Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmation – 6 juin 1976

Mes bien chers enfants,

C’est sur­tout à vous que je m’adresserai, puisque dans quelques ins­tants, c’est vous qui allez rece­voir le sacre­ment de confirmation.

Et je vous deman­de­rai volon­tiers, pour­quoi vous êtes venus dans cette cha­pelle ? Pourquoi venir ici à Écône pour rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion, alors que vous avez vos paroisses, que vous avez vos évêques, pour­quoi ne pas leur deman­der de vous don­ner le sacre­ment de confir­ma­tion ? Et je pense inter­pré­ter vos pen­sées et par­ti­cu­liè­re­ment la pen­sée de vos parents, en répon­dant à cette ques­tion : Que dans le trouble dans lequel se trouve aujourd’hui la Sainte Église, dans la confu­sion dans laquelle, tout ce qui s’est pas­sé après le concile, a jeté le trouble dans la pra­tique des sacre­ments, cela explique que, crai­gnant que les sacre­ments qui sont don­nés – dans cer­taines paroisses au moins, dans cer­tains dio­cèses – ne soient pas cer­tains au point de vue de leur vali­di­té, on com­prend très bien que vos parents vous demandent de venir ici à Écône. Pourquoi ?

Parce qu’ici, la céré­mo­nie qui va se dérou­ler dans quelques ins­tants, est la céré­mo­nie qui a été faite et qui s’est dérou­lée depuis des siècles dans l’Église. Ce que je ferai, dans quelques ins­tants pour vous, n’est autre chose que ce que l’Église nous a pres­crit de faire pen­dant des siècles.

Je ne ferai abso­lu­ment rien d’autre. Et mon inten­tion est de vous don­ner le sacre­ment de confir­ma­tion tel que l’Église le croit et l’a tou­jours cru.

C’est dans ces sen­ti­ments que j’ai l’intention de vous don­ner ce sacre­ment. Et par consé­quent, venant ici pour le rece­voir, vous pou­vez être abso­lu­ment cer­tains, si tou­te­fois vous êtes dans les dis­po­si­tions néces­saires pour rece­voir la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, de retour­ner chez vous, dans quelques moments, avec la grâce du sacre­ment de confirmation.

Et non pas de vous deman­der, comme il est légi­time main­te­nant de se le deman­der lorsque l’on reçoit le sacre­ment de confir­ma­tion selon les méthodes nou­velles, de se deman­der lorsque les enfants rentrent chez eux, à la mai­son : Ai-​je reçu le sacre­ment de confir­ma­tion ? Mon enfant a‑t-​il reçu réel­le­ment la grâce du sacre­ment de confirmation ?

Je pense que ce seul doute jus­ti­fie ample­ment votre désir de venir ici, votre volon­té de venir ici et de faire des cen­taines et des cen­taines de kilo­mètres pour être cer­tains que votre enfant reçoit la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. C’est légi­time. Vous avez le droit de connaître et de savoir que l’Église vous donne réel­le­ment le sacre­ment que Notre Seigneur Jésus-​Christ a ins­ti­tué et non pas n’importe quelle céré­mo­nie, ou n’importe quel culte.

Vous savez par­fai­te­ment, mes chers enfants, parce que je suis per­sua­dé que vous avez été très bien pré­pa­rés par vos parents, par les prêtres qui se sont occu­pés de vous pour vous pré­pa­rer à ce sacre­ment de confir­ma­tion, vous savez par­fai­te­ment que pour rece­voir ce sacre­ment de confir­ma­tion, il faut être bap­ti­sé. Il faut être bap­ti­sé, en effet, le sacre­ment de confir­ma­tion est une confir­ma­tion de la grâce que vous avez reçue au sacre­ment de baptême.

