Notre-​Dame des douleurs

La Déploration du Christ, Fra Angelico, 1436, tempera sur bois, Musée de San Marco, Florence.

Les Douleurs de Notre Dame sont véné­rées par l’Église le ven­dre­di de la Passion. Arrêtons-​nous un peu sur la nature et l’étendue des souf­frances coré­demp­trices de la Mère de Jésus et la nôtre.

Sur le Calvaire, deux autels étaient dres­sés : la Croix et le Cœur Immaculé de Marie [1]. Par sa cruelle Compassion, Notre Dame a souf­fert dans son Cœur tout ce que Notre Seigneur a souf­fert pen­dant sa Passion. « La dou­leur éprou­vée par cette tendre Mère dans la Passion de son Fils fut si grande, qu’elle seule put com­pa­tir digne­ment à la mort d’un Dieu fait homme pour l’amour des hommes [2]». « Le Cœur de Marie devint, par la Compassion qu’elle por­tait à son Fils, une espèce de miroir de Ses dou­leurs, dans lequel on voyait repré­sen­tés tous les sup­plices et tous les outrages que Jésus-​Christ souf­frait [3]». Elle a ain­si méri­té le titre de Co-​rédemptrice en s’associant à l’œuvre de la Rédemption. Et « comme nulle créa­ture n’a aimé Dieu autant que Marie, il n’y a jamais eu de dou­leur égale à celle de Marie [4] ».

  • « Seriez-​vous insen­sibles, vous tous qui pas­sez par le che­min ? Regardez et voyez s’il y a une dou­leur comme la mienne [5] ».
  • « Sa souf­france est grande comme la mer [6] ».
  • « La dou­leur de Marie fut telle que, si on la par­ta­geait entre tous les hommes, elle suf­fi­rait pour les faire mou­rir tous à l’instant » (saint Bernardin de Sienne).
  • « Les mar­tyrs ont souf­fert en sacri­fiant leur propre vie, au lieu que Marie souf­frit en sacri­fiant à Dieu la vie de son Fils, qu’elle aimait beau­coup plus que sa propre vie » (saint Antonin).

Une des causes prin­ci­pales de la Passion de Notre-​Seigneur fut l’inutilité de son Sang pour beau­coup d’âmes, les­quelles se retour­ne­ront même contre lui. Marie a souf­fert dans son Cœur un sem­blable tour­ment, d’où la dévo­tion répa­ra­trice des pre­miers same­dis du mois.

La dou­leur du Cœur de Marie est à la mesure de son immense amour pour Dieu et pour nos âmes, qu’elle a enfan­tées à la grâce au pied de la Croix : « fils, voi­ci ta Mère [7] ». Contemplons, quelques ins­tants, la cha­ri­té incom­pa­rable de notre Mère, telle que les saints l’ont com­prise et nous aurons quelque idée de ce que nous lui avons coûté :

  • « Il eût été en quelque sorte peu digne de Dieu d’imposer un pré­cepte que per­sonne n’aurait accom­pli par­fai­te­ment ; le grand pré­cepte de la cha­ri­té a donc dû être plei­ne­ment obser­vé par quelqu’un, et il n’a pu l’être que par la Très Sainte Vierge Marie » (saint Albert-le-Grand).
  • « Elle est la Reine de l’amour » (saint François de Sales).
  • « Notre Dame sur­passe en cha­ri­té tous les anges et tous les hommes » (saint Bernardin).
  • « Les séra­phins eux-​mêmes auraient pu des­cendre du Ciel pour apprendre à l’école du Cœur de Marie com­ment aimer Dieu » (Richard de Saint-Victor).
  • « Dans le Cœur de Marie, deux amours se trou­vaient réunis en un seul : elle aimait Jésus d’un amour natu­rel comme son fils, et d’amour sur­na­tu­rel comme son Dieu » (bien­heu­reux Amédée).
  • « Elle est le feu por­tant le feu » (saint Alphonse de Ligori).
  • « Comme les mouches s’éloignent d’un grand feu, ain­si les démons étaient repous­sés loin de ce Cœur tout flam­boyant de cha­ri­té, et n’osaient même pas s’en appro­cher » (saint Bernardin de Sienne).
  • « Marie enflamme et rend sem­blable à Elle-​même tous ceux qui L’aiment et qui L’approchent » (saint Bonaventure).
  • « L’amour divin bles­sa, trans­per­ça le Cœur de Marie jusqu’à sa der­nière fibre. Aussi accomplit-​Elle le pre­mier com­man­de­ment dans toute son éten­due et sans la moindre imper­fec­tion » (saint Bernard).
  • « La Vierge Marie a aimé les hommes au point de sacri­fier pour eux son Fils unique ; et main­te­nant qu’Elle règne dans le Ciel, sa Charité n’est point dimi­nuée mais aug­men­tée de beau­coup parce qu’Elle connaît mieux nos misères » (saint Thomas d’Aquin).

Aussi la litur­gie nous invite-​t-​elle à une immense confiance en son Cœur Immaculé : « Adeamus cum fidu­cia », approchons-​nous avec assu­rance du Trône de la grâce afin d’obtenir misé­ri­corde et de trou­ver la faveur d’un secours oppor­tun [8].

Deux grands artistes com­mentent les dou­leurs de Notre-Dame

Notes de bas de page
  1. Sœur Lucie contem­pla ce mys­tère à Tuy, en juin 1929.[]
  2. R.P. Pinamonti, cité par saint Alphonse de Ligori.[]
  3. Saint Laurent Justinien.[]
  4. Richard de Saint-​Victor.[]
  5. Lamentations 1, 12.[]
  6. Lamentations, 2, 13.[]
  7. Jean 19, 27. L’apôtre bien-​aimé nous repré­sen­tait au pied de la Croix quand il enten­dit ces paroles de Notre-​Seigneur cru­ci­fié.[]
  8. Introït de la Messe du Cœur Immaculé de Marie, au 22 août, ins­ti­tuée par Pie XII en 1942. Le 2 décembre 1940, Sœur Lucie lui écri­vait : Très Saint Père, permettez-​moi de vous faire encore une demande. C’est là seule­ment un désir ardent de mon pauvre cœur : que la fête en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie soit ins­ti­tuée au monde entier comme l’une des prin­ci­pales fêtes de la sainte Église.[]