Vierge et martyre à Catane (238–252)
Fête le 5 février.
La septième persécution générale, pendant laquelle fut martyrisée sainte Agathe, fut, au dire de tous les historiens, la plus sanglante et la plus cruelle de toutes. Saint Cyprien nous apprend qu’elle n’avait plus seulement pour fin la mort des chrétiens : on graduait la cruauté par une série de raffinements, de façon que la victime survécût aux supplices. On ne voulait pas lui accorder trop tôt la couronne. On la fatiguait dans l’espoir de fléchir son courage, et s’il lui arrivait, grâce à la miséricorde de Dieu, de mourir avant l’heure prévue, les bourreaux se croyaient trompés. Saint Augustin nous donne la raison de ces atrocités : « Les persécuteurs, dit-il, avaient reconnu que, plus ils mettaient de chrétiens à mort, plus il en renaissait de leur sang. » Ils craignaient de dépeupler l’empire, s’il eût fallu faire mourir tant de milliers de fidèles.
Sainte Agathe est arrêtée comme chrétienne.
Ce fut pendant cette cruelle persécution que la bienheureuse Agathe, née à Catane, vers 238, de parents nobles et riches, mérita de recevoir la couronne du martyre. Quintianus, gouverneur de la province de Sicile, ayant eu l’occasion de remarquer la beauté d’Agathe, qui surpassait, disent les actes de son martyre, celle de toutes les filles de son temps, conçut pour elle une passion violente. Il cherchait par tous les moyens possibles à assouvir ses désirs criminels, lorsque parut l’édit de l’empereur Dèce, ordonnant que tout, chrétien, sans qualité de rang ni de sexe, fût obligé de sacrifier dans les temples. Quintianus se hâta de profiter de ce décret pour s’emparer d’Agathe, et donna l’ordre de la faire arrêter.
Les soldats se rendirent à la demeure de la jeune fille et lui dirent :
– Il vient d’être publié, par l’empereur et par le proconsul, un édit de mort contre quiconque refuserait d’adorer les dieux et de leur rendre le culte qui leur est dû. Mais nous espérons que tu vas leur offrir de l’encens dans leur temple, afin qu’en tout honneur nous puissions te présenter au proconsul Quintianus.
Comme la vierge refusait énergiquement, les soldats se disposèrent à la conduire devant le gouverneur. Avant qu’ils eussent mis la main sur elle, Agathe entra dans sa chambre et, se jetant à genoux, les yeux levés vers le ciel, elle fit cette prière :
– Seigneur Jésus, seul vous connaissez les affections de mon cœur, seul vous savez avec quelle joie et quel empressement je vous ai donné ma foi et mon amour. Et maintenant, Seigneur, je vous en supplie, ne permettez pas qu’un homme, livré à tous les vices, puisse faire perdre à mon corps la fleur de sa virginité ; hâtez-vous de venir à mon secours : ne me livrez pas au démon et à son satellite, le proconsul, de peur qu’il ne dise : « Où est donc son Dieu ? » Mais je m’offre à vous comme une victime, recevez mes souffrances comme un gage de mon amour, parce que, seul, vous êtes mon Dieu, et qu’à vous seul est due la gloire dans les siècles des siècles.
Après avoir ainsi prié, elle se remit promptement et joyeusement aux mains des licteurs. Pendant le trajet, méditant sur les beautés célestes de la vertu, elle disait :
– Par la grâce du Christ, afin de conserver à mon corps toute sa pureté, j’ai lutté contre Satan, l’auteur du mal, qui a jeté dans le cœur de l’homme la semence de toutes les passions honteuses de la volupté ; je l’ai vaincu et je l’ai foulé aux pieds. J’ai remis ensuite, mon âme entre les mains du Christ, et j’espère qu’il me fera la grâce de perdre ce corps dans sa virginale beauté.
Elle est livrée à une femme de mauvaise vie.
Quintianus, fidèle aux ordres sataniques de l’empereur, se garda bien de livrer immédiatement la vierge aux supplices. Mais il commanda de conduire Agathe chez une femme de mauvaise vie nommée Aphrodise, qui avait dans sa maison sept filles aussi corrompues qu’elle, afin que, par les paroles et les exemples de ces misérables, Agathe fût amenée à sacrifier aux dieux et à se rendre aux désirs infâmes du proconsul.