C’est un com­plé­ment, une per­fec­tion de la grâce que vous avez reçue au sacre­ment de bap­tême. De même que vous avez reçu au sacre­ment de bap­tême, un carac­tère qui vous fai­sait enfant de Dieu, les anges du Ciel et les démons savent que vous êtes bap­ti­sé. Vous êtes mar­qué pour tou­jours. Pour l’éternité vous êtes mar­qué par le carac­tère que vous avez reçu au sacre­ment de baptême.

Eh bien, de même, vous allez rece­voir un carac­tère aus­si du sacre­ment de confir­ma­tion et les anges du Ciel, comme les démons de l’enfer, comme tous les élus du Ciel, sau­ront vrai­ment que vous avez été confir­mé et qu’un carac­tère vous marque.

Quel est ce carac­tère ? Quelle est sa spé­ci­fi­ca­tion ? Quelle est sa spé­cia­li­sa­tion, si je puis dire ? C’est qu’il vous fait des sol­dats du Christ. Comme le carac­tère du bap­tême vous fai­sait des enfants de Dieu, des enfants adop­tifs de Dieu, main­te­nant vous deve­nez des sol­dats de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Pourquoi cela ? Pourquoi des sol­dats ? Est-​ce que vous avez à combattre ?

Oui, vous avez à com­battre. Dès lors que vous avez main­te­nant davan­tage la res­pon­sa­bi­li­té de vous-​même, puisque vous gran­dis­sez et que vous com­pre­nez mieux les dif­fi­cul­tés que l’on a à pra­ti­quer sa vie chré­tienne, vous avez par consé­quent besoin de cette grâce de force. Cette grâce pour le com­bat que vous aurez à mener. Peut-​être seul désor­mais, moins appuyé par vos parents. Parce que vous pren­drez davan­tage la res­pon­sa­bi­li­té de votre propre âme et par consé­quent vous aurez à vous défendre contre les enne­mis, les enne­mis de vos âmes. Ceux qui veulent vous entraî­ner avec eux en enfer. Ils sont par­tout dans le monde, partout.

Et mal­heu­reu­se­ment, beau­coup d’hommes ici-​bas, se font les esclaves de Satan, les esclaves des démons, pour être les inter­mé­diaires entre les démons et les chré­tiens, pour essayer de ravir la grâce qui se trouve dans nos âmes, la filia­tion que nous avons du Bon Dieu et pour nous réduire dans leur escla­vage à eux. Alors il nous faut com­battre contre toutes ces influences qui veulent nous éloi­gner du Bon Dieu, pour nous emme­ner en enfer.

Et pour cela, vous avez à com­battre. Et tous les chré­tiens ont com­bat­tu. Il n’y a pas un élu du Ciel qui n’ait com­bat­tu pen­dant sa vie, sauf les enfants qui ont été bap­ti­sés et qui n’ont pas eu conscience de leur bap­tême. Mais tous ceux qui ont eu conscience de leur état de chré­tien ont eu à com­battre pour le gar­der, pour le sauver.

Alors vous aus­si vous aurez à com­battre. Vous avez déjà eu à com­battre, mais main­te­nant, avec la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, vous serez plus fort ; le démon aura davan­tage peur de vous, si tou­te­fois vous gar­dez bien cette grâce que vous rece­vez, en vous confes­sant, en com­mu­niant, en priant et en priant sur­tout la très Sainte Vierge Marie.

La très Sainte Vierge Marie, l’Écriture le dit : est forte comme une armée ran­gée en bataille. Pourquoi dire cela de la très Sainte Vierge, la plus douce des mères et la plus misé­ri­cor­dieuse ? Comment se fait-​il qu’elle puisse être forte comme une armée ran­gée en bataille ? Parce qu’elle a com­bat­tu le démon ; elle a écra­sé la tête du serpent.

C’est elle ; c’est grâce à elle que le démon a été vain­cu, par son com­bat contre le démon. Alors il faut deman­der à la très Sainte Vierge Marie de vous don­ner aus­si des grâces dont vous avez besoin pour com­battre les enne­mis de vos âmes.

