Le missel des fidèles

Un pré­cieux com­pa­gnon pour ne pas suivre la messe en pen­sant à autre chose.

Dans son motu pro­prio sur la musique sacrée, saint Pie X mani­feste son vif désir que « le véri­table esprit chré­tien refleu­risse et se main­tienne chez tous les fidèles ». A cet effet, il invite les fidèles « à pui­ser cet esprit à sa source pre­mière et indis­pen­sable », la litur­gie, par « la par­ti­ci­pa­tion active aux mys­tères sacro-​saints et à la prière publique et solen­nelle de l’Église ». [1]

Quelques années plus tard, le pape Pie XI sou­ligne qu’« il est abso­lu­ment néces­saire que les fidèles n’assistent pas aux offices en étran­gers ou en spec­ta­teurs muets ; mais que, péné­trés de la beau­té des choses litur­giques, ils prennent part aux céré­mo­nies sacrées ». « Il n’adviendra plus, dès lors, que le peuple ne réponde pas, ou réponde à peine, par une sorte de léger ou de faible mur­mure, aux prières com­munes réci­tées en langue litur­gique ou en langue ver­na­cu­laire. » [2]

Quant à l’assistance à la sainte messe, Pie XII ne parle pas autre­ment : « Il est donc néces­saire que tous les chré­tiens consi­dèrent comme un devoir prin­ci­pal et un hon­neur suprême de par­ti­ci­per au sacri­fice eucha­ris­tique, et cela, non d’une manière pas­sive et négli­gente et en pen­sant à autre chose, mais avec une atten­tion et une fer­veur qui les unissent étroi­te­ment au sou­ve­rain Prêtre, selon la parole de l’Apôtre : “Ayez en vous les sen­ti­ments qui étaient dans le Christ Jésus”, offrant avec Lui et par Lui, se consa­crant avec Lui. » [3]

Comment participer à la liturgie ?

Pour que les fidèles par­ti­cipent acti­ve­ment à la litur­gie – en par­ti­cu­lier au saint sacri­fice de la messe -, le Pasteur Angélique envi­sage plu­sieurs moyens concrets.

Il men­tionne tout d’abord l’usage du mis­sel des fidèles : « Ceux-​là sont dignes de louanges qui, en vue de rendre plus facile et plus fruc­tueuse pour le peuple chré­tien la par­ti­ci­pa­tion au Sacrifice eucha­ris­tique, s’efforcent oppor­tu­né­ment de mettre entre les mains du peuple le mis­sel romain, de manière que les fidèles, unis au prêtre, prient avec lui à l’aide des mêmes paroles et avec les sen­ti­ments mêmes de l’Église. »

Grâce à leur mis­sel, les fidèles sont en mesure de répondre aux prières du prêtre et de par­ti­ci­per au chant litur­gique : « Ceux-​là aus­si méritent des louanges qui s’efforcent de faire de la litur­gie une action sainte, même exté­rieu­re­ment, à laquelle prennent réel­le­ment part tous les assis­tants, ce qui peut se réa­li­ser de diverses manières : quand, par exemple, tout le peuple, selon les règles rituelles, ou bien répond d’une façon bien réglée aux paroles du prêtre, ou se livre à des chants en rap­port avec les dif­fé­rentes par­ties du Sacrifice, ou bien fait l’un et l’autre, ou enfin lorsque dans les Messes solen­nelles il répond aux prières des ministres de Jésus-​Christ et s’associe au chant liturgique. »

Ces manières de par­ti­ci­per au sacri­fice pro­curent aux fidèles de nom­breux béné­fices spi­ri­tuels : « Elles ont pour but prin­ci­pal d’alimenter et de favo­ri­ser la pié­té des chré­tiens et leur union intime avec le Christ et avec son ministre visible, et de sti­mu­ler les sen­ti­ments et les dis­po­si­tions inté­rieures selon les­quelles notre âme doit se confor­mer au sou­ve­rain prêtre du Nouveau Testament. Elles démontrent d’une manière exté­rieure que, de sa nature, le Sacrifice, étant accom­pli par le Médiateur de Dieu et des hommes, doit être consi­dé­ré comme l’œuvre de tout le Corps mys­tique du Christ. »

