Mes bien chères sœurs,
Mes bien chers frères,
Dans quelques instants, nous allons, selon la coutume de l’Église, selon la tradition, bénir ces vêtements religieux, ces croix, ces médailles, ces anneaux, ces voiles, ces crucifix.
Pourquoi tout cela ? Pourquoi ces bénédictions ? Pourquoi ces habits religieux ? Est-ce qu’à notre époque, il ne serait pas préférable d’abandonner ces coutumes qui semblent ne plus avoir de signification ? Et nous demandons donc à l’Église, dans sa tradition, pourquoi ces bénédictions, pourquoi ces habits religieux, pourquoi ces bénédictions.
Et l’Église nous répondra : Parce que ces personnes qui vont les revêtir, veulent devenir religieuses. Et nous interrogerons de nouveau l’Église pour lui demander : Mais qu’est-ce donc qu’une personne qui devient religieuse ?
Et nous ouvrirons la loi de l’Église, que l’on appelle le Droit canon et nous trouverons dans le Droit canon qu’une religieuse est une personne qui prononce les trois vœux de religion : vœux d’obéissance, de chasteté et de pauvreté.
Mais tout cela me semble bien formel, me semble bien de la lettre. Qu’est-ce donc qu’une personne qui prononce ces trois vœux et que signifient ces trois vœux ?
Ces trois vœux signifient que la personne qui se consacre comme religieuse abandonne les plaisirs de la chair ; abandonne tout ce que l’argent peut procurer ici-bas et abandonne également sa propre volonté.
L’obéissance est le vœu par lequel la religieuse abandonne sa volonté dans les mains de ses supérieures.
Le vœu de chasteté est celui par lequel la religieuse sacrifie les joies qu’elle pourrait avoir de la maternité.
Et le vœu de pauvreté est la signification que la religieuse désormais méprise les biens de ce monde et ne veut pas pouvoir profiter de tout ce que l’argent – légitimement ou hélas illégitimement – peut nous procurer ici-bas.
Mais enfin tout cela semble avoir plutôt un aspect, disons négatif, un aspect de pénitence, un aspect d’austérité, de renoncement, d’abnégation. Est-ce vraiment tout cela et seulement cela la religieuse ? N’y a‑t-il pas autre chose et n’est-ce pas un motif plus élevé que le simple désir de faire pénitence et qu’apparaître aux yeux du monde, comme une personne qui méprise le monde ? N’y a‑t-il pas un motif plus profond pour prononcer ces vœux ?
Eh oui, mais bien sûr qu’il y a un motif beaucoup plus profond et que tout cela ne signifierait rien, absolument rien, s’il n’y avait Celui qui attire la religieuse, qui l’attire à Lui. Vous devinez : il n’y a qu’un Nom dans les Cieux et sur la terre qui puisse attirer à ce point les âmes pour se consacrer à Lui, nous l’avons dit : C’est Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voilà la clef du mystère. Voilà Celui qui a touché le cœur de la religieuse, touché le cœur du religieux, du prêtre et – je dirai – presque aussi et toute proportion gardée, le cœur de tous les chrétiens.
Il n’y a qu’un seul Nom ici-bas qui nous ait été donné pour nous sauver, pour avoir la vie éternelle, une seule Personne qui ait versé son Sang, qui ait racheté nos péchés : Notre Seigneur Jésus-Christ.
Quelle est donc cette Personne qui a le privilège de pouvoir ainsi lier les cœurs, s’attacher les cœurs de telle manière que les personnes qui veulent devenir religieuses, abandonnent tout ce qui fait la joie en apparence, la joie d’ici-bas ?
Qui est donc Notre Seigneur Jésus-Christ ? Qu’a‑t-il fait pour nous ? Qu’est-Il pour nous ? Et si l’on jette un coup d’œil sur l’Histoire depuis que Notre Seigneur est monté au Ciel, le nombre de martyrs de tous les âges, de toutes les conditions, qui ont donné leur sang pour suivre Notre Seigneur Jésus-Christ, parce qu’ils adoraient Notre Seigneur Jésus-Christ, parce qu’ils aimaient Notre Seigneur Jésus-Christ, parce qu’ils lui obéissaient, à ce seul Nom ils étaient prêts à verser tout leur sang.
Que de martyrs, que de peuples entiers, à cause de leur foi, ont été massacrés parce qu’ils croyaient en Notre Seigneur Jésus-Christ. Que de vocations, que de monastères, que de couvents se sont élevés pour enfermer ces personnes qui ont voulu passer toute leur vie à prier, à adorer, à servir Notre Seigneur Jésus-Christ. Que de générosité, que de charité, ce seul Nom a soulevé dans toute l’humanité !
Dans les foyers chrétiens, le nom de Jésus honoré, donne les vertus familiales, fait d’un foyer, un foyer chrétien, un foyer où l’on se respecte, où l’on s’honore au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Que d’âmes se sont dévouées, pendant toute leur vie, pour servir les malades, pour servir le Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ souffrant ; dans les hôpitaux, dans les dispensaires, dans les léproseries, partout où le Corps de Jésus-Christ souffrait, il y avait des âmes qui se sont offertes. Pourquoi ? Uniquement pour ces personnes qui souffraient ? Non. Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Que de personnes se sont penchées pour enseigner la foi, le catéchisme, l’enseignement religieux aux enfants, aux familles, ont passé leur vie dans l’enseignement catholique, dans l’enseignement chrétien. Pourquoi ? Pour faire connaître Notre Seigneur Jésus-Christ.
