Aux Sources du Carmel – Bulletin du Tiers-​Ordre séculier pour les pays de langue française

Cher frère, Chère sœur,

« Réjouissez-​vous sans cesse dans le Seigneur, je le répète réjouissez-​vous sans cesse. » Phil 4, 4. Dieu veut que nous soyons tou­jours dans la joie. Il nous a créés à son image et veut que nous lui res­sem­blions autant que nous en sommes capables. Or nous défi­gu­re­rions cette image divine par la tris­tesse ; car Dieu est la Joie, comme Il est la Charité. La suprême féli­ci­té qui nous attend consiste dans la joie inal­té­rable du Seigneur. « Entre dans la joie de ton Seigneur ».Mt 25, 21. Dieu jouit de Lui-​même dans une pro­fonde paix et une joie infi­nie. C’est dans cet état qu’Il a mis l’homme en le créant, autant que l’homme en a été capable. Il en est déchu par le péché ; il en a été rele­vé par le Divin Rédempteur : la paix et la joie sont reve­nues ; c’est le mes­sage de Noël : « Paix aux hommes de bonne volon­té » Luc2, 14. « Je vous annonce une grande joie »Luc 2,10. Mais paix et joie, qui sont des fruits du Saint-​esprit seront dans l’âme dans la mesure où y règne la divine Charité. Saint Thomas avant d’étudier les actes de la cha­ri­té, traite de ses effets inté­rieurs chez ceux qui la pos­sèdent : elle nous met en joie, nous éta­blit dans la paix, nous engage dans une atti­tude de misé­ri­corde. Considérons ici le pre­mier effet : la joie.

Qu’est-ce que la joie ? C’est le repos de la volon­té dans la pos­ses­sion de la per­sonne ou de la chose aimée. « La joie dérive de l’amour, soit en rai­son de la pré­sence de l’être aimé dont on jouit, soit sim­ple­ment comme un effet de la bien­veillance lorsqu’on se réjouit du bon­heur de l’être aimé. La Charité pro­cure la joie de cette double manière ; elle se réjouit du bon­heur de Dieu par­fait et immuable ; puis elle jouit de la pré­sence de Dieu qu’elle aime, puisque par la grâce, Dieu habite dans l’âme humaine d’une manière toute spé­ciale et intime, à titre d’ami : « Quiconque demeure dans la Charité, demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 4,16). » « De ces deux joies la pre­mière est la plus noble, parce que dés­in­té­res­sée. Elle pro­cède prin­ci­pa­le­ment de la Charité. La seconde pro­cède éga­le­ment de l’Espérance. La pre­mière ne laisse place à aucune tris­tesse puisque le bon­heur de Dieu ne peut subir aucune éclipse. Par contre la seconde joie peut être mêlée d’inquiétudes et de peines en rai­son des obs­tacles qui entravent la par­ti­ci­pa­tion au bon­heur divin. Un jour vien­dra cepen­dant où cette joie sera pleine et entière lorsque la pos­ses­sion du Bien infi­ni apai­se­ra tous les dési­rs. » [1]

Le bon­heur éter­nel consiste dans la joie. C’est à par­ti­ci­per à sa joie éter­nelle que Dieu invite ses saints. « Bon et fidèle ser­vi­teur, parce que tu as été fidèle en de petites choses, je t’établirai sur de grands biens : entre dans la joie de ton Seigneur. » Mt 25,21. Comme aucune créa­ture n’est capable de recueillir toute la joie que Dieu est capable de don­ner, on dit alors que l’homme se plonge en elle. Mais ce que Dieu dira alors pour toute l’éternité, il le dit main­te­nant pour le temps et pour tous les temps. Si la joie du Seigneur fait le bon­heur éter­nel de ses saints, elle fait aus­si le bon­heur de ses ser­vi­teurs dans cette vie : la féli­ci­té tem­po­relle n’est qu’une par­ti­ci­pa­tion de celle de l’éternité.

