Faites-​les lire !

Faites-​les lire ! Pour en finir avec le cré­tin digi­tal. C’est le titre du der­nier ouvrage, paru en 2023, de Michel Desmurget, direc­teur de recherche à l’Inserm et spé­cia­liste de neu­ros­ciences. Après avoir écrit TV Lobotomie (2011) et La fabrique du cré­tin digi­tal (2019), deux livres dénon­çant res­pec­ti­ve­ment les effets délé­tères de la télé­vi­sion et des écrans récréa­tifs, il pro­pose – après ce sévère diag­nos­tic – un remède : la lec­ture. « J’ai éplu­ché la lit­té­ra­ture scien­ti­fique dans tous les sens et je n’ai pas trou­vé de meilleur anti­dote à l’abêtissement des esprits que la lec­ture ».

Ce que le sens com­mun per­çoit faci­le­ment et devine depuis long­temps, les études chif­frées d’aujourd’hui l’établissent clai­re­ment avec pour ambi­tion d’emporter la convic­tion des adultes – des parents et des édu­ca­teurs notam­ment – et de les encou­ra­ger à se conver­tir à la lec­ture. La conclu­sion du livre est syn­thé­ti­sée ain­si par l’auteur : « depuis l’émergence du lan­gage, l’humanité n’a rien inven­té de mieux que la lec­ture pour struc­tu­rer la pen­sée, orga­ni­ser le déve­lop­pe­ment du cer­veau et civi­li­ser notre rap­port au monde ; le livre construit lit­té­ra­le­ment l’enfant dans sa triple com­po­sante intel­lec­tuelle, émo­tion­nelle et sociale. Dès lors, l’affaiblissement bru­tal de cette acti­vi­té au sein des nou­velles géné­ra­tions consti­tue un véri­table désastre pour la fer­ti­li­té col­lec­tive de notre socié­té ; et ce d’autant plus que la dis­pa­ri­tion de la lec­ture s’effectue au pro­fit d’une culture numé­rique récréa­tive, certes fort rému­né­ra­trice pour ses dif­fé­rents acteurs indus­triels, mais dont le carac­tère abê­tis­sant est aujourd’hui irré­vo­ca­ble­ment démon­tré par un vaste ensemble d’études scien­ti­fiques ; avec des influences néga­tives avé­rées, entre autres exemples, sur le lan­gage, la concen­tra­tion, l’impulsivité, l’obésité, le som­meil, l’anxiété ou la réus­site sco­laire ».

Ce qui est vrai de l’homme et de la socié­té, l’est aus­si du catho­lique et de la sainte Église. Ne pourrait-​on pas étendre, d’une cer­taine manière, le diag­nos­tic et le remède pro­po­sés à la dimen­sion chré­tienne de la vie ? L’affaiblissement de la lec­ture n’est-il pas aus­si un désastre pour l’éducation et l’édification du catho­lique, en tant que tel, dans ses com­po­santes intel­lec­tuelles, sen­sibles, affec­tives et sociales ? Ne nuit-​il pas éga­le­ment à la fécon­di­té col­lec­tive des catho­liques ? Avec péda­go­gie, Michel Desmurget invite donc à trou­ver ou à don­ner le goût de la lec­ture – qui n’est pas celle des BD et des maga­zines – pour que lire ne soit pas un pen­sum, mais une joie. Une joie pro­fonde et partagée.

Source : Apostol n°187, juillet-​août 2024