Aujourd’hui encore, notre Épître, notre Évangile, ne disent pas autre chose. C’est ceci notre foi : Nous croyons que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Et parce que nous croyons que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, qu’il est Dieu Lui-même – per quem omnia facta sunt – par qui tout a été fait. Nous avons été faits par Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous sommes les créatures de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et Il a versé son Sang pour nous. Et Il est venu ici-bas pour se sacrifier pour nous. Alors nous voulons aussi, nous, nous sacrifier pour Lui. Voilà ce que c’est que la religion. Voilà ce que c’est que de se faire religieuse.
Mes chères sœurs, si vous n’êtes pas attachées à Notre Seigneur Jésus-Christ pendant toute votre vie, vous n’avez aucune raison de devenir religieuses, aucune. C’est pour cela que vous allez recevoir votre habit religieux, pour manifester Notre Seigneur Jésus-Christ par votre habit religieux ; que vous allez recevoir votre voile, que vous allez recevoir votre médaille ; que vous allez recevoir votre crucifix ; que vous allez être bénie au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ ; mais alors, peut-être que les pères et les mères de famille pourront dire : Oh, mais c’est bien agréable d’être religieuse. On se sépare sans doute de bien des joies, mais aussi de bien des difficultés. Certainement les couvents, les monastères doivent être des Paradis, puisque c’est l’Église elle-même qui le dit : Ubi Jesus ibi paradisus : « Où est Jésus est le Paradis ». Si donc Jésus est dans les communautés religieuses, le Paradis est dans les communautés religieuses.
Et sans doute, cela devrait être, peut-être. Mais le Bon Dieu ne permet pas que le Paradis soit icibas. Et au contraire, bien au contraire, Il nous a promis la Croix ; Il nous a promis le sacrifice, même dans les communautés religieuses ; ce serait une grave erreur de croire que nous pouvons ici-bas trouver un endroit où nous serions comme au Paradis ; le Paradis est pour après notre mort. Au cours de notre existence nous avons à porter notre croix, que ce soit les époux chrétiens, que ce soit les religieux et les religieuses, les prêtres, nous avons tous à porter notre croix.
Nous ne pouvons pas trouver Notre Seigneur Jésus-Christ ici-bas, sans Le trouver avec sa Croix. Si nous Le trouvons. Notre Seigneur Jésus-Christ nous impose sa Croix. « Portez votre croix et suivez-moi ». Si vous voulez parvenir à la vie éternelle, portez votre croix et suivez-moi. Il n’a pas dit : je vous donnerai le bonheur ici-bas. Il nous a dit : Vous aurez la vie éternelle au Ciel, mais portez d’abord votre croix.
C’est pourquoi, mes chères sœurs, ne vous faites pas d’illusion, vous commencez un chemin de croix. Un chemin de croix, comme l’a dit Notre Seigneur : « Mon joug est suave et mon fardeau est léger ». Portée avec Notre Seigneur Jésus-Christ, en suivant Notre Seigneur Jésus-Christ, la croix devient légère. Bien plus, sachant que cette croix nous assimile à Notre Seigneur Jésus-Christ, nous fait ressembler à Notre Seigneur Jésus-Christ ; sachant que par sa Croix, nous participons à la Rédemption du monde, quand bien même notre sang devrait couler en portant cette croix, notre sang sera mélangé à celui de Notre Seigneur et que toutes les âmes seront sauvées.
Toute souffrance, la moindre petite souffrance est une occasion de mêler notre sang à celui de Notre Seigneur Jésus-Christ pour la Rédemption du monde, pour la Rédemption de nos âmes. Alors, comme il fait bon d’être avec Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est pourquoi les saints, les martyrs ont voulu souffrir. Ils ont désiré la Croix. Souvenez-vous de cette parole de saint André voyant sa croix, la croix sur laquelle il allait être attaché : O bona crux : « Ô bonne croix ». Saint André savait qu’attaché sur la croix, il ressemblerait davantage à Notre Seigneur et qu’il monterait au Ciel et que partageant Ses souffrances, il sauverait des âmes.
Et alors, de loin, l’apercevant, il s’écriait : O bona crux. Puissiez-vous, vous aussi dire, plus tard et tous les jours de votre vie lorsque les croix pèseront un peu lourd sur vos épaules : O bona crux. Parce qu’elles vous unissent davantage à Notre Seigneur Jésus-Christ ; parce qu’elles vous font comprendre davantage toutes les souffrances de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et d’autant plus que vous, vous avez comme Patronne particulière la très Sainte Vierge Marie : Notre-Dame de la Compassion, Notre-Dame des sept douleurs. Si Notre-Dame, elle qui n’a pas eu un seul péché, qui est immaculée dans sa conception, qui n’a pas péché ici-bas, a mérité de souffrir avec son Divin Fils, de telle sorte que son cœur a été comme transpercé par un glaive, elle qui ne le méritait pas, eh bien, nous qui le méritons par nos péchés, oserions-nous ne pas ressembler à la très Sainte Vierge Marie ?
Demandez à votre Sainte Patronne, à la très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de la Compassion, Notre-Dame des sept douleurs, de vous apprendre à souffrir avec Notre Seigneur Jésus-Christ et alors vous participerez un jour à sa gloire.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.