Sermon de Mgr Lefebvre – Vigile de la Pentecôte – Diaconat – 17 mai 1986

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

En cette vigile de la Pentecôte, joignons-​nous aux dis­ciples et aux apôtres qui entourent la très Sainte Vierge Marie, et deman­dons par l’intercession de la Vierge Marie, de rece­voir nous aus­si l’Esprit Saint.

Et vous par­ti­cu­liè­re­ment, mes bien chers amis, qui dans quelques ins­tants allez rece­voir la grâce du diaconat.

Vous allez en effet, rece­voir l’Esprit Saint d’une manière toute par­ti­cu­lière : Spiritus sep­ti­for­mis, disent les prières du Pontifical. L’Esprit avec ses sept dons. Et puis lorsque l’évêque va vous impo­ser les mains et dire les paroles de l’ordre du dia­co­nat, il vous dira : Accipi Spiritum Sanctum, ad robur, et ad resis­ten­dum dia­bo­lo et ten­ta­tio­ni­bus ejus : Recevez l’Esprit Saint pour rece­voir sur­tout son don de force contre le démon et contre toutes ses tentations.

Et puis, dans l’instruction que l’Église met sur les lèvres de l’évêque, il est dit aus­si, que la grâce que vous allez rece­voir, va vous rendre forts pour com­battre, non pas contre les élé­ments sen­sibles, contre la chair, mais contre les esprits mau­vais répan­dus dans le monde. Dirons-​nous qu’aujourd’hui la dif­fu­sion de ces esprits mau­vais dans le monde n’existe plus ? Je pense que, plus que jamais, ces esprits malins, ces esprits per­vers sont répan­dus dans le monde.

Et donc, c’est à une véri­table croi­sade que l’Église vous convie en vous don­nant cet Esprit Saint, en vous don­nant l’Esprit de force, contre toutes les forces sub­ver­sives qui sont dans le monde et par­ti­cu­liè­re­ment les forces de l’erreur.

Et pour cela vous allez rece­voir des fonc­tions par­ti­cu­lières, vous appro­chant de l’autel, vous appro­chant du Corps et du Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, que vous pour­rez même – au moins d’une manière extra­or­di­naire – tou­cher de vos mains.

Vous allez rece­voir l’étole qui signi­fie votre pou­voir de minis­tère. Vous avez désor­mais un minis­tère à rem­plir à l’autel, minis­tère tout par­ti­cu­lier auprès du prêtre qui offre le Sacrifice.

Vous allez rece­voir éga­le­ment la dal­ma­tique qui est pour vous, comme une armure que vous revê­tez, armure de sain­te­té dal­ma­ti­ca jus­ti­tiæ, dal­ma­tique de la sain­te­té. Oui, revêtez-​vous de la sain­te­té. Christum induis­tis (Ga 3,27) : Vous avez revê­tu le Christ. Revêtez Notre Seigneur Jésus-​Christ et que, désor­mais, dans votre com­por­te­ment, dans votre atti­tude vis-​à-​vis de ceux vers les­quels vous serez envoyé pour prê­cher l’Évangile, vous mon­triez en vous, les ver­tus de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et puis l’évêque va vous confier les saints Évangiles. C’est peut-​être ce qui carac­té­rise le plus, l’ordre du diaconat.

En effet, saint Étienne, votre modèle, a prê­ché Notre Seigneur Jésus-​Christ et c’est pour­quoi il est deve­nu mar­tyr. Et nous aus­si, nous allons vous confier l’Évangile de Notre Seigneur Jésus-​Christ. C’est la révo­lu­tion appor­tée par Notre Seigneur Jésus-​Christ dans le monde, une véri­table révo­lu­tion, révo­lu­tion de sain­te­té, de sanc­ti­fi­ca­tion, de résur­rec­tion des âmes, de sanc­ti­fi­ca­tion des âmes, c’est l’Évangile, l’Évangile de Notre Seigneur Jésus-​Christ, ce qu’Il est venu faire, ce qu’Il est venu réa­li­ser, son œuvre d’amour, de cha­ri­té, de rédemp­tion, de glo­ri­fi­ca­tion de son Père, de glo­ri­fi­ca­tion de toutes les âmes dans le Ciel.