Pendant trente jours, la vierge fut obligée de vivre en cette odieuse compagnie. Ces démons de la luxure, s’efforçaient, avec une infernale persévérance, de corrompre la chaste épouse de Jésus-Christ. Celle-ci, les yeux baignés de larmes, mais le cœur vaillant, leur disait :
– Sachez que rien au monde ne pourra jamais séparer mon âme et mes pensées de la charité du Christ. Vos paroles sont semblables au vent, vos promesses à une pluie d’orage, vos menaces à un fleuve, mais ce fleuve impétueux, vous pouvez le déchaîner contre ma maison, elle n’en sera point ébranlée, parce qu’elle est fondée sur la pierre ferme qui est le Christ, Fils du Dieu vivant.
Elle leur parlait ainsi, parce que son âme, semblable au cerf altéré dont parle le Psalmiste, désirait se désaltérer aux eaux vives de la souffrance, si amères pour ceux qui n’aiment point, mais si douces et si suaves pour ceux qui portent dans leur cœur le vrai amour de Jésus-Christ.
Aphrodise, la voyant donc inébranlable dans sa résolution de mourir pour le nom du Christ plutôt que de consentir à sacrifier aux idoles, alla trouver le proconsul :
– Il serait plus facile, lui dit-elle, d’amollir les rochers, ou de donner au fer la souplesse du plomb, que d’enlever de l’âme de cette jeune fille l’amour de Jésus-Christ. Mes filles et moi, jour et nuit, ne lui avons laissé aucun moment de repos, et malgré notre constance, nous ne sommes arrivées à d’autres résultats que celui de la rendre plus ferme dans sa résolution. Supplications ou menaces, rien n’a pu la faire hésiter même un seul instant. Je lui ai offert moi-même des perles précieuses, des parures magnifiques, des maisons à la ville et à la campagne, de nombreux esclaves, mais elle n’a pas fait plus de cas de toutes ces choses que de la terre qu’elle foule aux pieds.
Devant le tribunal du proconsul.
Quintianus, trompé dans son attente, donna l’ordre qu’on amenât la vierge en secret à son tribunal, et il lui dit :
– Quelle est ta condition ?
– Je suis d’une famille noble et illustre, et mes parents possèdent d’immenses richesses.
– Si tu es d’une condition noble et illustre, pourquoi vouloir t’abaisser jusqu’au rôle de servante ?
– Je suis la servante du Christ et c’est pourquoi vous me voyez agir en servante.
– Mais tu es vraiment libre, Agathe, comment donc peux-tu te dire esclave ?
– Notre noblesse, à nous, et notre plus grande gloire, c’est de nous courber sous la loi du Christ.
– Nous n’avons donc point part à la noblesse, nous qui nous faisons gloire de mépriser le service de ton Christ ?
– En vérité, vous êtes arrivés à un degré de servitude tel que, non seulement vous êtes devenus les esclaves de vos péchés, mais encore les adorateurs d’une matière insensible. Les honneurs qui ne sont dus qu’au vrai Dieu vivant, vous les rendez au bois et à la pierre.
– Les paroles blasphématoires que tu viens de prononcer recevront chacune le châtiment qu’elles méritent. Mais pourquoi t’obstines-tu à refuser à nos dieux les honneurs qui leur sont dus ?
– Ne les appelez pas dieux, mais démons, ceux dont vous faites l’effigie en airain et dont vous recouvrez d’or les figures de marbre.
– Cesse de blasphémer, Agathe, reviens à la raison et sacrifie aux dieux ; sinon je te fais subir, avec les criminels vulgaires, les supplices ignominieux, et tu seras par-là la cause de la honte éternelle qui retombera sur ta parenté.
– Je souhaite à votre épouse, repartit Agathe, d’être semblable à votre déesse Vénus, et à vous, de ressembler en tout à votre grand dieu Jupiter.
