Les quatre piliers d’une vraie vie chrétienne

Pour toute âme, quel que soit son degré d’intimité avec Dieu, une vraie vie chré­tienne sup­pose quatre élé­ments essen­tiels : une rela­tion fré­quente avec Dieu par la prière ; une grande fidé­li­té à rap­por­ter à Dieu toutes ses actions ; une grande constance à écar­ter tous les obs­tacles qui empê­che­raient de Le ser­vir ; enfin une union intime avec Dieu par les sacrements.

La prière

Il nous faut prier, et bien prier ; les deux maîtres-​mots sont la régu­la­ri­té et l’attention res­pec­tueuse. Contre la régu­la­ri­té se dresse com­mu­né­ment la las­si­tude, le manque d’envie. La « règle » N°1 est de nous y mettre coûte que coûte, par des efforts géné­reux, quels que soient les « états d’âme ». Il s’agit avant tout de prier, et de prier encore, mal­gré les dif­fi­cul­tés qu’on éprouve à cela, le peu d’attrait, voire la répu­gnance.
Nous devons nous appli­quer à nos prières avec recueille­ment. Si ce n’est pas tou­jours le manque d’envie qui abîme notre vie de prière, c’est par­fois aus­si la pré­ci­pi­ta­tion, l’envie d’en finir au plus vite parce qu’on a autre chose en tête ; c’est par­fois aus­si la rou­tine ou l’inattention : on prie parce que… mais oui, pour­quoi, au fait ?
Il ne faut pas se las­ser de se mettre en pré­sence de Dieu, le temps néces­saire. Une prière qui consiste prin­ci­pa­le­ment à cela est bonne. C’est exer­cer notre foi sur la gran­deur et la bon­té de Celui à qui nous nous adres­sons et sur le besoin extrême que nous avons de son secours. Ne nous lan­çons pas dans la prière sans cela.

Agir pour Dieu

Il convient dans notre prière en début de jour­née d’of­frir nos actions et souf­frances ou ennuis, et de renou­ve­ler dans le cou­rant de la jour­née cette inten­tion d’a­gir en tout pour Dieu. Deux moyens prin­ci­paux aide­ront à cela.

- Le recueille­ment. La vie actuelle va plus que jamais à cent à l’heure, il s’agit donc de s’arrêter de temps en temps, de se recueillir pour se recom­man­der à Dieu, Lui deman­der son secours et Lui offrir nos tra­vaux. Certaines per­sonnes pra­tiquent l’offrande de l’heure. Les son­ne­ries d’horloges ou de clo­chers peuvent favo­ri­ser cela. On peut aus­si s’arrêter un peu en chan­geant d’activité, en com­men­çant une action qui va durer un cer­tain temps. Pensons aus­si à offrir à Dieu nos moments de détente. Veillons à répri­mer la ten­dance à la pré­ci­pi­ta­tion qui nous agite par­fois, sur­tout quand on est pres­sé. Offrir nos actions bien régu­liè­re­ment au bon Dieu devrait aus­si nous habi­tuer à ne pas céder à des longues séances de temps per­du, notam­ment devant les écrans.

