Espérer contre toute espérance.

Cher frère, Chère sœur,
La vertu d’espérance joue dans la vie chrétienne un si grand rôle, que saint Paul n’hésite pas à définir cette vie : une espérance (Hb. 10, 23), c’est-à-dire une attente de l’héritage céleste, une conquête de l’éternelle récompense. L’appel à la foi, la vocation chrétienne, c’est l’espérance de la béatitude future (Eph. 1,18). Le Dieu des chrétiens est « le Dieu de l’espérance » (Rom.15,13).
L’un des fruits de la lecture des saintes Écritures est de relever notre espérance (Tertullien, Apologétique, xxxix, 3). Cette vertu est, avec l’Évangile, message d’espérance, l’objet de la prédication de l’Apôtre (Col. 1, 5 et 23). Certes, comme la foi, cette vertu est au-dessous de la charité, reine de toutes les vertus et lien de la perfection (1 Cor. 13,13). L’espérance est à la charité ce que la vertu de l’enfant est à celle de l’homme mûr, elle est la vertu de notre croissance surnaturelle dans le Christ (1 Cor. 3, 3). Par ailleurs la foi, ferme adhésion à la parole de Dieu, est le fondement de l’espérance. « La foi est une pleine assurance de ce qu’on espère, la persuasion de ce qu’on ne voit pas » (Hb, 11,1 et 10,34–36).
Quand on voit l’objet espéré, il n’y a plus d’espérance… Or si ce que nous ne voyons pas nous l’espérons, nous devons l’attendre avec constance (Rm. 8, 24–26). Mais pour invisible que soit son objet, l’espérance n’est pas aveugle, elle participe à la lumière de la foi ; elle ne saurait donc se tromper, car elle s’appuie sur l’infaillibilité même de la parole de Dieu à laquelle la foi adhère. La foi fait donc participer l’espérance à ses certitudes. Aussi la foi est facilement confiante, c’est là sa perfection, et saint Paul en montre le modèle en Abraham qui « espéra contre toute espérance » (Rm.4, 18). La foi est un commencement, un principe de salut ; si elle est sincère, elle agit, elle est principe de vie, et, par suite, principe d’espérance. Justifiés par pur don gratuit, il nous faut nous sanctifier, il nous faut conquérir le ciel effectivement. La foi ne contribuera à notre croissance spirituelle que par l’espérance et la charité. L’espérance ajoute une certitude nouvelle à celle de la foi. Les promesses de la foi sont générales ; par elles nous savons que Dieu veut le salut de tous les hommes (1 Tim. 2, 4). Mais par l’espérance nous parvenons à une assurance nouvelle, personnelle, celle de notre propre salut (Rom. 8, 31–39). Le Dieu de la foi est le Dieu de tous, même des damnés, le Dieu de l’espérance est le Dieu d’un chacun : « Dieu de mon salut » (Ps 50, 16). On n’espère que pour soi (Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 2a-2ae, q.17, a.3). On pourra perdre l’espérance et garder la foi, c’est-à-dire croire le salut possible pour d’autres, impossible pour soi. C’est le cas du désespéré. L’espérance, qui est une attente du bonheur divin promis nous fait supporter toutes les adversités que comporte la vie au service de Dieu. Si Dieu nous justifie par la foi, celle-ci n’est agissante et source de salut qu’en union avec la charité, et c’est encore la charité qui fonde la certitude de notre espérance (Rom. 5, 5).
Dans la vie spirituelle, la vertu qui fait le plus défaut, c’est l’espérance. Nous en avons la confirmation nette, par contraste, dans la vie de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. L’espérance, en elle, ouvre les « ailes » de son âme, la porte au sommet de la sainteté. Depuis son enfance, elle avait le désir du ciel et de la sainteté et était décidée à prendre tous les moyens pour y parvenir. Sa foi en la toute-puissance et en la bonté divines se révèle dans ses écrits et dans sa vie. Ainsi, dans une lettre à sa sœur Céline, le 18 juillet 1893 : « Quand même il me semblerait qu’il serait éteint, ce feu d’amour, je voudrais y jeter quelque chose et Jésus saurait bien alors le rallumer » (LT 143, in Thérèse de Lisieux. Œuvres complètes, Cerf-DDB, 2009, p. 467). Le R.P. Liagre, dans sa Retraite avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, écrit ceci : « La foi en l’Amour, et, par suite, la confiance, soulevait son âme, la livrait à ce tout-puissant Amour : et ainsi, les obstacles, jusqu’à la faiblesse, devenaient des moyens. Ce qui décourage beaucoup d’âmes et coupe leur contact avec Dieu, la vue de leur misère et de leur faiblesse, c’est cela même qui élève Thérèse au-dessus d’elle-même : jusqu’à Dieu ! Elle comptait d’autant plus sur l’Amour, qu’elle se voyait faible. » (Éd. des “Annales de sainte Thérèse de Lisieux”, 1944, ch. 4, p.42–43.)
Suivons cet exemple, chers tertiaires, vivons d’espérance, surtout dans les temps troublés que nous traversons. Nous avons les promesses de Notre-Seigneur et celles de la Très sainte Vierge à Fatima : « À la fin, mon Cœur immaculé triomphera ! » Et invoquons notre Mère sous le vocable qui lui est attribué : Notre-Dame de la sainte Espérance, convertissez-nous !
† Je vous bénis.
Retraites carmélitaines
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Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes principalement aux tertiaires du Carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du Carmel. Inscriptions et renseignements auprès de M. l’abbé Dubroeucq, M. l’abbé Dubroeucq |
