Éditorial du N° 67 Août 2023- Aux Sources du Carmel

« Le Carmel existe par Marie, et Marie est tout pour le Carmel »

Cher frère, Chère sœur,

« Le Carmel existe par Marie, et Marie est tout pour le Carmel, en son ori­gine, en son his­toire, en sa vie de luttes et de triomphes, en sa vie inté­rieure et spi­ri­tuelle. » [Adeodato Cardinal Piazza, ocd, cité in R.P. Elisée de la Nativité, ocd, La vie mariale au Carmel, p. 860].

C’est du som­met de ce mont, annonce le bré­viaire, qu’Élie vit mon­ter la petite nuée, figure de la Vierge. « A n’en pas dou­ter, c’est cette vision sym­bo­lique qui a fait l’attirance du Carmel pour les fils d’Élie. C’est elle qui les a grou­pés ‑plu­tôt qu’ailleurs- sur cette mon­tagne deve­nue pour eux le Mont béni par excel­lence. » [R.P. Marie-​Eugène de l’Enfant-Jésus, Frères de Notre-​Dame, in Vie Mariale au Carmel.].

Une tra­di­tion, rap­por­tée dans une leçon du bré­viaire car­mé­li­tain, affirme que Marie, de son vivant, gra­vit la mon­tagne du Carmel et en visi­ta les pieux soli­taires. C’est aus­si la croyance de l’Église que le pre­mier ora­toire dédié à Marie, depuis la venue du Messie, s’éleva sur la mon­tagne du Carmel. [4ème leçon, 16 juillet]. À par­tir de cette époque, les soli­taires qui l’habitaient furent appe­lés « frères de la B.V. Marie du Mont-​Carmel ». Urbain VII (1590) accor­da des indul­gences à tous ceux qui nom­me­raient le Carmel « l’Ordre de Marie », ou les Carmes « les Frères de Marie. »

Depuis le milieu du XIIIème siècle, les docu­ments pon­ti­fi­caux attestent l’appartenance de l’Ordre à la Vierge Marie, et son patro­nage se trouve confir­mé par de nom­breux textes car­mé­li­tains à par­tir des Actes du cha­pitre géné­ral de Montpellier (1287), où il est dit que l’Ordre a été fon­dé « pour le ser­vice et en l’honneur de la Bienheureuse Marie, Mère de Jésus ».

Au cours des XIVème et XVème siècles, les théo­lo­giens de l’Ordre éla­bo­rèrent toute une doc­trine mariale car­mé­li­taine. Jean Baconthrope (+1348), le pre­mier défen­seur carme du pri­vi­lège de l’Immaculée Conception, éta­blit une rela­tion mys­tique entre la Vierge Marie et le Mont Carmel. Il se fonde sur des textes de l’Ancien Testament que la litur­gie attri­bue à Notre-​Dame : « La gloire du Liban lui est don­née, la beau­té du Carmel et de Saron » (Is 35,2) ; la tête de l’épouse du Cantique est « sem­blable au Carmel » (Cant. 7, 6). La beau­té du Carmel est un sym­bole de la beau­té de la Vierge féconde : Decor Carmeli est son vocable le plus cou­rant dans l’Ordre.

Les sou­ve­rains pon­tifes se sont plu à attri­buer au Carmel la gloire d’avoir la divine Vierge comme Mère et fon­da­trice. Écoutons Sixte IV (1471–1484) dans sa Bulle Dum Attenta : « La très auguste Vierge Marie, Mère de Dieu, qui, par l’opération inef­fable du Saint-​Esprit a engen­dré Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, a encore pro­duit l’Ordre sacré de la B.V. Marie du Mont-​Carmel. » Pour appuyer ce témoi­gnage, Grégoire XIII (1572–1585), un siècle plus tard, dans sa Bulle Ut Laudet affirme que : « C’est la Vierge Marie toute belle qui a don­né nais­sance à l’Ordre du Carmel et qui l’a ensuite déco­ré de son propre nom. »

