Lettre n° 78 de Mgr Bernard Fellay aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX d’avril 2011

Chers Amis et Bienfaiteurs,

a nou­velle année nous a réser­vé bien des sur­prises, plu­tôt désa­gréables pour ne pas dire dra­ma­tiques. Nous par­lons évi­dem­ment des évé­ne­ments qui affectent l’Eglise, et non pas des catas­trophes en chaîne au Japon, ni des troubles dans les pays arabes et en Afrique qui devraient pour­tant ser­vir à tous d’avertissement ! Mais qui les com­prend encore ainsi ?

Oui, bien plus dom­ma­geables que toute catas­trophe natu­relle – avec ses morts, ses tra­gé­dies, ses souf­frances très dou­lou­reuses – sont les catas­trophes qui blessent ou qui tuent les âmes. Si les hommes pre­naient autant de soin de leur âme que de leur corps, la face de la terre serait chan­gée. Mais ce qui, à juste titre, fait réagir et cher­cher la gué­ri­son au niveau du corps humain – à cause de la dou­leur immé­diate res­sen­tie –, n’existe hélas presque pas au niveau de notre esprit. Le péché qui cause tant de mal à toute l’humanité et à chaque être humain, n’est que fort peu res­sen­ti, et c’est pour­quoi on n’en recherche pas les remèdes adé­quats. Nous par­lons de catas­trophe spi­ri­tuelle : en effet, quel autre nom peut-​on don­ner à un évé­ne­ment qui four­voie une mul­ti­tude d’âmes ? Qui met en péril le salut de mil­lions, voire de mil­liards d’âmes ? Or au moins deux faits sus­cep­tibles d’entraîner la non-​conversion, et donc la perte éter­nelle des âmes, ont été annon­cés à Rome au début de cette année : la béa­ti­fi­ca­tion du pape Jean-​Paul II et le renou­vel­le­ment de la jour­née de prières d’Assise, à l’occasion du 25e anni­ver­saire de la pre­mière ren­contre de toutes les reli­gions orga­ni­sée à Assise par le même Jean-​Paul II.

Pour ceux qui auraient de la peine à com­prendre la signi­fi­ca­tion de ces deux évè­ne­ments, nous citons tout sim­ple­ment ce qu’écrivait M. l’abbé Franz Schmidberger, pre­mier suc­ces­seur de Mgr Marcel Lefebvre à la tête de la Fraternité Saint-​Pie X, il y a vingt-​cinq ans dans cette même Lettre aux amis et bien­fai­teurs. Il y fai­sait une liste non exhaus­tive des actes posés par le pape Jean-​Paul II, que l’on va béatifier :

« Le 25 jan­vier 1986, le Pape, dans un ser­mon don­né en la basi­lique Saint-​Paul-​hors-​les-​Murs, invite toutes les reli­gions à Assise pour prier ensemble pour la paix.

Il suf­fit de jeter un regard sur les évé­ne­ments des trois der­nières années pour voir à quel point nous nous appro­chons main­te­nant de l’établissement d’une grande reli­gion uni­ver­selle sous la pré­si­dence du Pape, avec le seul dogme de la liber­té, éga­li­té et fra­ter­ni­té de la révo­lu­tion fran­çaise et des loges maçonniques.

1. Le nou­veau Droit Canon, pro­mul­gué par le Pape lui-​même le 25 jan­vier 1983, abo­lit l’état clé­ri­cal. Dorénavant, l’Eglise est le « peuple de Dieu » dans un sens pro­tes­tant et éga­li­taire, sans subor­don­nés et sans chefs. La hié­rar­chie n’est qu’un « ser­vice » ; selon l’exposé de Jean-​Paul II dans sa Constitution, l’Eglise se défi­nit comme une « com­mu­nion » et par son « sou­ci de l’œcuménisme ». Le canon 844 per­met expres­sé­ment l’intercommunion, le canon 204 mélange le sacer­doce du prêtre avec le sacer­doce spi­ri­tuel des laïcs, etc.

