Éditorial du N° 62 Juillet-​Août 2021- Aux Sources du Carmel

Espérer contre toute espérance.

Cher frère, Chère sœur,

La ver­tu d’es­pé­rance joue dans la vie chré­tienne un si grand rôle, que saint Paul n’hé­site pas à défi­nir cette vie : une espé­rance (Hb. 10, 23), c’est-​à-​dire une attente de l’hé­ri­tage céleste, une conquête de l’é­ter­nelle récom­pense. L’appel à la foi, la voca­tion chré­tienne, c’est l’es­pé­rance de la béa­ti­tude future (Eph. 1,18). Le Dieu des chré­tiens est « le Dieu de l’es­pé­rance » (Rom.15,13).

L’un des fruits de la lec­ture des saintes Écritures est de rele­ver notre espé­rance (Tertullien, Apologétique, xxxix, 3). Cette ver­tu est, avec l’Évangile, mes­sage d’es­pé­rance, l’ob­jet de la pré­di­ca­tion de l’Apôtre (Col. 1, 5 et 23). Certes, comme la foi, cette ver­tu est au-​dessous de la cha­ri­té, reine de toutes les ver­tus et lien de la per­fec­tion (1 Cor. 13,13). L’espérance est à la cha­ri­té ce que la ver­tu de l’en­fant est à celle de l’homme mûr, elle est la ver­tu de notre crois­sance sur­na­tu­relle dans le Christ (1 Cor. 3, 3). Par ailleurs la foi, ferme adhé­sion à la parole de Dieu, est le fon­de­ment de l’es­pé­rance. « La foi est une pleine assu­rance de ce qu’on espère, la per­sua­sion de ce qu’on ne voit pas » (Hb, 11,1 et 10,34–36).

Quand on voit l’ob­jet espé­ré, il n’y a plus d’es­pé­rance… Or si ce que nous ne voyons pas nous l’es­pé­rons, nous devons l’at­tendre avec constance (Rm. 8, 24–26). Mais pour invi­sible que soit son objet, l’es­pé­rance n’est pas aveugle, elle par­ti­cipe à la lumière de la foi ; elle ne sau­rait donc se trom­per, car elle s’ap­puie sur l’in­failli­bi­li­té même de la parole de Dieu à laquelle la foi adhère. La foi fait donc par­ti­ci­per l’es­pé­rance à ses cer­ti­tudes. Aussi la foi est faci­le­ment confiante, c’est là sa per­fec­tion, et saint Paul en montre le modèle en Abraham qui « espé­ra contre toute espé­rance » (Rm.4, 18). La foi est un com­men­ce­ment, un prin­cipe de salut ; si elle est sin­cère, elle agit, elle est prin­cipe de vie, et, par suite, prin­cipe d’es­pé­rance. Justifiés par pur don gra­tuit, il nous faut nous sanc­ti­fier, il nous faut conqué­rir le ciel effec­ti­ve­ment. La foi ne contri­bue­ra à notre crois­sance spi­ri­tuelle que par l’es­pé­rance et la cha­ri­té. L’espérance ajoute une cer­ti­tude nou­velle à celle de la foi. Les pro­messes de la foi sont géné­rales ; par elles nous savons que Dieu veut le salut de tous les hommes (1 Tim. 2, 4). Mais par l’es­pé­rance nous par­ve­nons à une assu­rance nou­velle, per­son­nelle, celle de notre propre salut (Rom. 8, 31–39). Le Dieu de la foi est le Dieu de tous, même des dam­nés, le Dieu de l’es­pé­rance est le Dieu d’un cha­cun : « Dieu de mon salut » (Ps 50, 16). On n’es­père que pour soi (Saint Thomas d’Aquin, Somme théo­lo­gique, 2a-​2ae, q.17, a.3). On pour­ra perdre l’es­pé­rance et gar­der la foi, c’est-​à-​dire croire le salut pos­sible pour d’autres, impos­sible pour soi. C’est le cas du déses­pé­ré. L’espérance, qui est une attente du bon­heur divin pro­mis nous fait sup­por­ter toutes les adver­si­tés que com­porte la vie au ser­vice de Dieu. Si Dieu nous jus­ti­fie par la foi, celle-​ci n’est agis­sante et source de salut qu’en union avec la cha­ri­té, et c’est encore la cha­ri­té qui fonde la cer­ti­tude de notre espé­rance (Rom. 5, 5).

Dans la vie spi­ri­tuelle, la ver­tu qui fait le plus défaut, c’est l’es­pé­rance. Nous en avons la confir­ma­tion nette, par contraste, dans la vie de sainte Thérèse de l’Enfant-​Jésus. L’espérance, en elle, ouvre les « ailes » de son âme, la porte au som­met de la sain­te­té. Depuis son enfance, elle avait le désir du ciel et de la sain­te­té et était déci­dée à prendre tous les moyens pour y par­ve­nir. Sa foi en la toute-​puissance et en la bon­té divines se révèle dans ses écrits et dans sa vie. Ainsi, dans une lettre à sa sœur Céline, le 18 juillet 1893 : « Quand même il me sem­ble­rait qu’il serait éteint, ce feu d’a­mour, je vou­drais y jeter quelque chose et Jésus sau­rait bien alors le ral­lu­mer » (LT 143, in Thérèse de Lisieux. Œuvres com­plètes, Cerf-​DDB, 2009, p. 467). Le R.P. Liagre, dans sa Retraite avec sainte Thérèse de l’Enfant-​Jésus, écrit ceci : « La foi en l’Amour, et, par suite, la confiance, sou­le­vait son âme, la livrait à ce tout-​puissant Amour : et ain­si, les obs­tacles, jus­qu’à la fai­blesse, deve­naient des moyens. Ce qui décou­rage beau­coup d’âmes et coupe leur contact avec Dieu, la vue de leur misère et de leur fai­blesse, c’est cela même qui élève Thérèse au-​dessus d’elle-​même : jus­qu’à Dieu ! Elle comp­tait d’au­tant plus sur l’Amour, qu’elle se voyait faible. » (Éd. des “Annales de sainte Thérèse de Lisieux”, 1944, ch. 4, p.42–43.)

Suivons cet exemple, chers ter­tiaires, vivons d’es­pé­rance, sur­tout dans les temps trou­blés que nous tra­ver­sons. Nous avons les pro­messes de Notre-​Seigneur et celles de la Très sainte Vierge à Fatima : « À la fin, mon Cœur imma­cu­lé triom­phe­ra ! » Et invo­quons notre Mère sous le vocable qui lui est attri­bué : Notre-​Dame de la sainte Espérance, convertissez-​nous !

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74