Voici, presque dans son intégralité, le livre-interview disparu et mis à l’index il y a plus de trente ans. Dans cet entretien controversé de Hans Urs von Balthasar avec Vittorio Messori, le grand théologien suisse se lance dans une critique en règle de l’Eglise post-conciliaire, du progressisme, sans pour autant épargner les « lefébvristes » [1], et prend ses distances avec « l’oracle » de Vatican II, Karl Rahner.
Il propose une réforme « tridentine » des séminaires et critique vertement le théologien Hans Küng, le maître à penser du cardinal Walter Kasper. La réaction de ce dernier fut si violente qu’elle a provoqué la mise à l’index de ce livre qui fut à l’époque presque immédiatement retiré de la vente et envoyé au pilon avant de tomber dans l’oubli d’une véritable damnatio memoriae [2] couverte par la loi du silence.
Le plus frappant cependant c’est que cette interview nous semble pourtant terriblement actuelle : rien n’a vraiment changé depuis lors. Nous vous proposons donc de redécouvrir ce document non seulement rare mais véritablement introuvable.
Ce document que son auteur lui-même pensait définitivement perdu et tombé dans l’oubli. Il s’agit d’un livret édité vers septembre 1985, il y a bientôt trente deux ans. Un livre qui fut retiré de la vente et envoyé au pilon avant même son arrivée en librairie sur ordre de l’éditeur, qui avait à son tour reçu un ordre du quotidien catholique l’Avvenire, qui l’avait à son tour reçu du Vatican, qui l’avait reçu des progressistes allemands, qui à leur tour l’avaient reçu du démon qui les avait inspirés.
Ce livre a été condamné à l’oubli, tant et si bien qu’il n’apparaît dans aucune bibliographie des nombreuses études réalisés sur Hans Urs von Balthasar.
Il s’agit en fait d’un long entretien dans lequel le célèbre von Balthasar, à l’issue du synode extraordinaire de 1985, se confie à Vittorio Messori, lequel avait, peu de temps auparavant, lui-même lancé une autre bombe ecclésiale, le fameux Entretien sur la foi dans lequel, pour la toute première fois, un certain préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi [3] sonnait la fin de la récréation et des excès contestataires et délirants qui avaient suivi le concile, notamment concernant la théorie de la libération et ses dérives marxistes. Ce livre avait provoqué à sa sortie un véritable tremblement de terre à l’échelle planétaire.
Ce document constitue lui aussi une bombe qui fut, elle, immédiatement désamorcée par une réaction en chaîne des lobbies théologiques, une réaction qui effraya von Balthasar lui-même qui dut se résoudre à publier un démenti dans les journaux allemands[4].
Hans Urs von Balthasar, né à Lucerne (Suisse) le 12 août 1905 et décédé à Bâle (Suisse) le 26 juin 1988, est un prêtre catholique suisse du diocèse de Coire. Jésuite de 1928 à 1950 et théologien de grand renom, il est créé cardinal par Jean-Paul II en 1988, mais meurt quelques jours avant d’en recevoir les insignes.
Sa « théologie » est férocement libérale et très progressiste. Voici ce qu’en écrivait M. l’abbé Franz Schmidberger dans la Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 36 de février 1989 :
« Hans Urs von Balthasar, honoré du nom de théologien et nommé cardinal, [est] extraordinairement abscons. […] On remarque combien son idée de Dieu est fausse, sa conception de l’Homme-Dieu contestable, et comment sa doctrine sur l’Eglise, la Rédemption, le salut éternel contredit toute la tradition. »
La Porte Latine du 28 juillet 2017.
L’entretien entre Hans Urs von Balthasar et Vittorio Messori
« Je vous en prie, nous dit-il en nous congédiant après un long entretien, ne faites pas de moi une vedette. L’important, ce sont les problèmes et pas ma personne ». Il doit partir, nous l’avons retenu plus longtemps que prévu mais, par un trait qui révèle son attention aux personnes, il s’informe de notre programme et tient à nous donner quelques informations pratiques. « Je vous recommande le buffet de la gare : les prix sont raisonnables et on y mange pas mal ».
Il est grand et sec, vêtu d’habits sombres et austères, d’une lucidité perçante : à 80 ans, le « Maître de Bâle », « l’homme le plus cultivé du siècle », l’auteur de pas moins de soixante ouvrages qui ont profondément marqués notre époque (comme l’a confirmé le prix Paul VI qu’il vient de recevoir), Hans Urs von Balthasar est plus actif et plus présent que jamais.