- Un cer­tain règle­ment de vie. C’est un moyen effi­cace pour nous pré­ser­ver de la dis­si­pa­tion si natu­relle au cœur humain. Ce règle­ment sera plus ou moins minu­tieux selon notre avan­ce­ment dans la pié­té. En tous cas, il convient de bien fixer quand et com­ment on va prier (cela inclut par­fois de réflé­chir à cela à deux, pour les per­sonnes mariées) : l’heure des prières, la dévo­tion à la sainte Vierge, la nour­ri­ture de la prière par une lec­ture spi­ri­tuelle, l’examen de conscience, la sainte Messe et la récep­tion des sacre­ments. Un autre élé­ment à regar­der atten­ti­ve­ment est le devoir d’état, ain­si que les occu­pa­tions ordi­naires. Il ne s’agit pas là d’actions liées à nos ini­tia­tives par­fois non réglées par la volon­té de Dieu ; au contraire, ce sont des actions clai­re­ment deman­dées par Dieu, il s’agit donc de bien les soi­gner, pour que la manière de les réa­li­ser appar­tienne aus­si vrai­ment à Dieu. Enfin, dans notre règle­ment de vie, on pour­ra uti­le­ment noter les prin­ci­pales ver­tus que nous dési­rons pra­ti­quer. Un enfant peut ain­si cher­cher à pra­ti­quer la ver­tu d’obéissance envers tous ses supé­rieurs ; les ado­les­cents peuvent se concen­trer sur la ver­tu de pure­té. Tous peuvent et doivent s’exercer à telle ou telle mor­ti­fi­ca­tion d’un mau­vais pen­chant, d’une pas­sion non maîtrisée.

Écarter les obstacles

Celui qui s’oppose à moi, quand je veux faire le bien, c’est… moi-​même. Chacun doit mener une lutte contre soi-​même dès le début de la vie spi­ri­tuelle ; donc dès l’âge le plus tendre. Sans ce renon­ce­ment, on ne fera rien de solide ni de durable.
Les âmes qui ont à lut­ter contre des habi­tudes vicieuses graves doivent uti­li­ser des moyens de prière pro­por­tion­nés (neu­vaines, messes) et aus­si deman­der des prières pour elles. Les évè­ne­ments comme un pèle­ri­nage, une fête reli­gieuse, une retraite sont des moyens pri­vi­lé­giés pour deman­der des grâces pour sor­tir du péché mor­tel.
Les âmes qui n’ont pas ou plus à lut­ter contre le péché mor­tel doivent veiller soi­gneu­se­ment à ne pas s’habituer au péché véniel, dont on a ten­dance par­fois à se pré­oc­cu­per trop peu. Il s’agit ni plus ni moins de prendre ses défauts l’un après l’autre et de leur faire une guerre impi­toyable. La pra­tique quo­ti­dienne de l’examen de conscience sera pour cela bien utile, sur­tout si on ajoute un exa­men en milieu de jour­née. Le but est de s’exciter à une sin­cère contri­tion, et de renou­ve­ler ses réso­lu­tions. Ces exa­mens doivent se faire sous le regard de Dieu, métho­di­que­ment et avec une humi­li­té sin­cère. Il est très conseillé de com­men­cer dans ces exa­mens par le « posi­tif » et donc par l’action de grâces.

Voici une méthode pour l’examen de conscience. Commencer par deman­der à Dieu la grâce de connaître ses fautes et de les détes­ter. S’adresser aus­si à Marie, sans laquelle nous ne devons rien faire, lui disant bien sim­ple­ment : Bonne Mère, obtenez-​moi de bien voir mes misères et de m’en humi­lier. Puis, pas­ser en revue les dif­fé­rents actes de la jour­née, dans l’ordre sui­vant : Comment s’est-on acquitté : 

I. De nos devoirs envers Dieu : 1° prières ; 2° exer­cices de pié­té.
II. De nos devoirs envers notre pro­chain : 1° dou­ceur ; 2° cha­ri­té ; 3° obéis­sance ; 4° véri­té.
III. De nos devoirs envers nous-​mêmes : 1° patience ; 2° humi­li­té ; 3° tem­pé­rance ; 4° pure­té ; 5° devoirs d’é­tat, c’est-​à-​dire sanc­ti­fi­ca­tion de votre travail. 

Terminez en deman­dant bien par­don à Dieu ; et lui pro­met­tant de mieux faire à l’a­ve­nir.
Dans l’abnégation il faut appor­ter un élé­ment d’offensive. « La meilleure défense, c’est l’attaque. » Il s’agit de la mor­ti­fi­ca­tion et du sacri­fice. Pour pro­gres­ser, il y a un retran­che­ment néces­saire à opé­rer dans cer­taines choses ou acti­vi­tés inutiles qui cap­tivent le cœur.

