Le Rosaire en famille et sans distractions

Le Rosaire est une méthode de prière don­née par une Mère à ses enfants. En ce mois d’oc­tobre, disons le cha­pe­let quotidiennement !

Un jour­na­liste amé­ri­cain, James Foley, a été assas­si­né par des dji­ha­distes en 2014. Il avait été vic­time d’un pre­mier enlè­ve­ment en 2011, en Lybie, et avait été alors libé­ré. Qu’avait-il fait en déten­tion ? « J’ai com­men­cé à prier le Rosaire. C’est ce que ma mère et ma grand-​mère auraient prié. J’ai réci­té dix Je vous salue Marie entre chaque Notre Père. Cela a pris du temps, presqu’une heure, pour comp­ter cent Je vous salue Marie sur mes doigts. Cela m’a aidé à main­te­nir mon esprit en éveil. »

Ce jour­na­liste avait cer­tai­ne­ment vu sa mère et sa grand-​mère prier le cha­pe­let. Il avait peut-​être même prié avec elles étant enfant. Il n’est pas inutile de le sou­li­gner : le Rosaire est une méthode de prière don­née par une Mère à ses enfants. Elle se prête faci­le­ment à la prière en famille. Une mère donne tout ce qui est néces­saire à la vie. Notre Dame a donc don­né une méthode de prière, car prier est néces­saire au salut. C’est si vrai que Saint Alphonse n’hésite pas à dire : « Celui qui prie se sauve. Celui qui ne prie pas se damne. »

Le Rosaire est une prière très effi­cace pour obte­nir du Ciel des grâces. Quand Notre Dame révèle cette méthode à Saint Dominique, lequel se lamente des dégâts cau­sés par l’hérésie albi­geoise, elle affirme : « Cette terre res­te­ra sté­rile jusqu’à ce que la pluie y tombe. » Il s’agit d’une pluie de grâces, obte­nue par le Rosaire nais­sant. Saint Alphonse dit que le Rosaire est effi­cace pour obte­nir des grâces car la réci­ta­tion d’un seul Ave est effi­cace. « Quelle est agréable à la Sainte Vierge la salu­ta­tion angé­lique ! Il lui semble, en l’entendant, éprou­ver de nou­veau la joie qu’elle res­sen­tit, lorsque l’ange Gabriel lui annon­ça qu’elle allait deve­nir la Mère de Dieu. » Et qui salue Marie… sera salué par elle ! Saint Bernard enten­dit un jour d’une manière sen­sible une sta­tue de Marie lui dire : « Je te salue, Bernard. » Or, qu’est-ce que le salut de Marie ? « C’est une grâce qu’Elle ne manque pas d’accorder pour répondre à qui la salue. » La Très Sainte Vierge Marie a aus­si pro­mis à sainte Gertrude de lui don­ner à la mort autant de secours qu’elle aurait réci­té d’Ave Maria.

Le Rosaire est une méthode qui se prête à la prière en com­mun. Le caté­chisme pose cette ques­tion : « Quelle est l’excellence de la prière faite en com­mun ? Après la prière publique, c’est la prière la plus excel­lente et la plus utile, parce qu’elle pré­sente aus­si cette union de plu­sieurs per­sonnes assem­blées au nom de Jésus- Christ, au milieu des­quelles II a pro­mis de se trou­ver, car là ou deux ou trois sont assem­blés en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mat 18, 20). » La pré­sence de Notre Seigneur peut rendre notre prière irré­sis­tible devant Dieu.

Il y a encore de pré­cieux avan­tages à la prière en com­mun. Elle pré­vient l’omission du devoir de la prière, de la part des négli­gents et des faibles. Elle porte cha­cun à rem­plir ce devoir avec plus de fer­veur par la salu­taire influence de l’exemple. Elle entre­tient dans les familles la tra­di­tion des sen­ti­ments de foi et de reli­gion. Le pape Pie XII, dans une allo­cu­tion sur la prière, en 1943, disait aux pré­di­ca­teurs : « Réveillez dans l’âme des fidèles le sen­ti­ment de l’ancienne et pieuse cou­tume de la prière com­mune en famille. (…) Et comme la vie publique, pleine de dis­trac­tions et d’embûches, trop sou­vent au lieu de pro­mou­voir les biens les plus pré­cieux de la famille – la fidé­li­té conju­gale, la foi, la ver­tu et l’innocence des enfants – les met en dan­ger, la prière au foyer domes­tique est aujourd’hui presque plus néces­saire qu’aux temps pas­sés. (…) L’image de la mère de famille en prière est pour son mari et ses enfants une vision de la grâce de Dieu ; et le sou­ve­nir d’un père qui, dans sa pro­fes­sion, fût-​il dans un poste émi­nent, gère de grandes entre­prises en res­tant un homme de pié­té et de dévo­tion, est sou­vent un exemple d’admiration salu­taire pour le jeune homme aux prises avec les dan­gers et les luttes spi­ri­tuelles de l’âge mûr. » Saint Pie X, déjà, avait écrit dans son tes­ta­ment : « Si vous vou­lez que la paix règne dans vos familles et dans votre patrie, réci­tez tous les jours le cha­pe­let avec les vôtres… »