Dans la Rome de Jean XXIII, on se méfiait déjà de lui, de son ouverture et de son attention aux signes des temps. Ce n’est qu’en 1969 que pris fin ce qu’il appelle lui-même son long exil avec l’invitation de Paul VI en personne à rejoindre la Commission théologique internationale associée à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Penseur parmi les plus modernes et pourtant incroyablement ancré dans la grande tradition de l’Eglise, le destin de von Balthasar a été celui d’autres grands maîtres de la théologie catholique, de Maritain à son grand ami et mentor de Lubac, qui ont été, comme lui, loués pour leur progressisme avant Vatican II et suspectés d’être trop modérés ensuite, tout au moins aux yeux des lobbies qui contrôlent et manipulent une grande partie de l’actualité de l’Eglise. Personne cependant, ni avant ni après lui n’a jamais mis en doute son incroyable stature théologique ni surtout, ce qui est plus important, spirituelle. Les nombreux volumes de La Gloire et la croix, son œuvre majeure, comptent déjà parmi les classiques mais tout le monde connait également son engagement dans la théorie et la pratique de la mystique qu’il considère comme le sommet de l’expérience religieuse.
Située dans l’Arnold Böcklin-Strasse de cette ville de Bâle qui est depuis des siècles un véritable creuset de théologie, de philosophie et d’aventures de la pensée, la petite maison de von Balthasar a cette grâce modeste et discrète si caractéristique de la Suisse allemande. Un portail donne sur un jardinet à peine plus grand qu’une plate-bande et en haut de l’escalier, le vieux professeur nous accueille et nous guide vers une étude jonchée de livres. En entrant, on ne peut s’empêcher de scruter les murs pour y trouver des indices révélateurs sur notre hôte. En effet, dans l’entrée elle-même, nous observons deux portraits révélateurs : Sainte Thérèse de Lisieux et le masque mortuaire d’Ignace de Loyola (von Balthasar fut jésuite jusque 1948 avant de passer ensuite vers le clergé diocésain, mû par un dessein d’apostolat bien précis).
L’étude est dominée par une grande statue en bois de la Vierge et au-dessus de la porte est suspendue cette tragique Crucifixion de Grünewald devant laquelle Dostoïevski tomba dans un délire épileptique : il s’agit sans doute de l’œuvre picturale qui illustre le mieux que « Jésus agonisera jusqu’à la fin du monde » comme l‘évoquait Blaise Pascal, cet autre grand maître à penser très cher à von Balthasar. Aux côtés de la Trinité, de Marie et de l’Eglise le « cas sérieux » de la Croix trône au centre de sa réflexion comme une sentence sur les optimismes humains trop faciles et superficiels.
Sur son bureau, devant une petite photo de Jean-Paul II, un exemplaire du Basel Zeitung est ouvert. Il s’agit de l’un des nombreux journaux du monde qui ont publié la dernière diatribe de Hans Küng contre le Pape et ses plus proches collaborateurs.
Au début de l’entretien, je lui demande spontanément s’il a lu le texte de son collègue qui, comme lui, est né dans le canton de Lucerne. Il hoche la tête d’un air triste et se met à parler d’une voix basse en me fixant droit dans les yeux :« Cela fait au moins dix ans que cet homme répète sans cesse la même chose. La seule chose qui a changé c’est que son ton est de plus en plus polémique. En réalité, depuis la publication de son livre « Etre chrétien », Hans Küng n’est plus chrétien. »
Vous voulez dire qu’il n’est plus catholique.
« Non, il n’est plus chrétien. Il suffit de lire ses derniers livres, même le tout dernier dans lequel il parle des autres religions. Kung n’est plus chrétien. Pour lui, Jésus n’était rien d’autre qu’un prophète et le problème se réduit à une discussion pour savoir s’il a été un prophète plus grand que le Bouddha, que Confucius ou que Mahomet. Ce n’est pas par hasard que l’Ayatollah Khomeini l’a invité en Iran pour donner des conférences dans lesquelles il a répété qu’il n’y avait qu’un seul Dieu et de nombreux prophètes. Désormais, pour lui – et il le dit d’ailleurs clairement dans son livre qui n’a pas encore été traduit en italien – le christianisme n’est qu’une voie de salut parmi d’autres. »
S’il en est vraiment ainsi, il est inutile de s’attarder sur ce « dialogue » qu’il réclame à grand cris avec la hiérarchie catholique.
« Küng a lui-même choisi de sortir de l’Eglise, il n’a plus donc rien à dire aux évêques. En réalité, il n’a même plus rien à dire à personne, à commencer par les protestants. En effet, depuis que son institut de théologie œcuménique a perdu la reconnaissance officielle de l’Eglise catholique, Küng ne représente plus que lui-même. Peut-être est-ce justement également à cause de la situation dans laquelle il se trouve qu’il a déplacé son discours de l’œcuménisme entre chrétiens vers l’œcuménisme avec les religions non chrétiennes. »
Et pourtant on a l’impression qu’il continue à exercer une certaine influence : la plupart des grands quotidiens des pays riches ont consacré plusieurs pages à son réquisitoire contre le Pape et contre Ratzinger.
