Vierge de Rome († vers 164).
Fête le 21 juillet.
La femme païenne, à toutes les époques, a connu les mêmes préoccupations : son vêtement, ses chaussures, sa toilette, sa coiffure, ses plaisirs, légitimes ou non, et cela plus particulièrement aux époques de décadence. Aux premiers siècles de notre ère, tandis que les martyrs sont dévorés par les animaux, ou déchirés par les ongles de fer, et que, dans le lointain, les Barbares du Nord préparent leurs invasions vengeresses, les matrones romaines, si elles n’ont plus d’enfants et affectent des allures d’hommes, se font soigner par des coiffeuses, qu’on appelle alors des cosmètes ; les cyniflores leur mettent dans les cheveux des teintures en poudre ; les calamistes les frisent, et les psèques dressent leurs chevelures. Les noms changent avec le temps, mais les mœurs restent identiques après les grandes secousses. Si les Barbares ne sont plus dans le Nord, il en est ailleurs, prêts à intervenir, si Dieu ne les arrête. Mais depuis sa venue sur la terre, dans tous les siècles, même les plus corrompus, Notre-Seigneur trouve et continuera de trouver des vierges fidèles, suivant l’Agneau sans tache, et qui sont, comme le dit saint Cyprien, « la portion la plus illustre du troupeau de Jésus-Christ, la joie et la gloire de l’Eglise, sa Mère, parce que c’est en elles et par elles que l’Eglise voit largement fleurir sa glorieuse fécondité ».
Sainte Praxède et sa sœur sainte Pudentienne occupent un rang brillant parmi ces femmes admirables dont les noms peuplent nos Martyrologes. Elles appartenaient à la gens ou famille Pudentiana.
Le sénateur Pudens. – Son habitation.
Quand saint Pierre vint à Rome, en l’an 42, il logea dans la maison ou palais d’un nommé Pudens, qui avait son habitation sur l’Esquilin. On a identifié ce Pudens avec celui dont parle saint Paul en sa seconde Epître adressée à Timothée quand il écrit : « Eubule et Pudens, ainsi que Lin et Claudie, vous saluent. » Et on a cru voir en lui un sénateur, appartenant à la célèbre famille Cornelia. Bien plus, il ne serait autre que le centurion Corneille ou Cornelius, baptisé par saint Pierre en Palestine ; mais cette dernière supposition paraît définitivement écartée.
Comme la fait remarquer un archéologue contemporain, Horace Marucchi, ce surnom de Pudens est assez fréquent chez les Romains, généralement dans l’aristocratie, mais il y eut des Pudens d’un rang plus modeste. Cependant le nom de Claudie, qui voisine avec le nom de Pudens dans l’Epître de saint Paul, semble lui-même désigner une femme de distinction, et jusqu’ici rien ne s’oppose à admettre l’identité des deux personnages, ni la dignité de sénateur de l’hôte de saint Pierre.
Le milieu aristocratique où l’Apôtre trouva un abri à Rome montre que la foi qu’il prêchait ne s’adressait pas seulement aux humbles Juifs, cachés en leurs boutiques des rues tortueuses du Transtévère, mais qu’elle faisait aussi ses conquêtes parmi les riches et les puissants.
La vie des Romains, à cette époque, était toute au dehors, mais les grands personnages tenaient à rassembler dans leurs demeures tout ce que les autres étaient obligés de chercher ailleurs.
L’habitation du sénateur Pudens, autant qu’il est permis de la reconstituer par les souvenirs païens qui nous restent d’édifices analogues, comprenait une vaste étendue de terrain ceinte d’un mur percé de quatre portes. Dans l’intérieur se trouvaient non seulement la maison du propriétaire, mais des hippodromes, thermes ou salles de bains, des places, des rues, des théâtres, bref, une ville en miniature. Puis venaient les écuries, les demeures des esclaves, les magasins, les jardins, des sortes de forums ou portiques sous lesquels le maître se promenait avec ses amis ; le tout richement décoré de marbres et de statues. Comme on le voit, un palais était alors comme un lieu qui devait pourvoir à toutes les nécessités de la vie.