Un savant Jésuite, le Père Antoine Neira, observe « qu’entre tous les enfants de la Reine du ciel, se dis­tingue la famille du Carmel, objet d’un choix tout spé­cial de la part de l’auguste Vierge et qu’elle aime pour ce motif d’un amour sans égal. » Citons encore ce témoi­gnage du père Théophile Raynaud, s.j. (1583–1663) : « C’est un choix volon­taire et de pré­di­lec­tion par lequel la Mère de Dieu a vou­lu, par­mi les chré­tiens, avoir, dans l’Ordre du Carmel, un peuple par­ti­cu­lier qui lui fût entiè­re­ment dévoué, une socié­té sainte qui fît pro­fes­sion spé­ciale de l’honorer, d’imiter ses ver­tus et de sou­te­nir avec zèle les inté­rêts de sa gloire ; des enfants ché­ris et pri­vi­lé­giés entre tous qui, dignes objets de ses com­plai­sances, tou­jours com­blés de ses grâces et de ses faveurs les plus signa­lées, res­sen­tissent sans cesse et de toutes manières les mer­veilleux effets de sa bien­veillance et de sa protection. »

La faveur accor­dée à sainte Thérèse de Jésus, vient sou­li­gner la place de la Reine du Ciel dans l’Ordre. La sainte, cher­chant à gagner le cœur de celles que l’autorité la char­geait de gou­ver­ner, eut sou­dain l’inspiration de don­ner, au chœur, à la sta­tue de Notre-​Dame du Carmel, la place d’honneur réser­vée à sa fonc­tion. Un jour de la fête de saint Sébastien, à l’heure du Salve Regina, subi­te­ment ravie par l’éblouissante clar­té qui s’offre à ses regards, la sainte aper­çoit non plus la sta­tue, mais bien la Reine du Ciel qui tout entou­rée d’anges lui adresse la parole avec affec­tion : « Ma fille, heu­reuse fut ta pen­sée en me don­nant cette place, désor­mais je serai tou­jours pré­sente aux louanges que les reli­gieuses de ce monas­tère chan­te­ront en l’honneur de mon Fils et je les lui offrirai. »

On lira avec un grand inté­rêt l’article sur la pré­sence de la bien­heu­reuse Vierge Marie dans l’histoire de l’ordre du Carmel et en par­ti­cu­lier l’article sur le saint sca­pu­laire, don insigne fait à l’Ordre et par lui à tous les hommes. « La conces­sion du saint sca­pu­laire aux reli­gieux du Carmel, écrit le Père Théophile Raynaud, est le gage le plus pré­cieux de la pro­tec­tion de Marie sur eux, la marque la plus sen­sible d’une adop­tion spé­ciale et pri­vi­lé­giée, le titre le plus authen­tique de cette filia­tion spi­ri­tuelle qui n’est propre qu’à eux. » [In R.P. Joachim, ocd., L’Ordre des Carmes, Téqui, 1910, p. 289–291 , 295–296, 302.]

Citons, pour conclure, tiré du numé­ro spé­cial daté de 1950 de la revue Marie, consa­cré à Notre-​Dame du Carmel, ce pas­sage de l’introduction, du Cardinal Adeodato Giovanni Piazza, ocd : « La cathé­drale mys­tique se dresse solen­nelle, sur le som­met de la col­line fati­dique d’Elie et des pro­phètes, face à la mer de Palestine, domi­nant l’espace et le temps, à tra­vers toute la suc­ces­sion de siècles… Depuis les ori­gines loin­taines, se célèbrent les Liturgies sacrées les plus douces qui s’épanouissent dans le chant tra­di­tion­nel du Salve Regina. Et dans l’abside de marbre siège la Reine, « Decor Carmeli », entou­rée de la pléiade des saints qui en tout temps trou­vèrent au Carmel, « terre très fer­tile dont les pri­vi­lé­giés mangent les fruits et les biens » leur patrie d’élection et la source lim­pide de leur sain­te­té… Et ces héros du Christ font cou­ronne à l’Auguste Mère qui pos­sède ici son trône, sa chaire et son autel… Qu’il est beau de s’élever ici dans la médi­ta­tion sereine des choses célestes, dans la fer­veur de la prière, de brû­ler, de se consu­mer dans la flamme et les fatigues de l’apostolat, de se sacri­fier entiè­re­ment pour l’Église et pour les âmes ! Au Carmel, « totus Marianus », la vie est holo­causte ; la mort, la plus haute conquête ; inti­mi­té sacrée, pré­lude de la vie bienheureuse. »

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74