« Il représente la pensée d’une certaine intelligentsia mais avec de moins en moins de poids. Il a perdu de l’influence en Allemagne et il n’est plus que rarement invité à des conférences, surtout dans les universités. C’est la raison pour laquelle il voyage à l’étranger : il a la réputation d’être un bon orateur et surtout, d’être un ennemi de Rome. Ce statut lui attire de nombreuses sympathies dans certains milieux. »
La virulence de son attaque contre l’actuel préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a même surpris ceux qui étaient au courant de ses relations tendues avec le professeur Ratzinger lorsqu’ils enseignaient tous les deux à Tübingen.
« Je crois qu’il est également exaspéré par sa perte d’audience. Par ailleurs, il ment lorsqu’il accuse Ratzinger d’avoir changé depuis qu’il « a fait carrière » comme il dit. Je connais Ratzinger depuis le début et il a toujours été pareil, il a toujours pensé pareil. En tout cas, ce n’est pas Ratzinger mais Küng qui attaque Vatican II en le jugeant encore « clérical », étroit, insuffisant et qui réclame un Vatican III. Ratzinger est fidèle au concile comme vous le démontrez dans votre « Entretien sur la Foi ». »
L’édition allemande n’est disponible que depuis quelques semaines. Vous l’avez déjà lue ?
« Bien sûr que je l’ai lue. Ce que j’en pense ? Il n’y a pas grand-chose à en dire : Ratzinger a raison. Certains considèrent comme étant du pessimisme ce qui n’est en fait que du réalisme : ceux qui ont le courage de la vérité doivent bien le reconnaître. Personne ne parle jamais de cette immense et épouvantable défection de prêtres et de sœurs qui sont partis et qui continuent à s’en aller par milliers. »
Donc, vous vous reconnaissez dans la lecture que fait Ratzinger de ces vingt dernières années ?
« On peut se demander si ce qui est arrivé a été causé par le Concile (et Ratzinger l’exclut) ou si les conditions qui ont provoqué le déchaînement de la crise étaient déjà présentes auparavant. Il est évident que Jean XXIII (le vrai [5], pas le personnage mythique qu’on a fait de lui après sa mort) ne s’attendait pas à ce que les choses se déroulent de cette façon. »
Pourtant, vous faites partie de ceux qui ont préparé le climat qui a abouti au Concile. Votre livre « Raser les bastions » est paru en 1952 et vous a valu pas mal d’ennuis avec Rome à l’époque.
« Il y a eu un quiproquo autour de ce livre. Je voulais que l’on « rase les bastions » non pas pour fuir l’Eglise mais pour permettre à l’Eglise d’être toujours plus missionnaire et d’annoncer l’Evangile avec toujours plus d’efficacité. »
L’intention initiale des Pères conciliaires était également missionnaire mais on a l’impression qu’au lieu de se projeter ad extra, on s’est replié ad intra entre nous dans d’interminables discussions sur des problèmes internes.
« Tout à fait, tous ces documents que personne ne lit, ces papiers que j’étais moi-même obligé de jeter tous les jours, toutes ces structures, ces administrations de nos conférences épiscopales et de nos diocèses ! Ce sont précisément ceux qui demandaient la simplification de la Curie romaine qui ont contribué à créer une constellation de mini-curies à la périphérie de l’Eglise. »
Donc, vous êtes d’accord avec ceux qui dénoncent le risque qu’avec cette hypertrophie des structures cléricales, l’Eglise finisse par se transformer en une gigantesque bureaucratie qui ne servirait qu’elle-même.
« Bien sûr. Relisons ensemble l’Evangile : Jésus a toujours confié une charge à une personne, jamais à des institutions. C’est sur la personne de l’évêque que se fonde l’Eglise et non pas les bureaux diocésains. Il n’y a rien de plus grotesque que de penser que le Christ aurait voulu créer des commissions ! Nous devons redécouvrir une vérité catholique : dans l’Eglise, tout est personnel, rien ne doit être anonyme. Pourtant, c’est bien derrière des structure anonymes que se cachent aujourd’hui tant d’évêques. Toutes ces commissions, ces sous-commissions, ces groupes et ces bureaux en tous genre… On se plaint que nous manquons de prêtres, et c’est vrai, alors que des milliers d’ecclésiastiques sont préposés à la bureaucratie cléricale. Tous ces documents, ces papiers que personne ne lit et qui n’ont d’ailleurs aucune importance pour l’Eglise vivante… la foi est bien plus simple que tout cela. »
Mais alors pourquoi, à votre avis, cela s’est-il produit ?