C’est dans ce milieu opulent que Praxède vit le jour. Une question importante se pose au sujet de ses parents. Le Pudens qui donna une hospitalité généreuse au Prince des Apôtres en l’an 42 était-il le père ou le grand-père de Praxède ? Les Bollandistes inclinent à admettre deux Pudens : l’aïeul, marié à Priscille ; le père, marié à Sabinella. Cette manière de voir a l’avantage de concilier plus facilement la date de l’an 42 avec l’époque du pontificat de saint Pie Ier, postérieur d’un siècle (139–154), et qui était celle où vivait sainte Praxède.
Un critique moderne, rejoignant des auteurs plus anciens, admet au contraire que, Praxède et sa sœur ayant vécu jusqu’à un âge avancé, rien ne s’oppose à ce qu’elles soient les propres filles du généreux ami de saint Pierre. C’est cette version qu’adopte le Martyrologe romain, à la date du 19 mai ; saint Pudens y est donné comme le père de sainte Praxède, et le texte ajoute que, « revêtu de Jésus-Christ dans le baptême, il conserva sans aucune tache la robe d’innocence jusqu’à la fin de sa vie ».
Quoi qu’il en soit, nous nous trouvons en présence d’une famille foncièrement chrétienne des tout premiers âges, famille privilégiée, et, comme le dit Mgr Gerbet dans son Esquisse de Rome chrétienne :
Famille heureuse jusque dans ses noms, qui rappellent des idées de pudeur, de crainte de Dieu, d’antiquité et de renouvellement. Cette famille est la première dans laquelle se soit effectuée la transition des idées hautaines, sur lesquelles reposait le patriciat antique, aux sentiments de la fraternité humaine qui constitue l’égalité chrétienne. Elle ouvrit sa demeure sénatoriale à ces assemblées des fidèles, où l’esclave, envoyé dans les carrières, prenait place au banquet eucharistique à côté des grands ; car c’est là…, c’est chez Pudens que les chrétiens de Rome se sont d’abord réunis pour assister aux saints mystères, pour y recevoir la communion de la main de saint Pierre, qui résidait chez lui : ce qui suffirait pour conférer à cette famille, aux yeux de la piété, une incomparable noblesse.
Dès lors, quoi d’étonnant si Pudens s’appliqua surtout à élever ses deux filles dans l’amour de la virginité et dans la pratique des préceptes du Seigneur ?
Pudens fonde un « titre » ou église dans sa maison.
L’histoire de Praxède et de sa sœur nous a été conservée et transmise par un prêtre qui se désigne lui-même sous le nom de Pasteur (Pastor), et qui vivait intimement au milieu de cette famille d’élus.
Il était le contemporain et le familier du Pape saint Pie Ier, sans toutefois se donner pour son frère ; il nous apparaît comme le conseiller et le soutien de Praxède et de Pudentienne. On l’a considéré comme l’auteur de trois documents auxquels les siècles précédant le nôtre attachaient un grand prix.
Le premier est adressé par lui-même à Timothée, et il est permis d’y voir une des plus belles pages de l’histoire de l’Eglise aux temps apostoliques. Le deuxième se présente à nous comme la réponse de Timothée ; le dernier est un appendice narratif, dû au même Pastor, et qui nous mène jusqu’à la mort de Praxède, que l’auteur déclare avoir ensevelie lui-même.
Cet écrit n’est peut-être pas, sous cette forme, absolument authentique. Il est possible que, dans un dessein d’édification ou autre, il ait été remanié au ive ou au ve siècle ; d’autre part, si l’on peut croire que, dans ces documents, la légende s’est mêlée à l’histoire, et s’il ne paraît pas possible, faute d’arguments décisifs, de démontrer la vérité de ces assertions, ce même manque d’arguments ne permet pas non plus de s’inscrire en faux contre les détails rapportés. En résumé, et à défaut d’autres sources plus anciennes et plus sûres, il nous faut suivre les écrits de ce Pasteur.
Pudens, nous dit-il, se trouvant privé de son épouse, désira, sur les conseils du bienheureux évêque Pie (le Pape saint Pie Ier), transformer sa maison en église. Ce fut moi, pauvre pécheur, qu’il choisit pour réaliser ce pieux dessein. Il érigea donc, en cette ville de Rome, au Vicus Patricii, un titre (église) auquel il voulut donner mon nom.
