Gagnon, de la Congrégation des Pères du Saint-​Esprit, nom­mé Visiteur apostolique.

Cette visite est une sorte de recon­nais­sance de l’illégitimité des sanc­tions et des sup­pres­sions por­tées aupa­ra­vant, puisqu’il visite une Fraternité qui, offi­ciel­le­ment, n’existe pas. Le car­di­nal assiste d’ailleurs à la messe de l’évêque “sus­pens” le 8 décembre 1987 à Écône.

Le même jour, il déclare :

je veux dire que nous avons été frap­pés, par­tout, nous gar­dons une grande admi­ra­tion pour la pié­té des per­sonnes, pour l’actualité et l’importance des œuvres, sur­tout en ce qui concerne la caté­chèse, la for­ma­tion, l’administration des sacre­ments. Certainement nous avons en main tout ce qu’il faut pour faire un rap­port très positif. »

Ce rap­port ne paraî­tra jamais et sera, pra­ti­que­ment, étouf­fé. A ce jour, il n’a jamais été publié. Par contre, on peut tou­jours lire dans le Livre d’or du sémi­naire d’Écône le sou­hait du car­di­nal, que « le mer­veilleux tra­vail de for­ma­tion sacer­do­tale accom­pli ici rayonne un jour pour le bien de toute la sainte Eglise ».

Opération survie

Mgr Lefebvre avait repous­sé la date des sacres dans l’espoir d’un accord accep­table. Une for­mule doc­tri­nale peu satis­fai­sante est mal­gré tout signée par Mgr Lefebvre après une nou­velle réunion à Rome, le 5 mai 1988, avec le car­di­nal Ratzinger. Dès le len­de­main, Monseigneur demande de nou­velles garan­ties concer­nant le sacre et le secré­ta­riat romain qui serait char­gé de la Tradition.

Le refus de ces condi­tions indis­pen­sables conduit Mgr Lefebvre à déci­der le sacre de quatre évêques membres de la Fraternité pour le 30 juin 1988. Le sacre est légi­ti­mé par le cas de néces­si­té devant lequel l’Église se trouve pla­cée, qui rend illé­gi­time le refus expli­cite du sacre par le pape : en effet, celui-​ci doit avoir la volon­té habi­tuelle de don­ner à l’Église les moyens indis­pen­sables au bien com­mun de celle-ci.

Sources : Chaîne Viméo Society of St Pius X /​fsspx​.org

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.