Éditorial du N° 63 Décembre 2021- Aux Sources du Carmel

La force chré­tienne est comme une armure puis­sante avec laquelle l’âme peut se mettre en garde contre les assauts de l’ennemi, en triom­pher, et se signa­ler par d’éclatantes victoires.

Cher frère, Chère sœur,

Jésus a deman­dé aux siens d’être des forts. « Efforcez-​vous d’entrer par la porte étroite. » [Lc 13,24.]. « Le royaume des cieux est empor­té de force et ce sont les vio­lents qui s’en emparent. » [Mt 11,12.]. Sans cesse Notre-​Seigneur répète que pour mar­cher à sa suite, être son dis­ciple, il faut se renon­cer, por­ter sa croix, lut­ter, com­battre, s’imposer des sacri­fices dou­lou­reux, en un mot déployer une grande force. Si nous vou­lons répondre à l’invitation de Jésus-​Christ il faut nous aimer et consi­dé­rer comme étant dites à nous-​mêmes ces paroles que le pro­phète Jérémie adres­sait, dans une vision célèbre, à Judas Macchabée : « Prends cette sainte épée, lui disait-​il, c’est un don de Dieu ; avec elle tu bri­se­ras tes enne­mis. » [2 Mac, 15,16.]. Oui, armons-​nous de la force que nous offre le ciel, et nous rem­por­te­rons la victoire.

La force est une dis­po­si­tion sur­na­tu­relle mise en notre âme par le Saint-​Esprit pour l’arracher à sa fai­blesse native, et lui faire entre­prendre, en vue de la gloire de Dieu et de son salut, les choses les plus dif­fi­ciles… D’après saint Thomas, elle consiste dans deux actes prin­ci­paux : l’un qui sou­tient, sans se las­ser, les attaques les plus vio­lentes du démon, du monde et de la nature mau­vaise : c’est la force de résis­tance ; l’autre qui va au-​devant des dif­fi­cul­tés et ne craint pas, avec le secours de la grâce, de les prendre d’assaut : c’est la force d’initiative. La pre­mière est comme un bou­clier impé­né­trable pour se pré­ser­ver des traits de l’ennemi ; la seconde est comme un glaive ter­rible pour l’attaquer. Saint François de Sales dit, dans le même sens, que la force « consiste à se sur­mon­ter soi-​même pour s’assujettir à Dieu, en se mor­ti­fiant et retran­chant de notre esprit toutes super­flui­tés et imper­fec­tions, sans aucune réserve, pour petite qu’elle soit, et à entre­prendre de par­ve­nir à la per­fec­tion, sans craindre la dif­fi­cul­té qu’il y a de l’acquérir. » « La ver­tu de force, écrit Jean de saint Thomas, incline à affron­ter les maux immi­nents, mais il reste que la plu­part du temps le fort lui-​même, se laisse ébran­ler. » [Les dons du Saint-​Esprit, trad. Maritain, Téqui, 1997, p. 223–224.]. La res­pon­sa­bi­li­té retombe sur notre infir­mi­té. Le but à atteindre demeure très éle­vé et l’œuvre à accom­plir infi­ni­ment grande. Aussi le Saint-​Esprit vient-​Il au secours de notre fai­blesse par le don de force. Celui-​ci consiste en « une nou­velle constance et nou­velle fer­me­té de l’âme, pro­duite par le Saint-​Esprit et qui rend l’homme capable de sur­mon­ter n’importe quelle dif­fi­cul­té. » [Jean de saint Thomas, op. cit., p.226.]. Ainsi envi­sa­gée, la force chré­tienne est comme une armure puis­sante avec laquelle, dans l’arène et sur le champ de bataille de ce monde, l’âme peut se mettre en garde contre les assauts de l’ennemi, en triom­pher, et se signa­ler chaque jour par d’éclatantes vic­toires. C’est grâce à cette force que les mar­tyrs ont pu endu­rer les plus affreux tour­ments, et que sou­vent, mal­gré la fai­blesse de leur âge, ils ont las­sé la fureur de leurs bour­reaux… C’est grâce à cette force, que les saints ont fait si glo­rieu­se­ment la conquête du ciel…

Cependant pour être agréable à Dieu et nous rendre aptes à rem­por­ter d’éclatantes vic­toires, cette force doit être accom­pa­gnée de cer­tains carac­tères. Il faut qu’elle soit suave, actuelle, uni­ver­selle, per­sé­vé­rante. Par la sua­vi­té, nous imi­te­rons la Sagesse éter­nelle qui « atteint avec force d’une extré­mi­té à une autre extré­mi­té, et qui dis­pose toutes choses avec dou­ceur. » [Sap. 8,1.]. Elle doit être actuelle, c’est-à-dire s’exercer au moment pré­sent. « Nous com­bat­tons les monstres d’Afrique en ima­gi­na­tion, dit saint François de Sales, et nous nous lais­sons tuer, en effet, aux menus ser­pents qui sont sur notre route. » Pourquoi se créer dans l’imagination des dif­fi­cul­tés qui n’existeront peut-​être jamais en réa­li­té ? A chaque jour suf­fit sa peine, dit Notre-​Seigneur. [Mt 6,14.]. Cette force doit être aus­si uni­ver­selle. Combien d’âmes indomp­tables sur un point, se laissent vaincre sur un autre ! Triompher de tous ses enne­mis, acqué­rir toutes les ver­tus : tel doit être le but en même temps que l’objet de notre force. Enfin, il faut qu’elle soit per­sé­vé­rante. Il ne suf­fit pas, en effet, de bien com­men­cer et de faire un cou­ra­geux effort, il faut sur­tout bien conti­nuer et arri­ver au but. Qu’il est consi­dé­rable le nombre des âmes qui, à l’occasion d’une grande grâce, d’une retraite par exemple, réjouissent le Cœur de Jésus par leurs géné­reuses réso­lu­tions, et le contristent bien­tôt par la faci­li­té avec laquelle elles les aban­donnent ! « Peu importe au démon, dit saint François de Sales, qu’on fasse force des­seins et com­men­ce­ments, pour­vu qu’on n’achève rien. »

Sans la force, pas de vie chré­tienne, pas de vraie pié­té, pas de bon­heur ici-​bas, pas de sain­te­té. « Si votre main est occa­sion de scan­dale, coupez-​la… Si votre œil est occa­sion de scan­dale, arrachez-​le.. » Ainsi parle notre Sauveur. C’est aus­si ce qu’affirment les apôtres. Saint Pierre demande aux fidèles d’être « forts dans la foi » [1 Pet. 5,9.], afin de résis­ter aux attaques de Satan et de rem­por­ter la vic­toire. Saint Paul com­pare cette terre à une arène, et il dit que « celui qui com­bat dans l’arène n’est point cou­ron­né s’il n’a légi­ti­me­ment com­bat­tu. » [ 2 Tim. 2,5.]. Nous avons en sainte Thérèse de l’Enfant Jésus un par­fait exemple. Le R.P. Philipon écrit d’elle : « Depuis la nuit de Noël 1886 où Dieu la revê­tit de sa force divine, Thérèse ne fut vain­cue dans aucun com­bat.…. L’esprit de force anime toute sa spi­ri­tua­li­té. » [Sainte Thérèse de Lisieux, une voie toute nou­velle, DDB, 1949, p. 215.]. Qu’elle daigne inter­cé­der pour nous auprès de la Médiatrice de toute grâce afin qu’elle nous obtienne de son divin Fils ce don si pré­cieux pour par­ve­nir à éta­blir le Règne de Notre Seigneur en nous et dans le monde.

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74