La force chrétienne est comme une armure puissante avec laquelle l’âme peut se mettre en garde contre les assauts de l’ennemi, en triompher, et se signaler par d’éclatantes victoires.

Cher frère, Chère sœur,
Jésus a demandé aux siens d’être des forts. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » [Lc 13,24.]. « Le royaume des cieux est emporté de force et ce sont les violents qui s’en emparent. » [Mt 11,12.]. Sans cesse Notre-Seigneur répète que pour marcher à sa suite, être son disciple, il faut se renoncer, porter sa croix, lutter, combattre, s’imposer des sacrifices douloureux, en un mot déployer une grande force. Si nous voulons répondre à l’invitation de Jésus-Christ il faut nous aimer et considérer comme étant dites à nous-mêmes ces paroles que le prophète Jérémie adressait, dans une vision célèbre, à Judas Macchabée : « Prends cette sainte épée, lui disait-il, c’est un don de Dieu ; avec elle tu briseras tes ennemis. » [2 Mac, 15,16.]. Oui, armons-nous de la force que nous offre le ciel, et nous remporterons la victoire.
La force est une disposition surnaturelle mise en notre âme par le Saint-Esprit pour l’arracher à sa faiblesse native, et lui faire entreprendre, en vue de la gloire de Dieu et de son salut, les choses les plus difficiles… D’après saint Thomas, elle consiste dans deux actes principaux : l’un qui soutient, sans se lasser, les attaques les plus violentes du démon, du monde et de la nature mauvaise : c’est la force de résistance ; l’autre qui va au-devant des difficultés et ne craint pas, avec le secours de la grâce, de les prendre d’assaut : c’est la force d’initiative. La première est comme un bouclier impénétrable pour se préserver des traits de l’ennemi ; la seconde est comme un glaive terrible pour l’attaquer. Saint François de Sales dit, dans le même sens, que la force « consiste à se surmonter soi-même pour s’assujettir à Dieu, en se mortifiant et retranchant de notre esprit toutes superfluités et imperfections, sans aucune réserve, pour petite qu’elle soit, et à entreprendre de parvenir à la perfection, sans craindre la difficulté qu’il y a de l’acquérir. » « La vertu de force, écrit Jean de saint Thomas, incline à affronter les maux imminents, mais il reste que la plupart du temps le fort lui-même, se laisse ébranler. » [Les dons du Saint-Esprit, trad. Maritain, Téqui, 1997, p. 223–224.]. La responsabilité retombe sur notre infirmité. Le but à atteindre demeure très élevé et l’œuvre à accomplir infiniment grande. Aussi le Saint-Esprit vient-Il au secours de notre faiblesse par le don de force. Celui-ci consiste en « une nouvelle constance et nouvelle fermeté de l’âme, produite par le Saint-Esprit et qui rend l’homme capable de surmonter n’importe quelle difficulté. » [Jean de saint Thomas, op. cit., p.226.]. Ainsi envisagée, la force chrétienne est comme une armure puissante avec laquelle, dans l’arène et sur le champ de bataille de ce monde, l’âme peut se mettre en garde contre les assauts de l’ennemi, en triompher, et se signaler chaque jour par d’éclatantes victoires. C’est grâce à cette force que les martyrs ont pu endurer les plus affreux tourments, et que souvent, malgré la faiblesse de leur âge, ils ont lassé la fureur de leurs bourreaux… C’est grâce à cette force, que les saints ont fait si glorieusement la conquête du ciel…
Cependant pour être agréable à Dieu et nous rendre aptes à remporter d’éclatantes victoires, cette force doit être accompagnée de certains caractères. Il faut qu’elle soit suave, actuelle, universelle, persévérante. Par la suavité, nous imiterons la Sagesse éternelle qui « atteint avec force d’une extrémité à une autre extrémité, et qui dispose toutes choses avec douceur. » [Sap. 8,1.]. Elle doit être actuelle, c’est-à-dire s’exercer au moment présent. « Nous combattons les monstres d’Afrique en imagination, dit saint François de Sales, et nous nous laissons tuer, en effet, aux menus serpents qui sont sur notre route. » Pourquoi se créer dans l’imagination des difficultés qui n’existeront peut-être jamais en réalité ? A chaque jour suffit sa peine, dit Notre-Seigneur. [Mt 6,14.]. Cette force doit être aussi universelle. Combien d’âmes indomptables sur un point, se laissent vaincre sur un autre ! Triompher de tous ses ennemis, acquérir toutes les vertus : tel doit être le but en même temps que l’objet de notre force. Enfin, il faut qu’elle soit persévérante. Il ne suffit pas, en effet, de bien commencer et de faire un courageux effort, il faut surtout bien continuer et arriver au but. Qu’il est considérable le nombre des âmes qui, à l’occasion d’une grande grâce, d’une retraite par exemple, réjouissent le Cœur de Jésus par leurs généreuses résolutions, et le contristent bientôt par la facilité avec laquelle elles les abandonnent ! « Peu importe au démon, dit saint François de Sales, qu’on fasse force desseins et commencements, pourvu qu’on n’achève rien. »
Sans la force, pas de vie chrétienne, pas de vraie piété, pas de bonheur ici-bas, pas de sainteté. « Si votre main est occasion de scandale, coupez-la… Si votre œil est occasion de scandale, arrachez-le.. » Ainsi parle notre Sauveur. C’est aussi ce qu’affirment les apôtres. Saint Pierre demande aux fidèles d’être « forts dans la foi » [1 Pet. 5,9.], afin de résister aux attaques de Satan et de remporter la victoire. Saint Paul compare cette terre à une arène, et il dit que « celui qui combat dans l’arène n’est point couronné s’il n’a légitimement combattu. » [ 2 Tim. 2,5.]. Nous avons en sainte Thérèse de l’Enfant Jésus un parfait exemple. Le R.P. Philipon écrit d’elle : « Depuis la nuit de Noël 1886 où Dieu la revêtit de sa force divine, Thérèse ne fut vaincue dans aucun combat.…. L’esprit de force anime toute sa spiritualité. » [Sainte Thérèse de Lisieux, une voie toute nouvelle, DDB, 1949, p. 215.]. Qu’elle daigne intercéder pour nous auprès de la Médiatrice de toute grâce afin qu’elle nous obtienne de son divin Fils ce don si précieux pour parvenir à établir le Règne de Notre Seigneur en nous et dans le monde.
† Je vous bénis.
Retraites carmélitaines
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Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes principalement aux tertiaires du Carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du Carmel. Inscriptions et renseignements auprès de M. l’abbé Dubroeucq, M. l’abbé Dubroeucq |
