« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. »

Ce 3 octobre, en la fête de Sainte Thérèse de l’Enfant-​Jésus, ayons recours à celle qui tient fidè­le­ment sa pro­messe d’in­ter­ces­sion, comme en témoigne un fait mira­cu­leux sur­ve­nu en Angleterre en 1936.

Nous com­men­ce­rons par évo­quer un fait mira­cu­leux attri­bué à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

L’action se déroule pen­dant l’hiver 1936. Un homme entre dans le bureau du curé de Coniston (Angleterre), le Révérend Père Bottrill. Il se pré­sente : « Grégory Roth ». C’est un direc­teur de banque très riche et très célèbre. Il inter­roge aus­si­tôt le prêtre : « Y a‑t-​il par­mi vos parois­siens un cer­tain mon­sieur Hyden ? » « Oui, Laurence Hyden », répond le Père. Le visi­teur est alors trou­blé, mais pour­suit : « Mon Père, racontez-​moi ce que vous savez sur lui. A‑t-​il de la famille ? Est-​il pauvre ? En bonne san­té ? » Puis il ajoute : « Je pense que vous devez être convain­cu que le Ciel écoute nos prières… Moi, pas. Et pour­tant… Prenez-​moi pour un fou si vous le vou­lez mais j’ai un pro­blème et je veux le résoudre. »

Le ban­quier explique alors au prêtre que les jour­naux lui ont peut-​être appris qu’il a fait der­niè­re­ment une affaire for­mi­dable : 60 mil­lions de gain… Et alors qu’il lisait le jour­nal rela­tant ce fait, un same­di soir, il dit avoir subi­te­ment vu en rêve, devant lui, un homme ayant lu éga­le­ment le jour­nal, assis et pen­sif. Il vit clai­re­ment que cet homme se disait : « Si seule­ment j’avais une toute petite part de cet argent, mes enfants seraient sau­vés ! Alors je pour­rais mou­rir en paix. » Le ban­quier com­prit aus­si que cet homme s’appelait Hyden, qu’il était malade, qu’il avait caché à sa femme sa visite chez le méde­cin et son can­cer généralisé.

Puis le ban­quier vit, tou­jours comme dans un rêve, ce mon­sieur Hyden se mettre à genoux devant un cadre. Il pré­cise que ce cadre n’était pas une repré­sen­ta­tion de la Très sainte Vierge, mais celle d’une jeune per­sonne por­tant un voile et un man­teau blanc. Et, pré­cise encore Grégory Roth, ça fait neuf jours qu’il voit ce rêve…

Le Père Bottrill décide alors d’aller visi­ter son fidèle, mon­sieur Hyden. Quand il revient, il déclare au ban­quier : « Tout ce que vous avez rêvé est exact. » Ce der­nier veut alors savoir de com­bien mon­sieur Hyden a‑t-​il besoin pour sau­ver sa famille de la misère. Le prêtre répond : « Il m’a confié qu’il avait fait une neu­vaine pour trou­ver une cer­taine somme… » Le ban­quier ne demande pas d’autres expli­ca­tions. Il se met à son bureau pour rem­plir un chèque. Quand le prêtre découvre le mon­tant, il ne peut que consta­ter : « C’est la somme exacte qu’il demandait ! »

Le Père Bottrill montre alors à Grégory Roth une image. Le ban­quier recon­naît que c’est devant la même image que priait mon­sieur Hyden. Il demande qui donc elle repré­sente. Et le Père de répondre : « Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, jeune car­mé­lite morte il y a 40 ans. Depuis sa mort elle fait de nom­breux miracles. » Le ban­quier demande alors à gar­der l’image. « Cela m’intéresse », finit-​il par dire. « Volontiers », répond le père. « Et que sainte Thérèse, après votre beau geste, vous protège ! »

Cette his­toire, excep­tion­nelle, illustre une pro­messe de sainte Thérèse : « Je veux pas­ser mon Ciel à faire du bien sur la terre ». A quelle occa­sion a‑t-​elle pro­non­cé cette phrase ? Sœur Marie de la Trinité, qui eut la sainte comme maî­tresse des novices, répond : « En regar­dant le ciel, je lui dis : Que nous serons heu­reuses quand nous serons là-​haut ! C’est vrai, reprit-​elle, mais pour moi, si j’ai le désir d’aller bien­tôt dans le Ciel, ne croyez pas que ce soit pour me repo­ser ! Je veux pas­ser mon Ciel à faire du bien sur la terre jusqu’à la fin du monde. Après cela seule­ment, je joui­rai et me repo­se­rai. Si je ne croyais fer­me­ment que mon désir pût se réa­li­ser, j’aimerais mieux ne pas mou­rir et vivre jusqu’à la fin des temps afin de sau­ver plus d’âmes. »