A ces mots, Quintianus, irrité, donna l’ordre de souffleter Agathe. Après quoi, il lui dit :
– Ne t’avise plus par tes paroles insolentes d’injurier ton juge.
– Comment ! répondit Agathe, vous ne voulez donc point être compté au nombre de ceux que vous venez d’appeler des dieux ?
– Ah ! tu veux me forcer, par tes injures, à t’infliger de cruels supplices !
– Je m’étonne qu’un homme aussi sage en soit venu à ce point de folie de ne pas vouloir être semblable à ses dieux et de ne pas vouloir conformer sa vie à la leur ! Si ce sont là vos dieux et que vous les honoriez comme tels, je vous ai fait un bon souhait. Pourquoi donc avez-vous pris pour des injures les paroles par lesquelles je vous disais de conformer votre vie à la leur ? Mais, si leur ressemblance vous est en horreur, appelez-les donc avec moi des êtres exécrables et pervers.
– Chacune de tes paroles est un blasphème ; sacrifie aux dieux, ou prépare-toi à subir des châtiments terribles.
– Les bêtes féroces auxquelles vous me livrerez s’adouciront au nom de Jésus-Christ. Si vous me jetez dans le feu, les anges viendront répandre sur moi une bienfaisante rosée. Si vous me frappez de verges, l’Esprit de vérité qui réside en moi saura me délivrer de vos mains.
Le proconsul, secouant la tête, donna l’ordre de conduire Agathe dans un obscur cachot. Comme on l’emmenait, Quintianus voulut essayer encore une dernière fois de la fléchir :
– Réfléchis, Agathe, et vois combien il est avantageux pour toi d’éviter les tourments que je te prépare.
– C’est bien plutôt à vous de vous repentir, si vous voulez éviter des supplices éternels.
Alors, Quintianus, irrité, laissa conduire la vierge en prison. Elle y entra avec l’allégresse de celui qui aurait été invité à un festin de noces, recommandant à Dieu l’issue du combat.
Constance inébranlable dans les tourments.
Le jour suivant, Quintianus fit de nouveau comparaître Agathe :
– Eh bien ! qu’as-tu résolu relativement à ton salut ?
– Mon salut, c’est le Christ.
– Jusques à quand, insensée, t’obstineras-tu à prononcer de coupables paroles ? Renie le Christ, et commence à honorer nos dieux. Ne désire donc pas une mort prématurée.
– Reniez vous-même vos dieux de pierre et de bois, et servez le vrai Dieu, votre Créateur ; sinon vous subirez des supplices sans fin.
Le président, hors de lui, donna l’ordre de frapper de verges la martyre, et pendant cette barbare exécution, il lui disait :
– Change donc de résolution et je ferai aussitôt cesser le supplice.
– Vos tourments me sont une source de délices, et je me réjouis à l’égal de celui à qui on vient d’annoncer une bonne nouvelle, et qui découvre un riche trésor. Ces tourments font ma joie, car vous ne pourrez les faire durer qu’un temps. On n’enferme avec soin le froment dans les greniers qu’après l’avoir débarrassé de la paille. Il en est de même de mon âme : elle ne peut entrer en paradis que vos soldats n’aient, auparavant, fait subir à mon corps les tourments les plus divers.
Quintianus, au comble de la fureur, ordonna qu’après l’avoir tourmentée au sein, on le lui arrachât.
Cet horrible supplice ne pouvant vaincre la constance d’Agathe, le gouverneur la fit reconduire en prison, défendant, sous les peines les plus sévères, qu’aucun médecin fût introduit auprès d’elle, et ordonnant en même temps qu’on ne lui donnât ni pain ni eau.
Saint Pierre apparaît à sainte Agathe et la guérit.
Vers le milieu de la nuit, un vieillard vénérable, précédé d’un enfant tenant un flambeau, se présenta devant Agathe :
– Ce tyran impie a fait subir à ton corps de cruelles tortures, mais ta constance dans les tourments lui en fait subir, à lui, de plus cruelles encore ; c’est pour cela qu’il t’a fait mutiler et arracher le sein. Mais Dieu lui réserve des supplices intolérables pendant toute l’éternité. J’étais présent, pendant que tu supportais tous ces cruels supplices, et j’ai vu qu’il serait possible de te guérir, c’est pourquoi je viens.
