Les Douleurs de Notre Dame sont vénérées par l’Église le vendredi de la Passion. Arrêtons-nous un peu sur la nature et l’étendue des souffrances corédemptrices de la Mère de Jésus et la nôtre.
Sur le Calvaire, deux autels étaient dressés : la Croix et le Cœur Immaculé de Marie [1]. Par sa cruelle Compassion, Notre Dame a souffert dans son Cœur tout ce que Notre Seigneur a souffert pendant sa Passion. « La douleur éprouvée par cette tendre Mère dans la Passion de son Fils fut si grande, qu’elle seule put compatir dignement à la mort d’un Dieu fait homme pour l’amour des hommes [2]». « Le Cœur de Marie devint, par la Compassion qu’elle portait à son Fils, une espèce de miroir de Ses douleurs, dans lequel on voyait représentés tous les supplices et tous les outrages que Jésus-Christ souffrait [3]». Elle a ainsi mérité le titre de Co-rédemptrice en s’associant à l’œuvre de la Rédemption. Et « comme nulle créature n’a aimé Dieu autant que Marie, il n’y a jamais eu de douleur égale à celle de Marie [4] ».
- « Seriez-vous insensibles, vous tous qui passez par le chemin ? Regardez et voyez s’il y a une douleur comme la mienne [5] ».
- « Sa souffrance est grande comme la mer [6] ».
- « La douleur de Marie fut telle que, si on la partageait entre tous les hommes, elle suffirait pour les faire mourir tous à l’instant » (saint Bernardin de Sienne).
- « Les martyrs ont souffert en sacrifiant leur propre vie, au lieu que Marie souffrit en sacrifiant à Dieu la vie de son Fils, qu’elle aimait beaucoup plus que sa propre vie » (saint Antonin).
Une des causes principales de la Passion de Notre-Seigneur fut l’inutilité de son Sang pour beaucoup d’âmes, lesquelles se retourneront même contre lui. Marie a souffert dans son Cœur un semblable tourment, d’où la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois.
La douleur du Cœur de Marie est à la mesure de son immense amour pour Dieu et pour nos âmes, qu’elle a enfantées à la grâce au pied de la Croix : « fils, voici ta Mère [7] ». Contemplons, quelques instants, la charité incomparable de notre Mère, telle que les saints l’ont comprise et nous aurons quelque idée de ce que nous lui avons coûté :
- « Il eût été en quelque sorte peu digne de Dieu d’imposer un précepte que personne n’aurait accompli parfaitement ; le grand précepte de la charité a donc dû être pleinement observé par quelqu’un, et il n’a pu l’être que par la Très Sainte Vierge Marie » (saint Albert-le-Grand).
- « Elle est la Reine de l’amour » (saint François de Sales).
- « Notre Dame surpasse en charité tous les anges et tous les hommes » (saint Bernardin).
- « Les séraphins eux-mêmes auraient pu descendre du Ciel pour apprendre à l’école du Cœur de Marie comment aimer Dieu » (Richard de Saint-Victor).
- « Dans le Cœur de Marie, deux amours se trouvaient réunis en un seul : elle aimait Jésus d’un amour naturel comme son fils, et d’amour surnaturel comme son Dieu » (bienheureux Amédée).
- « Elle est le feu portant le feu » (saint Alphonse de Ligori).
- « Comme les mouches s’éloignent d’un grand feu, ainsi les démons étaient repoussés loin de ce Cœur tout flamboyant de charité, et n’osaient même pas s’en approcher » (saint Bernardin de Sienne).
- « Marie enflamme et rend semblable à Elle-même tous ceux qui L’aiment et qui L’approchent » (saint Bonaventure).
- « L’amour divin blessa, transperça le Cœur de Marie jusqu’à sa dernière fibre. Aussi accomplit-Elle le premier commandement dans toute son étendue et sans la moindre imperfection » (saint Bernard).
- « La Vierge Marie a aimé les hommes au point de sacrifier pour eux son Fils unique ; et maintenant qu’Elle règne dans le Ciel, sa Charité n’est point diminuée mais augmentée de beaucoup parce qu’Elle connaît mieux nos misères » (saint Thomas d’Aquin).
Aussi la liturgie nous invite-t-elle à une immense confiance en son Cœur Immaculé : « Adeamus cum fiducia », approchons-nous avec assurance du Trône de la grâce afin d’obtenir miséricorde et de trouver la faveur d’un secours opportun [8].
Deux grands artistes commentent les douleurs de Notre-Dame
- Sœur Lucie contempla ce mystère à Tuy, en juin 1929.[↩]
- R.P. Pinamonti, cité par saint Alphonse de Ligori.[↩]
- Saint Laurent Justinien.[↩]
- Richard de Saint-Victor.[↩]
- Lamentations 1, 12.[↩]
- Lamentations, 2, 13.[↩]
- Jean 19, 27. L’apôtre bien-aimé nous représentait au pied de la Croix quand il entendit ces paroles de Notre-Seigneur crucifié.[↩]
- Introït de la Messe du Cœur Immaculé de Marie, au 22 août, instituée par Pie XII en 1942. Le 2 décembre 1940, Sœur Lucie lui écrivait : Très Saint Père, permettez-moi de vous faire encore une demande. C’est là seulement un désir ardent de mon pauvre cœur : que la fête en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie soit instituée au monde entier comme l’une des principales fêtes de la sainte Église.[↩]