« Peut-être ont-ils l’impression de pouvoir ainsi affronter la crise, l’impression de faire quelque chose. Nous vivons dans un monde technique, alors on fait confiance à l’ordinateur. L’informatique a fait aujourd’hui son apparition dans nos diocèses et on dresse des tableaux de statistiques avec la fréquence des messes, le nombre de communions distribuées… Autant de choses qui n’ont strictement aucune espèce d’importance : il n’y a que Dieu qui devrait tenir ce genre de comptes parce que pour lui, une seule communion véritable a plus de valeur que dix mille communions superficielles enregistrées par l’ordinateur. »
Beaucoup pensent que c’est la crise du concept authentiquement catholique d’Eglise qui représente aujourd’hui le problème le plus urgent et qu’il faudrait en parler au synode.
« Peut-être que Vatican II a passé trop de temps à parler de la structure de l’Eglise. La Lumen gentium dont parle la constitution conciliaire, ce n’est pas l’Eglise, c’est le Christ. Il est clair que, avec une lecture erronée de Vatican II, on a fait de l’Eglise un groupe davantage social que mystérieux et sacramentel. Nous voyons en revanche que depuis le début, la communauté chrétienne possède une structure, une hiérarchie voulue par le Christ et basée sur le collège apostolique. Bien sûr que ce que les gens cherchent aujourd’hui, c’est le Christ et non l’Eglise qui, dans sa face visible, ne semble guère crédible à de nombreuses personnes qui vivent à l’extérieur de celle-ci. Nous devons insister davantage dans nos prédications sur l’unicité de Jésus, sur sa personne : c’est lui qui attire les hommes depuis toujours. Mais comme le rappelle justement Vatican II, nous ne devons pas oublier qu’il n’y a pas de Christ sans l’Eglise et nous devons donc en montrer l’absolue nécessité. »
Outre cette thématique ecclésiologique, quel autre sujet faudrait-il mettre au centre des travaux du prochain Synode extraordinaire ?
« On pourrait rappeler ce que disait mon ami Karl Barth, le grand théologien protestant qui, dans les dernières années de sa vie, déclarait dans une conférence radiophonique : « Ne faites pas, vous les catholiques, les bêtises que nous les protestants avons faites depuis un siècle. » ».
En parlant de bêtises, quelle est d’après vous, celle qu’il serait le plus urgent de soumettre à l’attention du Synode ?
« Peut-être s’agit-il du problème dont on a beaucoup parlé lors de la récente convention romaine sur Adrienne von Speyr. C’est-à-dire le problème de l’étude de la bible et de l’exégèse soi-disant « scientifique ». Ces spécialistes ont beaucoup travaillé mais il s’agit d’un travail qui ne nourrit pas la foi des croyants. Il faut redécouvrir une lecture plus simple de l’Ecriture et équilibrer l’exégèse « scientifique » avec une exégèse « spirituelle », qui ne soit pas technique et qui s’inscrive dans la grande tradition patristique. Je ne pense pas que le Synode puisse résoudre ce problème mais il pourrait peut-être donner un signe dans cette direction. »
Il est de toute façon impossible d’interdire par décret aux exégètes de faire leur travail.
« En fait, ce n’est pas ce que je dis. Je pense au drame que vivent ces mêmes spécialistes, souvent de bons et pieux chrétiens, qui doivent pourtant effectuer un travail qui soit du niveau des universités auxquelles ils appartiennent. C’est une condition qui n’est pas toujours facile à vivre. Les érudits ont bien sûr le droit de considérer l’Ecriture comme un vieux livre parmi tant d’autres qu’il conviendrait donc d’étudier en utilisant les mêmes techniques que pour les autres textes. Mais l’écriture qui compte pour la foi, ce n’est pas celle-là : ce qui compte c’est la bible en tant que lieu où l’Esprit Saint parle du Christ d’une façon nouvelle à chaque génération. »
Cette approche « scientifique » de l’Ecriture semble avoir des retombées et des conséquences déconcertantes dans la pastorale quotidienne.
« En effet, les hypothèses des spécialistes parviennent aux prêtres et aux laïcs diluées voire déformées et elles font des dégâts. J’écoutais encore récemment une homélie dans laquelle un curé expliquait la rencontre des disciples avec le Christ sur le chemin d’Emmaüs, se sentant obligé de préciser à ses auditeurs qu’il ne s’agissait pas d’un épisode « historique ». Ce doute finit par envahir la réalité et la matérialité mêmes des racines de la foi : le récit de la Résurrection. »
Peut-être que chez les gens ordinaires, cette confusion est aggravée par le fait que la catéchèse n’atteint plus grand-monde. Certains enseignants prétendent que de nombreux laïcs se ruent sur les cours de théologie sans pour autant en maîtriser les bases, c’est-à-dire le catéchisme.
« Oui, il faudrait revenir à des catéchèses sérieuses, authentiques. Là aussi Ratzinger a raison : nous devons retrouver la structure indispensable de toute catéchèse véritable : le Credo, le Pater, les sacrements, le Dieu créateur, le Dieu rédempteur, l’Esprit qui vit dans l’Eglise. On ne peut plus accepter que chacun se fasse son propre texte à sa mode : il y en a des centaines en circulation rien que chez nous, en zone germanophone. Souvent, ils ne sont même pas authentifiés par les évêques. »
Pourtant, certains catéchismes officiels (comme Pierres Vivantes en France) ont été approuvés par la Conférence épiscopale nationale au grand complet mais ont malgré tout essuyé des critiques de Rome et ont dû être modifiés par la suite.