2. Le dimanche 11 décembre 1983, le Pape prêche dans une église pro­tes­tante de Rome, et ceci après s’y être invi­té plus ou moins lui-même.

3. L’évêque de Sherbrooke au Québec (Canada) a invi­té à plu­sieurs reprises les pro­tes­tants dans sa cathé­drale pour leur fausse ordi­na­tion. Il a lui-​même par­ti­ci­pé à une de ces céré­mo­nies et a reçu la « com­mu­nion » de la main d’une pas­to­resse nou­vel­le­ment ordonnée.

4. Le 18 février 1984, un nou­veau concor­dat est conclu entre le Saint-​Siège et l’Italie : désor­mais en appli­ca­tion de la décla­ra­tion conci­liaire sur la liber­té reli­gieuse, l’Italie n’est plus un Etat catho­lique, mais un Etat laïc, c’est-à-dire athée ; d’après le même docu­ment, Rome n’est plus la Ville sainte !

5. Le 10 mai 1984, le pape visite un temple boud­dhiste en Thaïlande, il se déchausse et s’assied au pied du bonze boud­dhiste, assis lui-​même devant l’autel où se trouve une grande sta­tue de Bouddha.

6. Dans leur lettre pas­to­rale du 16 sep­tembre 1984, les évêques suisses arrivent à cette conclu­sion impor­tante que « Le désir de rece­voir ensemble le même pain à la même table, c’est-à-dire le désir que la messe et la cène ne soient plus célé­brées sépa­ré­ment, vient de Dieu ». « Il faut cepen­dant envi­sa­ger avec pru­dence le moment où nous allons réa­li­ser ce désir », ajoutent les évêques. De plus ils ont sou­te­nu un pro­jet de loi visant à chan­ger le droit matri­mo­nial et qui détruit, ni plus ni moins, le mariage et la famille. Et bien, grâce à leur sou­tien, ce nou­veau droit matri­mo­nial a été accep­té en Suisse le 22 sep­tembre 1985. Une fois de plus, les évêques s’avèrent être non seule­ment les fos­soyeurs de l’ordre sur­na­tu­rel, mais même de l’ordre natu­rel éta­bli par Dieu.

7. L’épiscopat fran­çais conti­nue à impo­ser le caté­chisme héré­tique Pierres vivantes pour l’instruction reli­gieuse, au grand détri­ment des enfants. « Mais celui qui scan­da­li­se­ra un de ces petits qui croient en moi, il vau­drait mieux pour lui qu’on lui atta­chât au cou la meule qu’un âne tourne, et qu’on le pré­ci­pi­tât au fond de la mer » (Mtt. 18, 6).

8. Une décla­ra­tion com­mune du Cardinal Höffner et de M. Lohse, pré­sident du conseil de l’Eglise Evangélique d’Allemagne, signée le 1er jan­vier 1985, accorde aux époux des mariages mixtes la liber­té de se marier, de faire bap­ti­ser leurs enfants et de les éle­ver dans l’une ou l’autre Eglise. Or le Droit Canon de 1917, canon 2319, punit cha­cun de ces trois crimes d’une excom­mu­ni­ca­tion spéciale.

9. Dans son livre Entretien sur la Foi (1985), le Cardinal Ratzinger pré­tend que les autres reli­gions sont à la rigueur des moyens « extra­or­di­naires » de salut. Non, Eminence, Jésus-​Christ seul, Lui tout seul, est la Voie, la Vérité et la Vie ; per­sonne ne vient au Père que par Lui !

10. Dans une note sur la pré­sen­ta­tion du judaïsme dans la caté­chèse, publiée le 24 juin 1985, le Cardinal Willebrands pré­tend que nous atten­dons le Messie avec les Juifs ! Et il se réfère au Pape lui-​même, qui a décla­ré devant les Juifs, le 17 novembre 1980 à Mayence, que l’Ancienne Alliance n’est pas encore abolie.