De fait, au 26 juillet, le Martyrologe romain porte cette mention : « A Rome, saint Pasteur prêtre, sous le nom duquel il y a un titre cardinalice sur le mont Viminal, à Sainte-Pudentienne. »
Au iie siècle, l’Eglise persécutée ne possédait point encore pour les réunions des fidèles les édifices publics qui prirent ensuite le nom de basiliques : c’était dans les maisons particulières ou à l’ombre des Catacombes que les chrétiens s’assemblaient pour prier et pour célébrer les divins mystères.
Mort de saint Pudens. – Zèle apostolique de sainte Praxède et de sa sœur.
« Cependant, continue le prêtre Pasteur, Pudens s’en alla vers le Seigneur, laissant ses filles munies de la chasteté et savantes dans toute la loi divine. » Les deux sœurs vendirent alors tous leurs biens, afin de les distribuer aux chrétiens, parmi lesquels on comptait beaucoup de pauvres.
Fidèles à l’amour du Christ, fleurs de virginité, elles persévèrent ensemble dans les saintes veilles, le jeûne et la prière.
Elles avaient un grand zèle pour propager la foi autour d’elles ; dans ce dessein, elles témoignèrent au Pontife saint Pie Ier le désir qu’elles avaient d’ériger une piscine baptismale dans le titre ou église paroissiale fondée par leur père. L’évêque du Siège apostolique accueillit favorablement le projet, désigna de sa main le lieu où la piscine sainte devait être placée, et la construction fut faite sous ses ordres.
Pendant ce temps, les deux servantes du Christ réunirent tous les esclaves qu’elles possédaient à la ville et à la campagne. Ceux qui étaient chrétiens furent affranchis, et l’on commença à instruire les autres de l’Evangile. Quand ceux-ci eurent déclaré leur volonté d’être chrétiens, le Pontife Pie ordonna de faire la cérémonie légale de leur affranchissement dans l’église même, puis, à la fête de Pâques, quatre-vingt-seize néophytes y furent baptisés.
Sous le règne de l’empereur Antonin, dit le Pieux, règne qui coïncidait précisément avec le pontificat de saint Pie, l’Eglise et le monde connurent peut-être une époque de tranquillité. Cet empereur, originaire de Nîmes, qui construisit ou acheva le pont du Gard et les célèbres arènes de sa ville natale, était un païen épuré et élevé autant qu’un païen pouvait l’être. Il laissait, dit-on, dormir les édits persécuteurs ; on lui attribue même un rescrit, dont l’authenticité est admise par les uns et rejetée par les autres, et interdisant toute persécution, légale ou illégale.
De toute manière, cependant, il est prouvé qu’en plusieurs provinces, où la populace s’ameutait parfois contre les fidèles et demandait leur supplice, comme les lois leur restaient contraires, il était toujours possible à quelques magistrats zélés d’envoyer les chrétiens à la mort : et c’est ce qui se produisit à diverses reprises. En mettant les choses au mieux en ce qui concerne Rome, et en supposant que la tolérance y fut alors la règle générale, on peut définir cette situation par ce mot très moderne et qui a reçu en des temps plus récents une application analogue : « la police fermait les yeux ».
Quel que fût le régime auquel était soumise la religion du Christ à ce moment, la maison des deux vierges devint un lieu de réunions permanentes. Nuit et jour, le chant des hymnes s’y faisait entendre, et beaucoup de païens y venaient trouver la foi et recevaient le baptême en toute allégresse. Et comme les assemblées publiques des chrétiens demeuraient interdites, les Papes se retiraient secrètement chez elles pour offrir les saints mystères et administrer les sacrements aux fidèles qui les y venaient trouver.
Mort de sainte Pudentienne. – Mort de Novatus.
Or, la vierge Pudentienne étant morte la première, à un âge qu’il est difficile de préciser, sa sœur Praxède l’ensevelit : les chrétiens entourèrent son corps d’aromates et de parfums et le tinrent caché, par prudence, durant vingt-huit jours, dans l’intérieur de l’oratoire. Puis, le 14 des calendes de juin (le 19 mai), ils purent le transporter durant la nuit au cimetière de Priscille, sur la via Salaria, et le déposer près du corps de saint Pudens.
Ce cimetière chrétien, le plus ancien de tous, doit sa fondation au consul Glabrion, martyrisé sous Domitien en 91 ; on y rattache le souvenir de la première prédication de saint Pierre ; lieu toujours vénéré et vénérable, puisque sept Papes y avaient leur tombeau en une basilique qui a été restaurée en 1907.