« Nous revenons à ce que je disais concernant les structures anonymes : ce sont souvent des groupes anonymes, des bureaux ou des commissions et non des évêques à proprement parler avec un nom et un prénom qui donnent ces autorisations. Je pense également que certains évêques éprouvent une sorte de crainte à l’égard de certaines minorités agressives. On raconte que dans plusieurs cas, quatre ou cinq personnes ont pris la mains sur des conférences épiscopales tout entières, et non des moindres. »
Il faut également avouer que les problématiques auxquelles certaines Conférences sont confrontées sont tellement épineuse qu’il est difficile d’obtenir l’unanimité. La Conférence épiscopale brésilienne, par exemple, se retrouve à devoir gérer un cas complexe comme celui de Leonardo Boff.
« Léonard Boff, comme Hans Küng, n’est plus chrétien. »
C’est grave, ce que vous dites.
« Ce n’est pas moi qui le dit, c’est lui dans son livre « Passion du Christ, passion des hommes », dixième édition, dans lequel il admet ne pas croire à la divinité de Jésus. Il soutient ce que soutenait déjà Albert Schweitzer au début de ce siècle. Comme lui, Boff considère comme un acquis que la divinisation de Jésus soit l’œuvre des disciples après la Passion et que donc Jésus n’aurait été qu’un prophète qui annonçait l’arrivée imminente du Royaume. Le Royaume n’est pas arrivé, l’échec a été total. A la lumière de cette interprétation, le cri sur la croix (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ») n’exprimerait que le désespoir d’un homme qui aurait échoué. »
Cette résurgence des vieilles thèses du libéralisme de la Belle Époque européenne pourrait également confirmer ce que beaucoup soupçonnent déjà : certaines théologies de la libération ne sont que des exportations vers le Tiers-Monde des produits désormais démodés de quelques intellectuels occidentaux.
« Il y a du vrai dans ce que vous dites. Les fondements de ces théologies de la libération proviennent bien d’Europe mais certaines applications violentes ont été élaborées sur place. L’un des pères de la théologie de la libération, l’allemand J.B. Metz, a donné des conférences en Amérique latine mais là-bas, de nombreuses personnes l’ont jugé trop abstrait et ont voulu transformer ses théories en révolution armée. Je crois que le document de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a raison : on ne peut pas utiliser les analyses marxistes comme si elles n’étaient qu’un outil technique ordinaire. »
L’influence réelle de certaines théologies de la libération sur les populations fait encore débat : d’aucuns prétendent qu’il s’agit encore d’un phénomène élitiste.
« Beaucoup pensaient que la révolution marxiste aurait eu lieu en quelques années seulement. Ça n’est pas arrivé mais aujourd’hui on endoctrine le peuple, en le « conscientisant » par des publications centrées sur le Christ libertadòr, le « nazaréen subversif ». Ratzinger a donné la priorité à ce problème parce qu’il touche à des points fondamentaux de la foi. Il est urgent de faire quelque chose là-bas. Les théologiens ne doivent plus s’improviser sociologues ou économistes. Il me semble que toutes les théologies de la libération oublient que l’essentiel du Nouveau Testament, c’est la charité : il n’y a besoin de rien d’autre, il suffit de la vivre. »
De nombreuses personnes vous répondraient que la charité c’est justement d’aider les pauvres à faire la révolution.
« Même le Pape a dit qu’il fallait privilégier les pauvres (c’est l’Evangile) mais à Puebla,il a également répété très clairement que le christianisme doit s’abstenir de toute forme de violence et que le clergé ne doit en aucun cas prendre part à une politique partisane. Les « pauvres de Yahvé » de la Bible n’ont rien à voir avec le prolétariat de Marx. »
Les problèmes sont tellement nombreux et importants que certains, sur base de l’actualité de ces derniers mois, craignent que l’Eglise ne devienne ingouvernable depuis Rome.
« Vatican II utilise le terme de « communion hiérarchique » pour désigner la communion de tous les évêques avec Rome, symbole visible de l’unité. On est en droit de se demander si certains évêchés entretiennent encore avec le pape cette « communion d’amour » dont parle, par exemple, Saint Cyprien. »
Vous revenez sur le sujet des Conférences épiscopales.
« Le Concile n’a consacré qu’une petite phrase à ces Conférences. Certains, de toute évidence, en ont fait une question centrale. Quand la structure devient trop pesante, l’évêque finit par être paralysé. »
Que pensez-vous de l’état actuel de la liturgie ?