Encore que pri­vi­lé­giés, ces moyens de par­ti­ci­per à l’action litur­gique ne sont pas les seuls, car « un bon nombre de chré­tiens ne peuvent se ser­vir du mis­sel romain, même s’il est écrit en langue vul­gaire ; et tous ne sont pas aptes à com­prendre cor­rec­te­ment, comme il convient, les rites et for­mules litur­giques ». En effet, « le tem­pé­ra­ment, le carac­tère et l’esprit des hommes sont si variés et si dif­fé­rents que tous ne peuvent pas être diri­gés et conduits de la même manière par des prières, des can­tiques et des actes com­muns. En outre, les besoins des âmes et leurs goûts ne sont pas les mêmes chez tous, et ne demeurent pas tou­jours les mêmes en chacun ».

Aussi existe-​t-​il d’autres manières de par­ti­ci­per au culte divin : en médi­tant pieu­se­ment les mys­tères de Jésus-​Christ ou en accom­plis­sant d’autres exer­cices de pié­té et de faire d’autres prières qui, bien qu’elles dif­fèrent des rites sacrés par la forme, s’accordent cepen­dant avec eux par leur nature.

Le missel des fidèles

A l’instar du mis­sel d’autel, le mis­sel des fidèles com­porte trois par­ties prin­ci­pales : l’Ordinaire, le Temporal et le Sanctoral.

L’Ordinaire est la par­tie inva­riable et com­mune à toutes les messes. Il débute avec la messe des caté­chu­mènes (des prières au bas de l’autel jusqu’au Credo) et se pour­suit avec la messe des fidèles (du Credo au der­nier évangile).

Dans la pre­mière par­tie, prêtre et fidèles dis­posent leur cœur par la com­ponc­tion (Kyrie) et par l’adoration (Gloria) et se mettent à l’écoute des ensei­gne­ment divins dif­fu­sés par les pro­phètes et les apôtres (Épître), par le Christ (Évangile) et par l’Eglise (homé­lie). Le Credo est la char­nière entre la messe des caté­chu­mènes et la messe des fidèles.

Dans la seconde par­tie, prêtre et fidèles —cha­cun selon sa place dans l’Église— par­ti­cipent à l’oblation (Offertoire), à l’immolation (Canon) et à la communion.

Le Temporal est exclu­si­ve­ment consa­cré aux mys­tères de la vie de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Il se décom­pose en deux grands cycles : celui de Noël (du 1er dimanche de l’Avent au der­nier dimanche après l’Épiphanie) et celui de Pâques (de la Septuagésime au der­nier dimanche après la Pentecôte).

Le Sanctoral concerne le culte des saints, imi­ta­teurs du Christ, modèles de vie chré­tienne et inter­ces­seurs auprès de Dieu, dont les fêtes s’étalent au long de l’année. Certains saints jouissent d’un office propre qui se trouve dans le Propre des saints. Sinon, on recourt aux messes com­munes —pour un pape, un mar­tyr, un confes­seur, un abbé ou une vierge— ras­sem­blées dans le Commun des saints.

A cela s’ajoutent les messes votives et les messes pour les défunts.

Un précieux compagnon

Il est de cou­tume d’offrir un mis­sel aux enfants lors de leur pre­mière Communion ou de leur Communion solen­nelle. Mais ce cadeau n’a de sens que s’il devient le com­pa­gnon pré­cieux de la vie litur­gique. Ne le lais­sons pas moi­sir sur les éta­gères de notre biblio­thèque ! Ne crai­gnons pas d’en ter­nir la dorure ! N’hésitons pas à habi­tuer nos enfants dès le plus jeune âge à en faire un usage régulier !

Source : La lettre de saint Florent n° 201 – sep­tembre 2014

Notes de bas de page
  1. Saint Pie X, Motu pro­prio Tra le sol­le­ci­tu­di­ni, 22 novembre 1903[]
  2. Pie XI, Constitution apos­to­lique Divini cultus, 20 décembre 1923.[]
  3. Pie XII, Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947.[]