La famille Pudens avait là une sépulture propre. C’est là qu’on transportait les restes des martyrs, à l’aide de chariots à deux roues nommés birotes, qu’employaient les maraîchers des environs de Rome pour apporter dans la ville les produits de leurs terres, ce qui permettait, en temps de persécution, de dissimuler un corps humain sous un monceau de provisions.
Praxède continua à habiter le titulus, après le départ de sa sœur bien-aimée. Les plus nobles chrétiens, avec le saint évêque Pie, la visitaient souvent, pour lui apporter des paroles de consolation.
Parmi eux était saint Novatus, homme très généreux, qui répandait ses aumônes dans le sein des pauvres de Jésus-Christ et consacrait ainsi tous ses biens en œuvres de miséricorde, demandant souvent à la vierge Praxède de se souvenir de lui dans ses prières. Le Martyrologe, au 20 juin, l’appelle le frère de Praxède, mais il convient sans doute de prendre ce mot dans le sens plus large de « frère dans le Christ ».
Ici nous laissons la parole au prêtre Pasteur :
Or, un an et vingt-huit jours après la déposition de Pudentienne, dans l’assemblée des fidèles on remarqua l’absence de Novatus. L’évêque Pie, dont la sollicitude embrasse tous les chrétiens, s’informa de lui. On apprit que Novatus était retenu par la maladie, et cette nouvelle nous affligea tous. La vierge Praxède, s’adressant alors à notre père le Pontife :
– Si vous l’ordonnez, dit-elle, nous irons visiter le malade ; peut-être vos prières obtiendront-elles du Seigneur sa guérison.
L’assemblée accueillit avec bonheur ces paroles. Profitant des ombres de la nuit, nous nous rendîmes auprès de Novatus.
Cet homme de Dieu, en nous voyant, rendit grâces au Seigneur de lui envoyer la visite du saint évêque Pie, de la vierge Praxède et de nous-même. Nous demeurâmes dans sa maison les deux jours qui suivirent. Dans cet intervalle, il lui plut de laisser au titulus et à la vierge Praxède tout ce qu’il possédait. Cinq jours après, il émigra vers le Seigneur.
Praxède demanda à saint Pie d’ériger un second titre ou église à côté de l’ancien, dans les thermes de Novatus, lesquels n’étaient plus en usagé et avaient une salle grande et spacieuse. Le Pape en fit la dédicacé sous le nom de la bienheureuse vierge Pudentienne. Plus tard, il dédia une autre église là où s’élève aujourd’hui l’église Sainte-Praxède, et il y établit un baptistère.
Retour de la persécution. – Mort de sainte Praxède.
A Antonin le Pieux succéda, en 161, Marc-Aurèle, l’empereur philosophe, aux principes rigides, dont on voudrait faire une manière de saint laïque, et qui versa plus de sang chrétien à lui seul que Néron et Domitien. C’est sans doute sous son règne que Praxède termina sa vie terrestre, et c’est bien ce qu’indique le Bréviaire romain quand il parle de la persécution de l’empereur Marc-Antonin, c’est-à-dire Marc-Aurèle, de la famille des Antonins.
Quelque temps après, une grande tourmente se déchaîna contre les chrétiens et beaucoup d’entre eux conquirent la couronne du martyre. Praxède, comme le dit le Bréviaire, s’efforça de venir en aide aux serviteurs de Dieu :
Elle les soulageait de ses biens, leur rendait elle-même tous les services qu’elle pouvait et les consolait dans leurs peines. Elle cachait les uns dans sa maison, exhortait les autres à demeurer fermes dans la foi, ensevelissait les corps de ceux qui avaient triomphé. Elle veillait à ce que rien ne manquât aux prisonniers et à ceux qui étaient condamnés aux bagnes.
Mais l’empereur Marc-Aurèle ayant appris que des réunions se faisaient au titre de Praxède, le fît investir par ses soldats, et beaucoup de chrétiens furent pris, notamment le prêtre Semmétrius et vingt-deux autres. Ils furent conduits au supplice sans même qu’on daignât leur faire subir un interrogatoire.
Praxède recueillit leurs corps durant la nuit, et elle les ensevelit au cimetière de Priscille le septième jour des calendes de juin.