11. Durant l’été 1985, le Vatican envoie un délé­gué offi­ciel à la pose de la pre­mière pierre d’une nou­velle mos­quée géante à Rome.

12. En août 1985, il pro­clame aux jeunes musul­mans à Casablanca que nous chré­tiens, nous ado­rons le même Dieu qu’eux – comme s’il y avait une très Sainte Trinité et une Incarnation de Dieu dans l’Islam ! – Peu de jours après, il se rend, avec des prêtres ani­mistes et leur escorte, à la péri­phé­rie de Lohomay, à un culte dans la « forêt sainte » où l’on évoque « la force de l’eau » et les âmes divi­ni­sées des ancêtres. Et au moins deux fois, à Kara et à Togoville – à Kara avant la sainte Messe ! – il verse de l’eau et jette de la farine de maïs dans le fond sec d’une écorce de courge, geste par lequel on pro­fesse une croyance reli­gieuse fausse.

13. Une com­mis­sion catholique-​évangélique, consti­tuée pour clô­tu­rer la visite du Pape en Allemagne en 1980, déclare dans son rap­port final publié le 24 jan­vier 1986 qu’il n’y a plus de diver­gences entre les deux confes­sions en ce qui concerne la jus­ti­fi­ca­tion, l’eucharistie, le sacer­doce et la papau­té. Il n’échappe pas à un obser­va­teur atten­tif qu’on pro­clame ici ouver­te­ment la reli­gion uni­fiée œcuménique.

14. Et main­te­nant, le 25 jan­vier 1986, il appelle toutes les reli­gions à se réunir à Assise pour une prière de paix en automne. (…) – « Quel Dieu vont donc prier ceux qui nient expres­sé­ment la divi­ni­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ ? C’est là une véri­table insi­nua­tion du diable », com­mente Monseigneur Lefebvre.

15. Enfin, au cours du voyage en Inde, le Pape ne parle que de dia­logue, de com­pré­hen­sion mutuelle des reli­gions, afin de pro­mou­voir en com­mun la fra­ter­ni­té humaine et le bien-​être social.

Croyez-​vous, bien chers amis, que cet expo­sé soit pour nous une bonne nou­velle ? C’est rem­pli de dou­leur que nous l’avons rédi­gé, dans le seul sou­ci du bien de la sainte Eglise. De même, nous sommes loin de vou­loir juger le Pape. – Nous lais­sons volon­tiers cette tâche déli­cate à un juge­ment ulté­rieur de l’Eglise. Nous ne fai­sons pas par­tie de ceux qui déclarent hâti­ve­ment le siège papal vacant, mais nous nous lais­sons conduire par l’Histoire de l’Eglise. Le Pape Honorius fut ana­thé­ma­ti­sé par le VIe Concile œcu­mé­nique à cause de ses faux ensei­gne­ments, mais jamais on n’a pré­ten­du que Honorius n’était pas Pape. Cependant, il nous est impos­sible de fer­mer les yeux devant les faits.

Et les ins­truc­tions secrètes des Carbonari ain­si que leur cor­res­pon­dance, vers 1820, sont aus­si des faits ! Nous y lisons :

« Le tra­vail que nous allons entre­prendre (…) peut durer plu­sieurs années, un siècle peut-​être (…). Ce que nous devons cher­cher et attendre, comme les Juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins (…). Avec cela, pour bri­ser le rocher sur lequel Dieu a bâti son Eglise, (…) nous avons le petit doigt du suc­ces­seur de Pierre enga­gé dans le com­plot (…). Pour nous assu­rer un pape dans les pro­por­tions vou­lues, il s’agit d’abord de lui façon­ner (…) une géné­ra­tion digne du règne que nous rêvons (…). Faites-​vous une répu­ta­tion de bon catho­lique (…). Cette répu­ta­tion don­ne­ra faci­le­ment accès à nos doc­trines par­mi le jeune cler­gé (…). Dans quelques années, ce jeune cler­gé aura, par la force des choses, enva­hi toutes les fonc­tions (…) ; il sera appe­lé à choi­sir le Pontife (…) et ce Pontife, comme la plu­part de ses contem­po­rains, sera néces­sai­re­ment (…) imbu des prin­cipes (…) huma­ni­taires que nous allons mettre en circulation ».