Un autre tra­vail de renon­ce­ment est la recherche de notre défaut domi­nant. Pour ce vaste sujet, voi­ci sim­ple­ment quelques pistes pour le décou­vrir : exa­mi­ner soi­gneu­se­ment, et à diverses reprises, à quoi se portent nos pré­oc­cu­pa­tions les plus ordi­naires ; quel est le matin au réveil le sujet le plus fré­quent de nos pen­sées ; quand on est seul et qu’on se laisse aller à quelque rêve­rie, quel en est l’ob­jet ; quelle est la source la plus habi­tuelle de nos joies intimes comme de nos ennuis ; quelle est la cause de nos tris­tesses ; quelle est l’in­ten­tion qu’on se pro­pose le plus sou­vent, le motif qui nous fait agir et qui ins­pire habi­tuel­le­ment notre conduite, quelle est la source de ses fautes, le pour­quoi de nos péchés ; quand sur­tout il y a, non pas faute acci­den­telle, mais toute une série de fautes, un état de résis­tance à la grâce, de man­que­ment aux exer­cices de pié­té qui aura duré plu­sieurs jours, quelle en est l’o­ri­gine et quel est le motif qui aura empê­ché de reve­nir au bien. On dis­tingue encore le défaut domi­nant aux attaques du ten­ta­teur, qui nous connaît sou­vent mieux que nous- mêmes et qui dirige ses coups du côté où il nous sait plus faciles à vaincre. On le recon­naît aus­si aux ins­pi­ra­tions de l’Esprit-​Saint qui, dans les moments de fer­veur, quand son opé­ra­tion est plus sen­sible, nous fait com­prendre, par les sacri­fices qu’il nous demande, par les attraits qu’il nous fait éprou­ver, par les réso­lu­tions qu’il sug­gère, quelle est la voie qui nous mène­ra à la per­fec­tion et quel est le vice contre lequel nous devons plus réso­lu­ment lut­ter. On le recon­naît encore à la dif­fi­cul­té que l’on a pour le com­battre ; c’est vrai­ment le péché mignon, celui dont le sacri­fice coûte davantage.

Quoi qu’il en soit de notre défaut domi­nant, deux défauts de fond sont tou­jours à com­battre : l’orgueil et l’amour de nos aises. Pour l’orgueil, la plu­part de nos contra­rié­tés viennent de là ; et beau­coup de péchés, d’épreuves mal sup­por­tées, de bonnes occa­sions négli­gées, de résis­tances à la grâce viennent aus­si de là. Il faut noter aus­si qu’une des formes d’orgueil qu’il faut répri­mer éner­gi­que­ment est le res­pect humain.

Les sacrements

Les trois pre­miers élé­ments d’une vraie vie chré­tienne cor­res­pondent à ce que nous devons faire. Dans ce qua­trième point, la par­ti­cu­la­ri­té à noter est que celui qui agit prin­ci­pa­le­ment est Notre-​Seigneur ! Nous devons tou­jours nous rap­pe­ler de cela pour faire de bonnes com­mu­nions, pour bien nous confes­ser, pour bien assis­ter à la sainte Messe.

N’oublions pas non plus que la com­mu­nion fré­quente est une condi­tion pour pro­gres­ser dans la pié­té. Une com­mu­nion le dimanche de temps en temps pour­rait « suf­fire » pour des per­sonnes qui n’ont pas de grandes luttes à sou­te­nir. Mais cela suf­fit rare­ment pour com­battre un défaut quelque peu enraciné.

Notons que la com­mu­nion se pré­pare non seule­ment juste avant mais aus­si de façon plus éloi­gnée, selon les trois points pré­cé­dents. Il importe aus­si gran­de­ment de ne pas négli­ger le temps d’action de grâce après la sainte Messe et la sainte communion.

source : Le Bachais – n°83