– Je n’ai jamais, lui répondit Agathe, fait usage pour mon corps d’aucune médecine, et il serait honteux pour moi d’abandonner en ce moment cette résolution prise dès mon plus jeune âge.
– Je suis aussi chrétien, reprit le vieillard ; aie confiance en moi, je puis te guérir et ma présence ici n’a point d’autre motif. Vierge du Christ, ne crains rien de ma part.
– Et que pourrais-je craindre ? reprit Agathe. Vous êtes d’un âge très avancé, et moi je suis une enfant dont le corps entier n’est plus qu’une plaie. Cependant, je préfère que ces plaies enlèvent à mon âme jusqu’à son dernier souffle plutôt que de vous les montrer. Je vous rends grâces pourtant, vénérable père, d’avoir bien voulu venir me soulager, mais sachez que jamais aucun médicament fabriqué de main d’homme ne touchera mon corps.
– Pourquoi une telle résolution ?
– Parce que je possède Notre-Seigneur Jésus-Christ qui, d’un seul signe, peut guérir tous les maux, et dont la parole seule fait lever les paralytiques et marcher les boiteux. C’est lui, s’il le veut, qui rendra la santé à son indigne servante.
Alors, le vieillard lui dit en souriant :
– C’est lui-même qui m’a envoyé vers toi, je suis son apôtre Pierre. Regarde ton corps, il est guéri.
A ces mots, saint Pierre disparut.
Levant les yeux au ciel, Agathe rendit grâces à Dieu en ces termes :
– Je vous rends grâces, ô Jésus mon Seigneur, de vous être souvenu de moi et de m’avoir envoyé votre apôtre pour soutenir mon âme et guérir les blessures de mon corps.
Sa prière terminée, Agathe vit que ses blessures étaient guéries et que son sein lui avait été miraculeusement rendu. Toute la nuit, une lumière brillante remplit la prison. Les gardes effrayés s’enfuirent, laissant les portes ouvertes. Les compagnons de captivité d’Agathe lui conseillaient de s’évader, mais la Sainte leur répondit ;
– Je ne veux point me priver de la couronne de gloire réservée aux combats que je dois encore soutenir. Je ne veux pas être pour mes gardiens un sujet de châtiment. J’ai pour moi le secours de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Jusqu’à la fin, je persévérerai dans la confession de la foi de celui qui m’a consolée et guérie.
Glorieuse mort.
Quatre jours après, le président se la fit conduire devant son tribunal :
– Jusqu’à quand persévéreras-tu dans le mépris des édits des empereurs ? Sacrifie aux dieux ; sinon, je te fais endurer des supplices plus cruels encore que les précédents.
– Vaines sont vos paroles, répliqua Agathe, iniques les édits de vos empereurs. Dites-moi donc, misérable dépourvu de raison, quel secours puis-je attendre de vos dieux de pierre et de bois ? Mon Seigneur Jésus ne m’a‑t-il pas rendu un autre sein, à la place de celui que vous m’avez arraché ?
Quintianus, au comble de la fureur, s’écria :
– Qui a donc osé te guérir ?
– C’est Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant.
– De nouveau tu prononces le nom de ton Christ dont je ne veux entendre parler en aucune façon !
– Il ne m’est pas permis de taire le nom de celui que j’invoque au fond de mon cœur.
– Nous allons voir bientôt s’il te viendra en aide, ton Seigneur Jésus.
En même temps, Je juge donna l’ordre de parsemer la salle de pots cassés, d’y répandre des charbons ardents et d’y étendre Agathe, après l’avoir dépouillée de ses vêtements. Mais, à peine la sainte martyre fut-elle étendue sur ce lit de douleur, qu’un tremblement de terre ébranla les murailles dont une partie écrasa un conseiller du président, nommé Sylvain, et un autre de ses amis, nommé Théophile, qui excitait Quintianus à faire martyriser Agathe. Toute la ville de Catane fut également agitée par le tremblement de terre. Les citoyens, épouvantés, se rendirent au prétoire ; mais le proconsul, craignant une insurrection du peuple, commanda de conduire Agathe en prison et se retira lui-même dans une salle écartée.
