Bienfaits de l’extrême-onction : un prêtre témoigne

Je revois encore le visage de cet homme au moment où je suis entré dans sa chambre d’hôpital suite à l’appel de son épouse. En me voyant, il s’est dit, selon ses propres paroles : « Je suis foutu ».

Pour évi­ter les craintes exces­sives qu’ont cer­taines familles à l’idée de faire admi­nis­trer à leur proche le sacre­ment d’extrême-onction, je vou­drais vous mon­trer les effets mer­veilleux de ce sacre­ment. L’un des effets les plus tan­gibles est le récon­fort spi­ri­tuel. Quand une per­sonne est acca­blée par la mala­die, elle est faci­le­ment sujette à l’inquiétude et aux troubles.

Or, l’extrême-onction a pour effet de paci­fier le malade, de l’aider à s’abandonner entre les mains de Dieu. Que de malades ont témoi­gné de ce chan­ge­ment subit, immé­diat, et vrai­ment pal­pable qu’ils ont res­sen­ti après avoir reçu ce sacre­ment ! Je revois encore le visage de cet homme au moment où je suis entré dans sa chambre d’hôpital suite à l’appel de son épouse. En me voyant, il s’est dit, selon ses propres paroles : Je suis fou­tu. Il a cepen­dant accep­té bon gré, mal gré, de rece­voir les der­niers sacre­ments. Or, immé­dia­te­ment après, il a res­sen­ti une paix et une joie indi­cibles qui l’ont trans­fi­gu­ré et qui ne l’ont pas quit­té jusqu’à sa der­nière heure. Combien de cas ana­logues ne rencontrons-​nous pas dans notre ministère !

En dehors de cet effet spi­ri­tuel, il y a aus­si par­fois une réper­cus­sion sur le corps. L’âme étant revi­go­rée, le malade a un meilleur moral, ce qui influe sur son phy­sique. Il arrive que l’on voie des résul­tats tan­gibles dès la récep­tion du sacrement.

Je pense à ce jeune homme d’une tren­taine d’années, catho­lique non pra­ti­quant, atteint d’un can­cer géné­ra­li­sé qui se trou­vait à deux doigts de la mort. Le ser­vice hos­pi­ta­lier avait pré­ve­nu la famille si bien que sa sœur obtint la per­mis­sion de veiller toute la nuit à son che­vet. On lui don­nait entre 24 et 48 heures de vie, au maxi­mum. Dès la récep­tion des der­niers sacre­ments, il a res­sen­ti un bien-​être sen­sible au point qu’il a quit­té l’hôpital huit jours après. Le bon Dieu lui a accor­dé une rémis­sion de six mois qui lui a per­mis de recon­naître les bien­faits de la Providence.

S’il est pré­fé­rable de rece­voir les der­niers sacre­ments en toute luci­di­té comme le rap­pe­lait Mgr Lefebvre, il ne faut cepen­dant pas négli­ger de les admi­nis­trer à ceux qui sont dans le coma. Ici encore, deux épi­sodes me viennent à l’esprit.

Durant le pre­mier mois de mon minis­tère, je reçois un appel télé­pho­nique pour que j’aille admi­nis­trer le sacre­ment des malades à une per­sonne, dans un hôpi­tal de Lyon. L’aumônier avait refu­sé d’aller le voir parce que, disait-​il, ça ne ser­vait plus à rien puisque le patient était dans le coma. Or, au moment d’entrer dans la chambre de la malade, celle-​ci a repris connais­sance. Elle s’est confes­sée et a reçu les der­niers sacre­ments en toute luci­di­té, avant de rendre le der­nier sou­pir, trois jours après. Le bon Dieu a exau­cé cette femme qui avait tant prié pour avoir la grâce d’une bonne mort, et il a en même temps don­né une bonne leçon à l’aumônier de l’hôpital.

Le deuxième épi­sode s’est pro­duit quelque temps après, dans un autre hôpi­tal. Un homme octo­gé­naire se trou­vait dans le coma, après une longue mala­die. Son fils me fit venir par l’intermédiaire d’une fidèle du Prieuré. En entrant dans la chambre, je trouve cet homme dans un coma pro­fond. Je fais les pre­mières prières en pré­sence des membres de sa famille, et j’en arrive aux onc­tions. Extérieurement, il ne donne aucun signe de vie. Mais voi­là qu’après l’onction de l’oreille droite, il tourne la tête pour me pré­sen­ter l’oreille gauche ; puis, il ouvre les mains, pour que je puisse les oindre. Et voi­là qu’à peine ter­mi­née la der­rière onc­tion, il se redresse sur son lit, me sert les mains, et me dit : Merci, mer­ci ! Puis, il perd à nou­veau connais­sance pour rendre son âme à Dieu, deux jours après. Inutile de vous dire que les membres de sa famille pré­sents à son che­vet ont été aus­si impres­sion­nés que moi.

Ce sacre­ment a donc sou­vent des effets pal­pables, tan­gibles, sen­sibles que le bon Dieu a vou­lu don­ner pour nous aider à sur­mon­ter l’appréhension natu­relle que nous pou­vons avoir à l’idée de rece­voir ce sacrement.

Au-​delà de ces effets, il y en a d’autres. Le sacre­ment des malades nous dis­pose à entrer dans l’éternité si telle est la volon­té de Dieu, et à être jugé favo­ra­ble­ment par lui. Il efface les péchés véniels et, par­fois même des péchés mor­tels lorsque l’on en est déta­ché et qu’on ne peut les accu­ser (dans le coma), mais qu’on aurait accu­sé si l’on avait été conscient.

Enfin, ce sacre­ment contri­bue à la remise, au moins par­tielle, de la dette due à nos péchés, c’est-à-dire qu’il per­met d’abréger le temps de pur­ga­toire, et ceci de deux manières. Cette grâce est accor­dée en par­tie par le sacre­ment et en par­tie par l’offrande qu’il sus­cite chez le malade de ses souf­frances pour la rémis­sion de ses péchés : d’où l’importance de ne pas attendre le der­nier moment pour le recevoir !

Aussi n’hésitons pas à faire appel au prêtre dès que nous savons une per­sonne atteinte d’une mala­die qui pour­rait la conduire à la mort. Sachons éga­le­ment pré­pa­rer autant que pos­sible la visite du prêtre lorsque le patient n’est pas dans les dis­po­si­tions vou­lues ou que la famille est divi­sée sur la ques­tion religieuse.

Comment accueillir un prêtre qui vient donner des sacrements ?

Lorsque le prêtre porte sur lui la sainte hos­tie, on évite de lui par­ler et de le saluer. On le conduit en silence auprès du malade, où l’on a pré­pa­ré si pos­sible sur la table de che­vet : une nappe blanche, un cru­ci­fix enca­dré de deux cierges et éven­tuel­le­ment de fleurs, un verre d’eau pour les ablu­tions après la com­mu­nion. Pour l’extrême-onction, on pré­voit des cotons et des tranches de citron pour la puri­fi­ca­tion des doigts du prêtre après les onc­tions d’Huile des Infirmes. Sur son pas­sage, on se met à genoux autant que pos­sible pour ado­rer Notre-Seigneur.

Source : Le Phare bre­ton n°14