Saint Louis-​Marie Grignion de Montfort encou­rage à réci­ter le cha­pe­let publi­que­ment à deux chœurs. « De toutes les manières de réci­ter, c’est la plus glo­rieuse à Dieu, la plus salu­taire à l’âme, la plus ter­rible au diable. (…) Dieu aime les assem­blées. (…) Quel bon­heur d’avoir Jésus-​Christ en sa com­pa­gnie ! Pour le pos­sé­der, il ne faut que s’assembler pour dire le cha­pe­let. » Ce grand dévot de la Sainte Vierge donne les avan­tages de la prière en deux chœurs : « L’esprit y est ordi­nai­re­ment plus atten­tif. Quand on prie en com­mun, une seule voix s’élève vers le Ciel. Donc si quelqu’un en par­ti­cu­lier ne prie pas si bien, un autre dans l’assemblée qui prie mieux sup­plée à son défaut. » Ce saint ajoute qu’une per­sonne qui récite son cha­pe­let toute seule n’a le mérite que d’un seul cha­pe­let. Si elle le récite avec trente per­sonnes, elle a le mérite de trente cha­pe­lets, selon les lois de la prière commune.

Il convient de dire un mot sur l’attention que nous devons avoir quand nous réci­tons notre cha­pe­let ou notre rosaire. Saint Louis-​Marie enseigne que prier avec des dis­trac­tions volon­taires consti­tue une grande irré­vé­rence, « qui ren­drait nos rosaires infruc­tueux et nous rem­pli­rait de péchés. » Certes, il admet qu’on ne peut pas réci­ter son rosaire sans avoir quelques dis­trac­tions invo­lon­taires. Mais, dit-​il, on peut réci­ter sans dis­trac­tions volon­taires. On doit prendre toutes sortes de moyens pour fixer notre ima­gi­na­tion. Pour cela, il conseille de com­men­cer par se mettre en pré­sence de Dieu et d’invoquer le Saint-​Esprit. Puis il faut s’arrêter un moment pour consi­dé­rer le mys­tère que l’on célèbre et deman­der, par la Très Sainte Vierge Marie, une des ver­tus qui éclatent le plus dans ce mys­tère et dont on a le plus besoin. Il ajoute : « Les mys­tères du rosaire sont les œuvres de Jésus-​Christ et de la Très Sainte Vierge. Elles sont rem­plies de quan­ti­té de mer­veilles, de per­fec­tions et d’instructions pro­fondes et sublimes, que le Saint-​Esprit découvre aux humbles et aux âmes simples qui les honorent. »

Enfin, le même saint met en garde contre « deux fautes très répan­dues. La pre­mière est de n’avoir aucune inten­tion en réci­tant le Rosaire. Au contraire, il faut tou­jours avoir en vue quelque grâce à deman­der, quelque ver­tu à imi­ter, quelque péché à détruire. La deuxième faute est de n’avoir point d’autre inten­tion, en le com­men­çant, que de l’avoir bien­tôt fini ! Car on regarde le rosaire comme une chose oné­reuse, qui pèse… » Si c’est vrai­ment le cas, il est utile de deman­der à la Très Sainte Vierge qu’elle nous donne le goût du cha­pe­let et la faci­li­té de le réci­ter. Une Mère n’aurait pas deman­dé de réci­ter le cha­pe­let tous les jours si cela était si pesant.

En ce mois d’octobre, réci­tons le cha­pe­let quo­ti­dien­ne­ment, si pos­sible avec la famille et sans les distractions !

Abbé Vincent Grave

Source : Lou Pescadou n°241

Illustration : Vierge de Boulogne, sta­tue de l’é­glise Notre-​Dame des Menus, Boulogne-​Billancourt (Hauts-​de-​Seine).