Et c’est à cela que vous allez être asso­ciés. C’est cela dont vous allez avoir la res­pon­sa­bi­li­té vis-​à-​vis des âmes, en rece­vant l’Évangile. Pensez que vous allez être des hérauts de l’Évangile. Vous allez conti­nuer l’œuvre que Notre Seigneur Jésus-​Christ a com­men­cée ici-​bas. Quelle responsabilité !

Et n’oubliez pas que, étant par le fait même, des témoins de l’Évangile, deve­nant par fonc­tion, des témoins de l’Évangile, témoins de la Vérité de Notre Seigneur Jésus-​Christ, témoins de ce qu’il est la Voie, la voie de la sanc­ti­fi­ca­tion, la voie du salut, eh bien, que veut dire témoin et que signi­fie témoin ? mar­tyr, martyr.

Saint Étienne a été mar­ty­ri­sé parce qu’il a été témoin de l’Évangile. Et tous ceux qui après lui, ont été mar­ty­ri­sés, ont été mar­tyrs, témoins de l’Évangile, ont ver­sé leur sang pour l’Évangile, pour prê­cher Notre Seigneur Jésus-Christ.

Alors c’est à cela que vous êtes appe­lés, à être des témoins, peut-​être qui sait, mar­tyrs un jour, nous ne savons pas. Dieu seul le sait. Mais en tout cas déjà par votre témoi­gnage vous êtes des mar­tyrs, des témoins de Notre Seigneur Jésus-​Christ dans le monde.

Soyez-​le plei­ne­ment, soyez-​le com­plè­te­ment. Ne le soyez pas à demi. Ne ter­gi­ver­sez pas sur la Vérité de Notre Seigneur Jésus-​Christ, sur la Vérité de l’Évangile, sur la Vérité de son mes­sage, sur la néces­si­té de pas­ser par Notre Seigneur, pour aller au Ciel.

Ce serait man­quer au mes­sage qui vous est confié ; ce serait man­quer de cha­ri­té vis-​à-​vis de ceux vers les­quels vous êtes envoyé. Ils attendent de vous la Vérité. Ils attendent de vous que vous soyez des mes­sa­gers de la Vérité et non point des mes­sa­gers de l’erreur. Et vous trou­ve­rez cette Vérité dans l’Évangile. Remerciez Dieu de vous don­ner une telle fonc­tion et demandez-​Lui de vous en don­ner les capa­ci­tés, les vertus.

C’est ce que nous allons deman­der tous ensemble ici, au cours de cette céré­mo­nie, vos parents, vos amis, vos confrères, vos prêtres sur­tout qui vous entourent, vont prier pour que vous rece­viez vrai­ment l’Esprit Saint ad robur, pour la force. Que vous ne crai­gniez pas les attaques des démons, qui vien­dront. Le démon ne peut pas tolé­rer la Vérité et ils vien­dront par­fois plus sub­tils que nous ne le pen­sons, cachés sous un aspect de véri­té, cachés sous un aspect de pasteur.

Eh bien, vous dévoi­le­rez l’erreur. Comme le disait Léon XIII à pro­pos des francs-​maçons, dans son ency­clique Humanum genus : Il faut leur enle­ver leur masque. Il faut les décou­vrir ; il faut les mon­trer, afin de pro­té­ger les fidèles dans leur foi ; afin qu’ils ne soient pas trom­pés par ces mes­sa­gers de l’erreur.

Nous aus­si nous devons dévoi­ler ceux qui dif­fusent l’erreur, afin de demeu­rer dans la Vérité ; afin d’accomplir notre tâche de témoins de Notre Seigneur Jésus-​Christ et de pro­té­ger les âmes dont nous avons la charge, contre ces sen­tiers de l’erreur.

Vous avez comme modèle saint Étienne. Puissiez-​vous aus­si avoir dans vos yeux cette vision de saint Étienne, la vision de Notre Seigneur à la droite de Dieu, à la droite du Père .