D’un âge très avancé, cette pieuse femme n’aspirait plus qu’à l’éternel repos « dans le baiser du Christ ».
Ne pouvant supporter le spectacle de ces sanglantes persécutions, elle pria Dieu de la retirer du milieu de tant de maux, s’il était expédient qu’il en fût de la sorte. Le Seigneur l’appela au ciel vers ce temps-là pour récompenser sa piété.
Ainsi s’exprime le Bréviaire. Nous n’avons d’autres détails sur sa mort et sa sépulture que ceux de ses Actes, où nous lisons :
Praxède émigra vers le Seigneur, vierge consacrée, le 12 des calendes d’août. Moi Pasteur, prêtre, j’ai inhumé son corps près de celui de son père, dans le cimetière de Priscille, sur la voie Salaria.
Avec ces données on ne voit pas comment certains hagiographes ont pu ranger la pieuse femme au rang des vierges martyres.
Culte rendu à sa mémoire.
Praxède avait eu l’honneur de fournir un temple à Jésus-Christ et un asile à l’Eglise : une basilique s’éleva bientôt sous son vocable, dans la Ville éternelle, et c’est un des titres cardinalices les plus anciens.
L’église actuelle, confiée aux Bénédictins de Vallombreuse, est à trois nefs divisées par seize colonnes de granit, avec son maître-autel décoré d’un baldaquin, que surmontent quatre colonnes de porphyre. La tribune et le grand arc sont ornés de mosaïques anciennes ; dans la tribune se voit aussi un tableau, de Dominique Muratori, représentant la Sainte. La chapelle la plus remarquable, décorée, même à l’extérieur, de mosaïques anciennes, renferme une colonne transportée de Jérusalem en 1233, par le cardinal Jean Colonna, et qui, d’après la tradition, serait la colonne de la flagellation. Au milieu de l’église est un puits, dans lequel, affirme-t-on, sainte Praxède recueillait le sang des martyrs. On montre aussi une éponge avec laquelle elle l’avait pieusement les précieux restes de ces témoins de Jésus-Christ.
Le corps de sainte Praxède, que le Pape saint Pascal Ier fît retirer des Catacombes au ixe siècle, est honoré sous le grand autel. Le même Pape ordonna en même temps de transporter dans cette église les corps de deux mille martyrs : au jour de la résurrection, ils se lèveront pour escorter celle qui, de son vivant, se fît l’humble servante des confesseurs de la foi.
Saint Charles Borromée reçut, en novembre 1564, le titre cardinalice de Sainte-Praxède, et il enrichit beaucoup de ses bienfaits cette église qui lui était chère par son ancienneté et par la multitude de ses reliques. Non content de la restaurer et de l’embellir, le saint cardinal se fit construire dans ses dépendances une résidence qu’il ne cessa d’habiter dans la suite, tant qu’il resta à Rome. Une des chapelles, religieusement conservée, y perpétue le souvenir du grand archevêque de Milan.
Un des premiers documents iconographiques concernant sainte Praxède, dont nous constations l’existence, est un buste, sculpté sur la porte de bronze de l’église Sainte-Pudentienne, figure qui remonte au ve ou vie siècle. La Sainte est représentée tenant une lampe allumée, comme une vierge sage. En cette même église Sainte-Pudentienne se trouve une mosaïque fameuse du ixe siècle : Notre-Seigneur, assis sur un trône au pied de sa croix y est entouré de ses apôtres ; derrière ce groupe, deux matrones d’âge mûr tiennent chacune une couronne. Les célèbres archéologues Jean-Baptiste de Rossi et son élève Horace Marucchi reconnaissent en ces deux femmes sainte Praxède et sa sœur. On représente parfois Praxède et Pudentienne rendant aux martyrs les derniers devoirs. Le graveur Jacques Callot a de même figuré sainte Praxède épongeant le sang des martyrs sur une place publique.
Dans quelques parties de la France, cette Sainte est honorée sous le nom altéré de Pérussette.
Octave Caron.
Sources consultées. – H. Marucchi, notice au mot « Pudens » dans le Dictionnaire biblique de Vigouroux. – Abbé Martin, Les Vierges martyres, t. Ier (Paris, 1874). – Mgr Gerbet, Esquisse de Rome chrétienne. – (V. S. B. P., n° 752.)