« Si je me réfère à la zone germanique, j’ai l’impression qu’elle est sobre et que, si elle est bien mise en œuvre (c’est-à-dire de façon beaucoup plus respectueuse du sacré), elle est plutôt bien acceptée par la majorité de ceux qui vont encore à l’église. »
C’est une réponse rassurante dans la mesure où elle répond à certains milieux intégristes qui ont fait de la réforme liturgique leur cheval de bataille. D’autant plus que le centre du mouvement lefébvriste se trouve justement ici, en Suisse. On oublie trop souvent que c’est de là que proviennent des attaques très dures dirigées contre le Pape et contre Ratzinger.
« Monseigneur Lefebvre et les siens ne sont pas les vrais catholiques. L’intégrisme de droite me semble encore plus incorrigible que le libéralisme de gauche. Ils croient déjà tout savoir et n’avoir plus rien à apprendre. Par ailleurs, ils prétendent être fidèles aux papes mais uniquement à ceux qui leur donnent raison, c’est un peu contradictoire. Cependant ces attaques en tenaille, sur deux fronts à la fois, sont typiques de la phase qui suit chaque concile. »
En voyageant en l’Europe et en Amérique du Nord, on a l’impression que les religieuses, les sœurs, sont plus déconcertées que les autres par une certaine prédication et qu’elles souffrent peut-être davantage de cette crise.
« Pour apporter une réponse juste aux problèmes de la femme dans l’Eglise, il faut rendre la place qu’elle mérite à une mariologie à la fois très sobre et très juste. Il faudrait rappeler à tous les catholiques – à commencer par les femmes – que, dans l’Eglise, Marie occupe une place encore plus importante que celle de Pierre. L’Eglise est une réalité féminine qui se trouve devant les successeurs, masculins eux, des apôtres : le principe marial (donc le principe féminin) est plus important que cette hiérarchie elle-même qui est confiée à la composante masculine. Certaines sœurs – souvent poussées par certaines théologies masculines – ne voient que les curés, les prêtres, et pensent ainsi que l’ordination sacerdotale représente le pouvoir le plus élevé dans l’Eglise. Mais c’est du cléricalisme, ça. Marie – et il ne s’agit pas ici de faire de sentimentalisme – est le cœur de l’Eglise. Un cœur féminin que nous devons apprécier à sa juste valeur, en équilibre avec le service de Pierre. Il ne s’agit pas là de dévotionalisme mais d’une théologie qui s’inscrit dans la grande tradition catholique. »
Donc, la dévotion mariale si singulière de Jean-Paul II revêtirait également une signification théologique bien précise ?
« Tout à fait. Le Pape sait que la base de l’Eglise ce n’est pas lui mais bien Marie. Ce n’est pas par hasard qu’il a choisi « Totus Tuus » comme devise de son pontificat. Il n’est sans doute pas nécessaire de proclamer de nouveaux dogmes mariaux mais nous devons redécouvrir la richesse de ceux qui existent déjà et qui sont indispensables à l’équilibre de la foi authentique. »
Les religieuses sont souvent en crise. Mais le malaise des prêtres existe aussi depuis un certain temps. Quelles en sont les causes principales ?
« Il est souvent très difficile d’être envoyé dans des paroisses déchristianisées où le curé ne compte plus. Il fut un temps où il était le centre de tout et maintenant il doit courir derrière les gens pour tenter de les retenir. Pour affronter et supporter cette situation, il faudrait une autre formation des prêtres. »
Que voulez-vous dire ?
Il faudrait retourner à un modèle de séminaire traditionnel, je dirais même « tridentin », avec quelques adaptations prudentes. Je serais d’accord de ne pas permettre à la plus grande partie des jeunes séminaristes d’étudier dans les universités comme c’est le cas actuellement. Ils devraient étudier dans de vrais séminaires, qui soient sérieux, « cléricaux », qui les formeraient donc à devenir des « clercs » et qui seraient en mesure de les préparer à leur service toujours plus difficile. Les universités externes ne peuvent pas faire cela. L’Evêque devrait avoir la possibilité de recréer des séminaires selon les indications données par Rome et de nommer des professeurs de confiance. Mais souvent, même s’il voulait le faire, il en serait empêché par toutes ces structures qu’on a créées autour de lui. »
Vous dressez un bilan contrasté du concile, entre zones de lumière et zones d’ombre. Cela semble être également le cas dans la réalité.