« Nous devons (…) arri­ver, par de petits moyens bien gra­dués (…), au triomphe de l’idée révo­lu­tion­naire par un pape (…). Ce pro­jet m’a tou­jours paru d’un cal­cul surhumain ».

Bien plus, nous lisons dans le petit exor­cisme de Léon XIII, en sa ver­sion ori­gi­nale :

« Voici que des enne­mis très rusés ont rem­pli d’amertume l’Eglise, épouse de l’Agneau imma­cu­lé, l’ont abreu­vée d’absinthe, ils ont jeté des mains impies sur tout ce qui est dési­rable en elle. Là où le Siège du bien­heu­reux Pierre et la Chaire de la véri­té fut éta­blie comme une lumière pour les nations, là ils ont posé le trône de l’abomination de leur impié­té ; afin que, le pas­teur une fois frap­pé, ils puissent dis­per­ser le troupeau ».

Que faire, face à cette situa­tion, humai­ne­ment par­lant, déses­pé­rée ? Prier, tra­vailler et souf­frir avec l’Eglise. »

Est-​ce que, vingt-​cinq ans plus tard, ces paroles ont per­du de leur force ? On a pu espé­rer, avec la venue de Benoît XVI, un redres­se­ment de la situa­tion, puisque lui-​même recon­nais­sait que la sainte Eglise se trou­vait dans une situa­tion dra­ma­tique. Et de fait il a posé plu­sieurs jalons qui peuvent cer­tai­ne­ment ser­vir à une res­tau­ra­tion, au milieu de beau­coup d’hostilité. Les actes bien­veillants qu’il a posés en faveur de notre Fraternité sont très pré­sents à notre mémoire recon­nais­sante. Mais le renou­vel­le­ment d’Assise, même édul­co­ré, même modi­fié, comme cela semble être son inten­tion, rap­pel­le­ra inévi­ta­ble­ment le pre­mier Assise qui fut scan­da­leux sous tant d’aspects, dont un des plus remar­quables fut ce spec­tacle lamen­table et affli­geant où l’on a pu voir côte à côte le Vicaire du Christ et une mul­ti­tude bario­lée de païens invo­quant leurs faux dieux et leurs idoles, – la pose de la sta­tue de Bouddha sur le taber­nacle de l’église Saint-​Pierre d’Assise demeu­rant la plus sai­sis­sante et la plus effroyable illus­tra­tion. Or lorsqu’on entend fêter l’anniversaire d’une telle réunion, on s’interdit par le fait même d’en blâ­mer l’initiateur. Benoît XVI a écrit à un pas­teur évan­gé­liste qui pro­tes­tait contre ce nou­vel Assise, qu’il allait tout entre­prendre pour évi­ter le syn­cré­tisme. Mais va-​t-​on dire aux par­ti­ci­pants venant d’autres reli­gions qu’il n’y en a qu’une seule vraie qui sauve ? Va-​t-​on leur dire qu’il n’y a aucun autre nom sous le ciel par lequel on peut être sau­vé que le nom de Jésus, comme l’a ensei­gné saint Pierre, le pre­mier pape ? (cf. Actes, 4,12) Ce sont là pour­tant dogmes de foi.

Si on leur tait des véri­tés si essen­tielles, on les trompe ! Si on leur cache l’unique néces­saire, unum neces­sa­rium, en leur fai­sant croire que tout est bien ain­si, car le Saint Esprit se sert aus­si des autres reli­gions comme moyens de salut, même si l’on parle de moyens extra­or­di­naires, selon le magis­tère nou­veau du Concile Vatican II, on les induit en erreur, les pri­vant du moyen de se sauver.