Agathe, entrée dans son cachot, leva les mains au ciel et dit :
– Je vous rends grâces, ô Seigneur mon Dieu, de ce que vous m’avez jugée digne de soutenir de durs combats à cause de votre nom. C’est vous, ô Jésus, mon Sauveur, qui avez donné à mon âme l’ardent désir de renoncer aux joies du monde, et qui avez conservé mon corps pur de toute souillure. Exaucez-moi à cette heure, je vous en supplie, permettez à votre servante de quitter cette terre et d’aller vers vous.
Alors elle rendit son âme à cet Epoux céleste, pour qui elle avait supporté tant de rudes combats. Les chrétiens de Catane, à la nouvelle de la mort de la glorieuse martyre – survenue le 5 février 252, – accoururent aussitôt, et, sans crainte du proconsul, prirent ce corps couvert de blessures si glorieuses et se préparèrent à l’ensevelir avec de grands honneurs. Or, pendant qu’on plaçait ces précieuses reliques dans le sarcophage qu’on leur avait préparé, on raconte que parut un jeune homme d’une beauté toute céleste, suivi d’un cortège de cent enfants revêtus de vêtements magnifiques. Personne n’avait vu auparavant ce jeune homme dans la ville de Catane. Il entra dans le lieu où l’on embaumait les restes vénérés d’Agathe, et déposa sous sa tête une plaque de marbre sur laquelle étaient gravés ces mots : « Ame sainte, dévouée, honneur de Dieu, protection de la patrie. » Il attendit qu’on eût fermé le cercueil, puis il disparut. Personne depuis ne le revit, et beaucoup pensèrent que c’était un ange.
Le bruit de cet événement se répandit bientôt dans toute la Sicile, si bien que les Gentils et les Juifs eux-mêmes eurent une grande vénération pour le tombeau de la glorieuse martyre.
Son culte.
Après la paix donnée à l’Eglise en 312, la renommée de sainte Agathe s’étendit, et les grands Docteurs, saint Ambroise, saint Augustin, saint Damase, saint Isidore, saint Grégoire le Grand et beaucoup d’autres la louèrent en leurs écrits.
De Sicile, son culte se répandit au-delà de Naples et de Bénévent, et une ville se fonda sous son vocable, actuellement siège d’un évêché, Sainte-Agathe des Goths, dont saint Alphonse de Liguori fut évêque. Son patronage fut donné aussi à des églises à Rome, en Lombardie et en France.
Sa fête fut élevée au rite double par Clément XI, le 26 août 1713.
En 1040, un capitaine grec, après avoir défait les Sarrasins qui infestaient la Sicile, envoya à Constantinople quelques corps de Saints, dont ceux de sainte Agathe et de sainte Lucie (de Syracuse), afin d’attirer sur l’empire d’Orient les bénédictions de Dieu par leur intercession. Mais avant que les Vénitiens eussent rapporté à Venise en 1205 les reliques de sainte Lucie, les habitants de Catane avaient recouvré celles de leur patronne dès 1126, grâce à un valeureux guerrier, Gislibert, et, le 17 août de cette même année, l’évêque les avait reçues en grand honneur et portées triomphalement en sa cathédrale, où elles sont encore honorées. Le huitième centenaire en a été solennellement célébré le 17 août 1926, sous la présidence du cardinal Lualdi, légat pontifical.
Depuis lors, Catane a toujours eu une grande dévotion envers sa céleste Patronne, à qui cette ville attribue la protection dont elle a joui depuis l’éruption de l’Etna, en 253, jusqu’à l’effroyable tremblement de terre du 28 décembre 1908.
A. Bousquet.
Sources consultées. – Actes du martyre de sainte Agathe. – Abbé J.-B. Brun, Vie de sainte Agathe (Paris, 1867.) – Gan. prof. Salvatork Rombo, Vita e Culto di Sant’ Agata (1889). – (V. S. B. P., n° 103.)