Notre Seigneur se rend à pied à l’endroit où il va dévoiler par un miracle tout ce qu’Il est à ses disciples.
« Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. »
(Jn, 2, 1)
Le verset précédant, le Christ nous montrait à travers le Ciel ouvert toute la cour céleste, les chœurs des anges allant et venant, s’empressant autour de Lui, comme autour de leur chef et de leur roi. Cette annonce n’était plus un encouragement à croire, mais c’était la promesse d’une récompense éternelle pour avoir cru qu’Il était le Fils de Dieu, au nom de toute son autorité divine… en vérité, en vérité, je vous le dis. Et voici que le verset suivant, saint Jean nous le montre parcourir à pied la Galilée.
En un verset, Jean nous ramène à l’autre extrémité de la réalité de l’Incarnation ; plus rien ne distingue le Christ des hommes de son temps, sinon cette attirance qu’il opère, sinon cette Lumière qu’il porte en Lui qui n’est perceptible que par la Foi.
Jésus, l’Homme-Dieu, Perfectus Deus, Perfectus Homo, a posé aux hommes en venant sur terre cette redoutable question : qui dites-vous que je suis ? Et saint Jean de répondre : Il est le Verbe fait chair, la parole de Dieu qui nous révèle qui est Dieu de son intime, la figure visible de Dieu invisible. Lui, le Fils unique du Père, plein de grâce pour embaumer nos cœurs et de vérité pour illuminer nos intelligences, a dressé sa tente parmi nous.
Nous savions par le prologue de saint Jean, quel était celui dont l’évangile allait nous raconter la vie. Mais nous sommes toujours surpris par la manière et le point de vue sublime dont l’évangéliste nous le propose : la grâce et la vérité ont commencé par Jésus-Christ. Dieu personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, Celui qui est dans le sein du Père, Celui-là en a parlé. Sans quitter le sein de Celui qui l’engendre de toute éternité, nous découvrons le Verbe de Dieu venir au milieu de nous en se faisant chair pour nous sauver.
Sans quitter le sein de Celui qui l’engendre : c’est comme cela qu’il faut voir Notre Seigneur se rendre à Cana… sans quitter la toute puissance du Père, il se rend à pied à l’endroit, où en un seul acte, il va dévoiler par un miracle tout ce qu’Il est à ses disciples. C’est comme cela qu’il faudra le voir, las de cette longue étape, mais sans quitter l’éternité du Père, s’asseoir seul sur la margelle du puits de Sychar et entamer cette leçon admirable sur la grâce avec cette samaritaine. C’est comme cela encore qu’il faudra le voir devant le tombeau de Lazare ému d’une émotion si forte que les juifs en sont saisis, sans quitter la joie éternelle du Père.
Le troisième jour… parce qu’il fallait trois jours de marche pour aller des bords du Jourdain à Cana en Galilée. Le Seigneur marche sur cette terre de Galilée, accompagné de ses nouveaux disciples, sans quitter le sein de Celui qui l’engendre. Marche en ma présence, et soit parfait, avait dit Dieu à Abraham. L’ordre divin était court, mais il contenait tout ce qui était nécessaire au Patriarche : tu seras le père d’une grande descendance, c’était là toute sa vie. Tant que la promesse n’était pas réalisée, il ne devait pas s’arrêter de marcher en la présence de Dieu, il ne pouvait douter car Dieu ne se dédit pas.
Le Christ est la postérité promise à Abraham dira saint Paul aux Galates. Alors, Lui aussi, Il marche. Il marche, sans quitter le sein de Celui qui l’engendre, en la présence du Père, parcourant tous les chemins, empruntant les grandes voies comme les plus discrètes, en commençant par la Galilée, montant à Jérusalem puis fuyant la Ville, se portant vers les âmes qui le cherchent et laissant à elles-mêmes celles qui ne veulent pas de lui.
Alors qu’il semble être resté à Nazareth dans une vie cachée jusqu’à trente ans, quand sa vie publique commence, Il parcourt sans relâche la terre d’Israël, n’ayant plus de domicile permanent… les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des demeures ; mais le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. Et de fait, la maison de Nazareth est vide, car depuis que Jésus est parti, la Loi n’autorise plus sa très sainte Mère à vivre seule. Elle est maintenant chez Cleophas, le frère de Joseph, qui la protège comme la protégeait son cher époux.
Étonnant Roi qui n’a pas de lieu où se reposer mais à qui la prophétie de Daniel accorde souveraineté, gloire et royauté. Notre Seigneur parcourt la terre, il prend possession de son royaume et c’est ainsi qu’il affirme qu’il est le Fils de l’homme… Et il lui fut donné domination, gloire et règne et tous les peuples, nations et langues le servent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point et son règne, un règne qui ne sera pas détruit.