Quant à la béa­ti­fi­ca­tion de Jean-​Paul II, elle va avoir pour effet immé­diat de consa­crer l’ensemble de son pon­ti­fi­cat, toutes ses entre­prises, même les plus scan­da­leuses, celles qui sont décrites ci-​dessus et les autres, comme le bai­ser du Coran et les mul­tiples céré­mo­nies de repen­tance qui laissent pen­ser que l’Eglise est cou­pable des schismes qui ont vu se perdre nombre d’âmes chré­tiennes par la sépa­ra­tion d’avec notre Mère la Sainte Eglise, et par l’adhésion à l’erreur et à l’hérésie. En pra­tique, tout cela conduit à l’indifférentisme dans la vie de tous les jours, et les quelques efforts de Rome pour faire chan­ger quelque peu un cap si nocif à l’Eglise n’offrent que de maigres résul­tats : l’Eglise elle-​même est exsangue.

On nous dira que nous exa­gé­rons, que nous dra­ma­ti­sons ou que nous usons d’une rhé­to­rique de cir­cons­tance ; pour­tant ce constat dra­ma­tique se trouve dans la bouche même des papes Paul VI, Jean-​Paul II et Benoît XVI. Mais il appa­raît comme une étoile filante dans le fir­ma­ment, bien vite oubliée et lais­sant tota­le­ment indif­fé­rente la mul­ti­tude qui n’a cure de regar­der en haut, vers le Ciel.

Que faire ? Que pouvons-​nous faire de notre côté, bien chers amis ? était le mot d’ordre lais­sé par notre bonne Mère du Ciel, la très sainte Vierge Marie tant à Lourdes qu’à Fatima ; ces direc­tives célestes valent tou­jours et même encore plus qu’au moment où elles ont été pro­non­cées. Beaucoup d’entre vous se demandent quel fut l’effet de notre Croisade du Rosaire ter­mi­née l’an pas­sé. Nous en avons trans­mis le résul­tat accom­pa­gné de notre requête au Souverain Pontife qui n’a pas dai­gné répondre, ne serait-​ce que par un accu­sé de récep­tion. Cependant cela ne doit pas nous décou­ra­ger. Notre prière s’est élan­cée vers le Ciel, vers Notre Dame, notre Mère si bonne et si misé­ri­cor­dieuse, et vers le Dieu des Miséricordes ; nous n’avons donc pas le droit de dou­ter que nous serons exau­cés, selon les dis­po­si­tions infaillibles de la divine Providence. Sachons faire confiance au bon Dieu. Toutefois, la situa­tion de l’Eglise et du monde nous sug­gère de vous deman­der ins­tam­ment de ne pas arrê­ter ce mou­ve­ment de prière pour le bien de l’Eglise et du monde, pour le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. L’intensité de la crise, la mul­ti­pli­ca­tion de toutes sortes de mal­heurs qui frappent ou menacent l’humanité, exige de notre part une atti­tude qui y cor­res­ponde : « Il faut tou­jours prier et ne jamais ces­ser, opor­tet sem­per orare et num­quam defi­cere.» (Luc 18,1)