« Chaque Concile a été suivi d’une période de chaos. Il faut également mettre dans la balance certaines choses qui sont en train de naître comme de jeunes pousses, encore petites mais déjà vigoureuses, et qui ont été semées par le Concile. Aujourd’hui on trouve dans les chaires de théologie une génération qui avait 18–20 ans en 1968 et dont l’enseignement est caractérisé par un esprit libéral et contestataire. Il n’y a plus de grands théologiens comme autrefois. Mais une nouvelle génération est en train d’arriver, des jeunes qui se rebellent contre un certain conformisme et qui ont l’intention de faire une théologie qui soit à la fois ouverte à l’Écriture et qui s’inscrive dans la grande tradition catholique. Même parmi les théologiens qui sont actuellement en place, on peut trouver des personnes solides qui sont en train de repenser la foi d’une façon entièrement nouvelle. Ratzinger a fait du bon travail dans ce sens. Laissons travailler l’Esprit : certains germes sont en train de sortir de terre et ils ne vont certainement pas à l’encontre du Concile authentique mais en sont au contraire issus. »
Le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi compte également les nouveaux mouvements ecclésiaux parmi ces signes d’espérance.
« Il a raison. Ils constituent, entre autre, la possibilité pour l’Eglise de faire une théologie vivante. Mais chez certains d’entre eux, cet élan magnifique s’accompagne d’une tentation de repli sur soi. Le danger pour certains serait de se transformer presque en sectes et de se refermer sur soi-même alors qu’il faut, plus que jamais, « raser les bastions », c’est-à-dire se projeter dans la mission et vers le monde. »
Ne s’agit-il pas en fait d’un repli instinctif pour tenter de sauvegarder une identité catholique qu’ils sentiraient menacée ?
« Je voudrais mettre sur pied un institut séculier auquel je souhaiterais transmettre un esprit véritablement catholique, une identité d’Eglise bien claire. Mais, au-delà de cela, je désire qu’il soit le plus ouvert possible à tous. Il faut surveiller sa maison et la garder bien rangée mais les portes doivent rester grandes ouvertes à tout qui voudrait entrer. »
Vous avez été formé dans l’Eglise préconciliaire et vous y avez travaillé de nombreuses années. Vous avez ensuite vécu, en tant que théologien, ces deux décennies qui ont suivi le Concile. Quelles sont selon vous les différences les plus marquantes entre ces deux phases ?
« Mon ami et maître de Lubac a raison et Ratzinger lui aussi a raison lorsqu’ils refusent de parler d’Eglise « pré » ou « post » conciliaire. Il n’y a qu’une seule Eglise. Je vois les mérites et les défauts de l’avant et de l’après mais ce qui me semble le plus important c’est de vivre l’essentiel de l’Eglise et cela n’a pas changé et ne changera jamais. Il ne faut pas trop raisonner sur l’Eglise : il faut avant tout la vivre. Tout en sachant qu’elle n’a toujours été qu’un modeste troupeau et qu’elle le restera toujours. »
Il y a une photo du Pape sur votre table. Cela confirme ce qu’on dit sur l’amitié et l’estime profonde que vous portez à Jean-Paul II. Et l’on sait que ces sentiments sont réciproques.
« En effet. J’aime beaucoup ce Pape. Mais au fond, ce n’est pas ça l’important. L’important pour toute l’Eglise c’est plutôt que cet homme vive de prière. Lorsqu’il rentre de ses voyages éreintants, sa suite toute entière – des prélats aux journalistes – est rompue de fatigue. Lui pas, il est rayonnant : c’est la prière qui le nourrit. Quand il est venu ici en Suisse, quelqu’un l’a insulté à Einsiedeln. Il s’est tu et ensuite, on ne sait pas bien comment, il a disparu. Peu après, on l’a retrouvé dans une petite chapelle, prosterné devant le tabernacle. Je l’ai rencontré à son retour à Rome : il était frais et dispos comme jamais. « Votre Sainteté, lui dis-je, comment faites-vous pour ne jamais être fatigué ? ». Il m’a répondu en riant : « Ce voyage en Suisse n’était qu’un entraînement pour me préparer à ma visite aux Pays-Bas. » [NDR. Où, de fait, la contestation clérico-progressiste y atteint le paradoxe de ces dominicains qui lancèrent des pavés sur le Pape] Son secret, c’est cette prière dans lequel il est plongé en permanence. »
Parmi les choses qui préoccupent le plus le Pape dans ses voyages hors d’Europe, il semble qu’il y ait la chute des efforts missionnaires vers les non-chrétiens.
« Oui et on peut en imputer la responsabilité à une certaine interprétation, diluée et sans doute tronquée, de la théologie de Karl Rahner et de sa théorie du « chrétien anonyme ». Rahner a sans doute fourni l’occasion à certains théologiens d’exprimer ce qu’ils pensaient tout bas : selon eux, la grâce se trouve déjà en chaque homme, quel que soit sa foi (ou son absence de foi) et la mission du chrétien serait uniquement celle d’affermir ces gens dans leur conviction. Par ailleurs, je pense qu’on a accordé une attention exclusive, ou en tout cas excessive, à l’émancipation socio-économique alors que la première richesse que nous devons donner aux pauvres, c’est l’Évangile. Nous ne pouvons pas reporter l’annonce du Christ mort et ressuscité jusqu’à ce que tous les problèmes économiques soient résolus. »
En tant que Suisse de langue allemande, vous avez toujours été particulièrement attentif au problème des rapports entre les différentes confessions chrétiennes. Que pensez-vous de l’état actuel de l’œcuménisme ?