Cette vision de l’éternité, cette vision que l’Esprit vous donne et doit vous don­ner puisque Spiritus enim omnia scru­ta­tur, etiam pro­fun­da Dei (1 Co 2,10) : Et même ce qu’il y a de plus caché dans la pro­fon­deur de Dieu. Mais qu’est-ce que c’est que Dieu ? C’est Jésus-​Christ, c’est la Sainte Trinité.

Alors ayez devant les yeux cette image, cette vision qu’avait saint Étienne, qui est la vraie vision de l’éternité ; qui est cette vision de ce que sera l’avenir, l’avenir de toute l’humanité, l’avenir du monde, la vision de la Trinité pour ceux qui auront cru.

Et puis ayez aus­si comme modèle et comme guide saint Pie X. Vous êtes entrés dans la Fraternité, consa­crée, sous le patro­nage de saint Pie X. Pourquoi saint Pie X ? Parce qu’il a été lui aus­si un croi­sé, un témoin de l’Évangile. Et si aujourd’hui encore il est com­bat­tu, c’est parce qu’il a été un témoin de l’Évangile. Si l’on oublie son nom, si l’on ne parle plus de saint Pie X c’est parce qu’il a été jus­te­ment, un véri­table mar­tyr de la Vérité de l’Évangile. Il a com­bat­tu, le bon com­bat de la foi.

Alors sui­vons aus­si ce modèle qu’est saint Pie X.

Et enfin, sui­vez tout par­ti­cu­liè­re­ment la très Sainte Vierge Marie. Elle aus­si, elle est Reine des mar­tyrs. Elle a été vrai­ment le témoin pri­vi­lé­gié de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Elle est res­tée au pied de la Croix. Elle n’a pas eu peur. Elle a mani­fes­té son amour pour son divin Fils, jusqu’au bout, jusqu’au Sacrifice suprême.

Eh bien que la Vierge Marie vous donne cette grâce.

Et je vou­drais, en ter­mi­nant, évo­quer ce qui se passe aujourd’hui entre les deux Notre-​Dame : Notre-​Dame de Paris et Notre-​Dame de Chartres.

À l’instant pro­ba­ble­ment, où nous sommes ici, par­tout des légions, des légions de jeunes, de jeunes gens quittent Notre-​Dame de Paris pour faire leur pèle­ri­nage, pèle­ri­nage de foi, pèle­ri­nage de péni­tence, pèle­ri­nage de prière, admi­rable pèle­ri­nage des croi­sés. Des croi­sés qui n’ont pas peur, en cette époque d’athéisme, cette époque de volup­té, cette époque où Satan règne par­tout, ces jeunes se sont levés et rem­plis de foi, rem­plis d’amour pour Notre Seigneur et pour Notre Dame, ils ont réso­lu de mar­cher pen­dant trois jours, pour se rendre à Notre-​Dame de Chartres, mani­fes­tant ain­si au monde entier, la foi qui demeure encore chez ces jeunes, ces jeunes âmes. Et pen­dant ces trois jours, nous les sui­vrons, nous les accom­pa­gne­rons de nos prières, de nos sacri­fices, de notre pro­fes­sion de foi à nous aus­si. Et voyez-​vous, ils sont per­sé­cu­tés ; per­sé­cu­tés par ceux qui ne devraient pas les per­sé­cu­ter. Persécutés parce qu’ils sont des témoins de la foi, c’est évident, rien que pour cela. Car ils n’ont pas d’autre but dans ce pèle­ri­nage. Ce n’est pas un pèle­ri­nage poli­tique ; ce n’est pas un pèle­ri­nage polé­mique. C’est un vrai pèle­ri­nage de foi et de témoi­gnage de la foi.

Eh bien, comme il se doit, ils sont per­sé­cu­tés et ils sont mar­tyrs d’une cer­taine manière.

Alors joignons-​nous à eux et n’ayons pas peur, comme eux de tra­cer notre che­min au cours de notre vie, de faire ce pèle­ri­nage, cette croi­sade, pour aller de Marie à Marie, pour être avec la très Sainte Vierge Marie et mani­fes­ter notre foi au monde.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.