Hélas que d’âmes sont inac­ces­sibles à cette joie toute divine car elles sont dis­si­pées, inat­ten­tives à l’ordre de la Providence, sourdes à la voix des créa­tures, ram­pantes sur la terre comme le ser­pent qui nous a séduits, elles sont encore « sem­blables à des pois­sons muets, qui ont une bouche et qui ne disent rien, qui ont du sang sans en avoir la cha­leur ». (St Grégoire le Grand)

Notre joie est si agréable à Dieu, pour­vu qu’elle n’ait d’autre objet que Lui ou ce qui est de Lui, qu’elle est un moyen assu­ré pour en être exau­cés dans nos prières. « Delectare in Domino, et dabit tibi peti­tiones cor­dis tui. »Ps 36, 4. Si nos cœurs sont dila­tés devant Lui par la joie et par la confiance, il n’est rien que nous ne puis­sions obte­nir de sa bonté.

Ouvrez les Livres Saints, vous y trou­ve­rez par­tout ou pour les pécheurs de puis­santes sol­li­ci­ta­tions à se conver­tir, ou pour les justes des exhor­ta­tions pres­santes et conti­nuelles à se réjouir. Les Psaumes sur­tout sont pleins de ce sujet. Lisez-​les, méditez-​les, chantez-​les et vous y trou­ve­rez une source inépui­sable de joie et de conso­la­tion. Notre-​Seigneur prie Son Père afin que les Apôtres aient en eux, plei­ne­ment accom­plie, Sa propre joie.[2] Les Apôtres sur­abon­daient de joie dans les tri­bu­la­tions.[3] Saint Jean nous exhorte à la plé­ni­tude de la joie : « Et nous vous écri­vons ces choses afin que votre joie soit com­plète. »[4]. Nous devons nous for­mer sur ces modèles et nos plus grandes peines non seule­ment ne doivent pas trou­bler notre joie, mais encore elles doivent en être le motif le plus sen­sible. « Ne voyez qu’un sujet de joie dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous » [5]

Comment se conser­ver tou­jours dans la joie ? Le RP Ambroise de Lombez dans son Traité de la joie chré­tienne nous donne quelques moyens : se main­te­nir dans la jus­tice ie en état de grâce et pra­ti­quer constam­ment la ver­tu ; occu­per son esprit de ce qui peut réjouir le cœur et en éloi­gner ce qui peut le por­ter à la tris­tesse ; la deman­der à Dieu ; aimer Dieu et être fervent dans son ser­vice ; se mettre dans la véri­table liber­té ; ne prendre jamais trop sur soi-​même ; se conten­ter de peu ; mettre sa confiance en Dieu.

Ces prin­cipes sont sui­vis par les saints et c’est pour­quoi ils rayon­naient de la joie divine. Les mar­tyrs étaient com­blés de joie devant les tri­bu­naux, dans les pri­sons comme au milieu des tour­ments. Leur tris­tesse aurait fait le triomphe de leurs enne­mis, leur joie fai­sait leur sup­plice et leur honte : c’est alors qu’ils s’avouaient vain­cus. La joie d’aimer Dieu rayonne sur tous les actes de la vie de Sainte Thérèse de L’Enfant-Jésus. Elle est essen­tiel­le­ment joyeuse car « elle voit Dieu en tout et reçoit Dieu de tout. Il lui est conti­nuel­le­ment pré­sent en tout. Et Dieu est tou­jours heu­reux… S’Il la console, Thérèse est joyeuse ; s’Il l’éprouve Thérèse est joyeuse, car c’est tou­jours Lui, et cela suf­fit. Ce n’est pas ce qu’Il donne que Thérèse regarde, mais bien Celui qui donne. » [6]

« Réjouissez-​vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez- vous. » L’Apôtre insiste pour que nous gar­dions au fond de notre âme cette marque du dis­ciple de Jésus-​Christ. Demandons cette grâce à la Vierge Immaculée, appe­lée dans ses lita­nies, cause de notre joie.
Causa nos­trae lae­ti­tiae, ora pro nobis.

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74

Notes de bas de page
  1. cf St Thomas II IIae q28, résu­mé par le RP Sineux o.p. dans Sommaire théo­lo­gique de saint Thomas d’Aquin t 2 p 46–47.[]
  2. Jn 17, 13.[]
  3. 1 Cor 7, 4.[]
  4. 1 Jn 1, 4[]
  5. Jac 1, 2.[]
  6. R.P. Mortier o.p. De la joie d’aimer Dieu selon l’esprit de sainte Thérèse de L’Enfant-Jésus.[]