Une des sœurs de sainte Thérèse, sœur Geneviève de la Sainte-​Face, ajoute, dans son livre Conseils et sou­ve­nirs : « Quand elle expri­mait son vœu de faire du bien sur la terre après sa mort, elle y met­tait cette condi­tion : avant d’exaucer tous ceux qui me prie­ront, je com­men­ce­rai par bien regar­der dans les yeux du bon Dieu pour voir si je ne demande pas une chose contraire à sa volon­té. » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a tou­jours vou­lu faire la volon­té de Dieu, à chaque ins­tant. Donc quand elle prie, quand elle demande, elle ajoute tou­jours cette condi­tion : si c’est la volon­té de Dieu. Elle imite, en fait, Notre Seigneur Jésus-​Christ au jar­din des Oliviers : Mon Père, s’il est pos­sible, que ce calice s’é­loigne de moi ; cepen­dant, qu’il en soit non pas comme je veux, mais comme vous vou­lez (Mt 26, 30).

Sœur Geneviève ajoute : « Elle nous fai­sait remar­quer que cet aban­don imi­tait la prière de la Très sainte Vierge à Cana, qui se contente de dire : Ils n’ont plus de vin. De même Marthe et Marie disaient seule­ment : Celui que vous aimez est malade. Elles exposent sim­ple­ment leurs dési­rs sans for­mu­ler de demande, lais­sant Jésus libre de faire sa volon­té. » On retrouve cette même idée dans la dévo­tion mariale de sainte Thérèse. Sœur Geneviève écrit encore : « Elle fai­sait pas­ser ses prières par la sainte Vierge. [Elle disait :] deman­der à la sainte Vierge, ce n’est pas la même chose que de deman­der au bon Dieu. Elle sait bien ce qu’Elle a à faire de mes petits dési­rs, s’il faut qu’elle les dise ou ne les dise pas… Enfin, c’est à Elle de voir pour ne pas for­cer le bon Dieu à m’exaucer, pour le lais­ser faire en tout sa volonté. »

Que ces consi­dé­ra­tions nous poussent à prier sainte Thérèse, à lui deman­der, du Ciel, son inter­ces­sion, si telle est la volon­té de Dieu. Et prions en essayant d’imiter la sainte dans un domaine pré­cis : la confiance en Dieu. C’est une dis­po­si­tion impor­tante pour être sûre­ment exau­cé. Sainte Thérèse avait une immense confiance en Dieu. Elle défi­nis­sait d’ailleurs ain­si la per­fec­tion : « La sain­te­té consiste en une dis­po­si­tion du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras du bon Dieu, et confiants jusqu’à l’audace en sa bon­té de Père. » Elle a par­lé à plu­sieurs reprises de cette dis­po­si­tion : « La confiance fait des miracles » ; « On n’a jamais trop de confiance dans le bon Dieu si bon » ; « Ce qui offense Jésus, ce qui le blesse au cœur, c’est le manque de confiance » ; « Gardez bien votre confiance. Dieu mesure tou­jours ses dons à notre confiance. »

Une anec­dote célèbre montre cette confiance inébran­lable de sainte Thérèse : il lui arri­vait de s’endormir à la cha­pelle, car elle était malade et dor­mait mal la nuit. Etait-​ce au point de perdre la paix et la confiance en Dieu ? Non, et elle eut cette réplique qui en dit long : « Est-​ce qu’un père aime moins bien ses enfants quand il les voit dor­mir ? » Une autre affir­ma­tion per­met de com­prendre pour­quoi elle gar­dait la confiance en Dieu mal­gré ses imper­fec­tions : « [Dieu] tient compte de nos fai­blesses. Il connaît par­fai­te­ment la fra­gi­li­té de notre nature. De quoi aurais-​je peur ? Le bon Dieu infi­ni­ment juste, qui daigne par­don­ner avec tant de misé­ri­corde les fautes de l’enfant pro­digue, ne doit-​il pas être juste aus­si avec moi qui suis tou­jours avec Lui ? »

Ayons donc recours à sainte Thérèse, et essayons de l’imiter. Car sœur Marie de la Trinité, déjà citée, laisse entendre qu’elle est imi­table : « Je crois bien que c’est la pre­mière fois depuis que le monde est monde qu’on cano­nise une sainte qui n’a rien fait d’extraordinaire : ni extases, ni révé­la­tions, ni mor­ti­fi­ca­tions qui effraient les petites âmes comme les nôtres. Toute sa vie se résume en ce seul mot : elle a aimé le bon Dieu dans toutes les petites actions ordi­naires de la vie com­mune, les accom­plis­sant avec une grande fidé­li­té. Elle avait tou­jours une grande séré­ni­té d’âme dans la souf­france comme dans la jouis­sance, parce qu’elle pre­nait toutes choses comme venant de la part du bon Dieu. »

Source : Lou Pescadou n° 224