C’est pour­quoi il nous semble urgent et plus qu’opportun, vu le redou­ble­ment d’intensité des maux qui sub­mergent la sainte Eglise de lan­cer encore une fois une croi­sade du Rosaire, une croi­sade de prière et de péni­tence. Nous vous invi­tons à unir tous vos efforts, toutes vos forces pour for­mer à par­tir de Pâques de cette année et jusqu’à la Pentecôte 2012 un nou­veau bou­quet spi­ri­tuel, une nou­velle chaîne de ces roses si agréables à Notre Dame, pour la sup­plier d’intercéder en faveur de ses enfants auprès de son divin Fils et du Père tout-​puissant. La confu­sion ne fait qu’augmenter par­mi les âmes, elles sont livrées aux loups ravis­seurs jusque dans la ber­ge­rie. L’épreuve est si forte que même les élus se per­draient, si elle n’était abré­gée. Les quelques élé­ments récon­for­tants de ces der­nières années ne sont pas suf­fi­sants pour oser dire que les choses ont vrai­ment chan­gé en pro­fon­deur. Ils donnent de grands espoirs pour le futur, mais comme la lueur que l’on aper­çoit lorsque l’on se trouve encore au fond du tun­nel. Aussi deman­dons de tout cœur son inter­ven­tion à notre Mère du ciel afin que cette ter­rible épreuve soit abré­gée, que la chape moder­niste qui enserre l’Eglise – depuis Vatican II au moins – soit déchi­rée, que les Autorités accom­plissent leur rôle sal­vi­fique auprès des âmes, que l’Eglise retrouve son éclat et sa beau­té spi­ri­tuels, que les âmes dans le monde entier puissent entendre la Bonne Nouvelle qui conver­tit, rece­voir les Sacrements qui sauvent en retrou­vant l’unique ber­cail. Ah ! comme nous aime­rions pou­voir uti­li­ser un lan­gage moins dra­ma­tique, mais ce serait un men­songe et une négli­gence cou­pable de notre part que de vous tran­quilli­ser en vous lais­sant dans l’espoir que les choses vont s’améliorant d’elles-mêmes.

Nous comp­tons sur votre géné­ro­si­té pour réunir à nou­veau un bou­quet d’au moins douze mil­lions de cha­pe­lets pour que l’Eglise soit déli­vrée des maux qui l’accablent ou qui la menacent dans un ave­nir proche, que la Russie soit consa­crée et que le Triomphe de l’Immaculée arrive bientôt.

Afin que nos prières soient encore plus effi­caces et que cha­cun puisse en reti­rer un bien­fait plus grand, nous vou­drions ter­mi­ner en rap­pe­lant que lorsqu’on récite le Rosaire, le plus impor­tant n’est pas le nombre d’Ave Maria, mais bien la manière dont on les prie. Le risque de mono­to­nie ou de dis­trac­tion peut être com­bat­tu effi­ca­ce­ment en priant le Rosaire selon les indi­ca­tions de Marie elle-​même : en égre­nant le cha­pe­let, il s’agit de médi­ter sur les scènes de la vie et les mys­tères de Notre Seigneur et de sa sainte Mère. Le plus impor­tant est ce contact avec la vie du Sauveur qui s’établit lorsqu’on pense amou­reu­se­ment aux évé­ne­ments énon­cés à chaque dizaine, les « mys­tères » du Rosaire. Les dizaines d’Ave deviennent comme une mélo­die de fond qui accom­pagne et sou­tient ce puis­sant et doux contact avec Dieu, avec Notre Seigneur et Notre Dame. Sœur Lucie de Fatima a pu dire, à la suite des papes, que Dieu a vou­lu confé­rer une puis­sance toute spé­ciale à cette prière, de telle façon qu’il n’y ait aucun pro­blème qui ne puisse être réso­lu par cette magni­fique orai­son. Nous nous per­met­tons d’insister sur la prière en famille, qui donne tous les jours ses preuves d’efficacité en pro­té­geant les enfants et la jeu­nesse des ten­ta­tions et dan­gers effrayants du monde moderne, qui pro­tège l’unité fami­liale au milieu de tant de périls qui la menacent. Ne nous lais­sons pas décou­ra­ger par le silence appa­rent de la divine Providence après notre der­nière croi­sade. N’est-ce pas ain­si que Dieu aime que nous lui prou­vions, dans les choses impor­tantes, que nous savons esti­mer ce que nous deman­dons à sa juste valeur et que nous sommes prêts à y mettre le prix ?

Au moment d’aborder la Passion de Notre Seigneur, la Semaine Sainte et la glo­rieuse Résurrection du Sauveur, nous deman­dons à Notre Dame qu’elle daigne bénir votre géné­ro­si­té, vous prendre sous sa bien­veillante pro­tec­tion et exau­cer vos prières instantes

Menzingen, 1er Dimanche de la Passion

+Bernard Fellay, Supérieur général

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.