« Malheureusement, le dialogue s’est révélé être un phantasme, une chimère. Il n’est pas possible de dialoguer avec les Eglises qui n’ont pas cette unité visible et concrète qu’est la papauté. Les Eglises protestantes sont tellement fragmentées sous tant de dénominations et même divisées en leur sein qu’il est possible de s’entendre avec une personne, avec un théologien mais ça s’arrête là parce que d’autres viendront dire qu’ils ne sont pas d’accord. J’en fait l’expérience avec Karl Barth : après de nombreuses rencontres et un travail acharné, nous pensions avoir atteint une base d’accord possible. Mais lorsque nous l’avons rendue publique, un autre professeur de théologie de Zurich s’est immédiatement insurgé, puis un autre et encore un autre, eux aussi protestants mais en désaccord complets avec ce que Barth disait. Il en va de même partout dans le monde issu de la Réforme : personne ne pourra, par exemple, faire en sorte que l’anglicanisme soit une Eglise, divisé en différentes souches comme il l’est ».
C’est une situation décevante mais qui, il faut l’espérer, ne s’applique pas aux Eglises orthodoxes orientales.
« Malheureusement si. On a beau se mettre d’accord avec Athénagoras, il y aura toujours un autre métropolite, un autre archimandrite ou un autre évêque qui ne sera pas d’accord. Même dans le discours œcuménique, il faut du réalisme : la situation (et nous l’avons vu récemment avec le document de Lima sur le Baptême, l’Eucharistie et le Mariage qui a demandé beaucoup de travail et qui a été rejeté par de nombreuses Eglises) ne permet pas de se faire d’illusions. »
Sources : benoit-et-moi /papale.com /Antonio Margheriti /Vittorio Messori
- Mgr Lefebvre et les siens ne sont pas les « vrais catholiques » déclare-t-il au cours de cet entretien.[↩]
- Damnatio memoriae ? Voici ce qu’en dit Vittorio Messori : « Ce livre a provoqué une telle polémique que l’éditeur – je pense qu’il s’agissait de l’Ancora – l’a fait retirer des librairies. Principalement parce que von Balthasar disait que Hans Küng n’était, non seulement plus catholique, mais qu’il n’était plus chrétien du tout. Une bagarre s’en suivit avec un Küng écumant de rage, tant et si bien que von Balthasar lui-même prit peur et prétendit qu’il n’avait jamais dit cela. Mais lors de cette interview, j’étais accompagné de Folloni qui était alors directeur du quotidien l’Avvenire. Aussi bien l’Avvenire que l’éditeur décidèrent que ce livre (qui n’était en fait qu’une petite brochure) n’était qu’un événement regrettable nul et non avenu. Sapristi, nous en aurions des histoires à raconter, nous autres les vieux… »[↩]
- Le cardinal Joseph Ratzinger. Le 25 novembre 1981, quatre ans et demi après leur première rencontre, Jean-Paul II nomme le cardinal Ratzinger préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi[↩]
- Voici ce que Messori précise concernant cette affaire théologico-internationale : « En tout cas, von Balthasar a eu une réaction mesquine qui nous a mis dans l’embarras. Comme il n’avait pas vu d’enregistreur, il s’était ravisé et inquiété de ce qu’il avait dit et il tenta de me coincer en prétendant qu’il n’avait jamais dit que Küng n’était plus chrétien. Mais à Bâle, j’étais accompagné de Guido Folloni qui, flairant la polémique, avait mis son enregistreur en poche et en avait fixé le micro à la boutonnière, masqué par je ne sais quel écusson. Sans doute celui de l’AC Reggio dont il était supporter. Espérant donc couvrir ses arrières au moins en zone germanique, von Balthasar publia un démenti en me traitant de manipulateur dans les colonnes du Frankfurter Allgemeine Zeitung. Naturellement, j’en fus rapidement informé et je lui fit parvenir une copie de l’enregistrement par courrier. Il bredouilla des excuses et continua à parler de quiproquo alors qu’il avait répété par trois fois, en tapant du poing sur la table dans son superbe chalet de Bâle : « Ich wiederhole, meine Herren : Küng ist nicht mehr christlich !». (Je le répète, messieurs : Küng n’est plus chrétien ! ).[↩]
- Lire : Intéressante révélation concernant Jean XXIII, Jean Madiran – Itinéraires novembre 1980, Véritable attitude de Jean XXIII dans la préparation du Concile et de ses schémas préparatoires, Cardinal Suenens – 1985et La « bonté » de Jean XXIII – Etude complète , par l’abbé Michel Simoulin – Mars-avril 2000[↩]