Je ter­mine en vous disant quelques mots de la céré­mo­nie elle-​même de la confirmation.

Quand allez-​vous rece­voir la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, à quel moment ?

Au moment où l’évêque accom­pli­ra la céré­mo­nie essen­tielle, prin­ci­pale du sacre­ment de confir­ma­tion, qui consiste en l’imposition de la main de l’évêque sur votre tête et lorsque l’évêque fait en même temps le signe de croix sur votre front avec le Saint Chrême en disant les paroles : « Je te signe du signe de la Croix et je te confirme du chrême du salut, au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-​il ». In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Et vous devez répondre à ce moment-​là, après Spiritus Sancti : « Amen ». Afin que vous sou­hai­tiez vous-​même, que vous remer­ciez vous-​même le Bon Dieu : Oui, mon Dieu, oui Notre Seigneur, donnez-​moi cette grâce de la confir­ma­tion ; Donnez-​la moi.

Certes elle vous est don­née, même si vous ne dites pas : Amen, la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion vous est don­née ; mais cela fait par­tie de la céré­mo­nie. Celui qui est confir­mé doit répondre Amen après les paroles de l’évêque.

C’est à ce moment-​là, au moment où l’évêque impose la main sur votre tête et dit ces paroles et fait le signe de la Croix sur votre front avec le Saint Chrême, avec le Saint Chrême consa­cré par l’évêque le Jeudi Saint, mais pas n’importe quelle huile comme on le fait main­te­nant, consa­crée avec n’importe quelle formule.

Par consé­quent, c’est à ce moment-​là que vous rece­vrez la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Cependant l’Église comme tou­jours dans les sacre­ments, aime à expli­quer par des prières et en même temps à deman­der à Dieu les grâces par des prières qui pré­cèdent et com­plètent le sacre­ment, comme cela existe dans tous les sacre­ments que l’Église donne.

Avant cette céré­mo­nie, l’évêque va étendre les mains sur vous et appe­ler tous les dons du Saint-​Esprit. Il va les nom­mer, tous les dons du Saint-​Esprit, pour que vous soyez rem­plis de ces dons, par le sacre­ment de confirmation.

Et ensuite, l’évêque après la céré­mo­nie du sacre­ment lui-​même, donne un léger souf­flet sur la joue des confir­més ; pour­quoi ? Pour mon­trer que vous êtes capable de résis­ter aux épreuves, capables de résis­ter aux dif­fi­cul­tés dans votre vie et qui vien­dront cer­tai­ne­ment. Nous avons tous des épreuves au cours de notre vie. Eh bien, c’est un signe par lequel l’Église veut mon­trer que ce sacre­ment vous donne des grâces par­ti­cu­lières pour sup­por­ter les épreuves.

Et enfin, après la céré­mo­nie, l’évêque adresse encore une prière à Dieu pour deman­der cette force dont vous avez besoin pour com­battre contre vos ennemis.

Et enfin, vous vous met­trez debout, pour réci­ter après la céré­mo­nie, le Je crois en Dieu, le Notre Père et le Je vous salue Marie. Pourquoi l’Église demande-​t-​elle cela à ceux qui viennent d’être confir­més ? Pour que vous pro­cla­miez votre foi devant votre famille, devant l’évêque, devant l’Église tout entière, devant vos prêtres, devant le Ciel, devant tous les anges qui vous voient, devant les démons, vous pro­cla­mez votre foi, la foi catholique.

Et enfin, vous direz la belle prière du Notre Père et le Je vous salue Marie pour vous confier à la très Sainte Vierge Marie.

Voilà ce en quoi consiste la céré­mo­nie du sacre­ment de confir­ma­tion. Vous le ferez cer­tai­ne­ment avec beau­coup de pié­té et toute l’assemblée cer­tai­ne­ment s’unira à vous et prie­ra le Bon Dieu de tout cœur pour que vous rece­viez toutes ses grâces en abondance.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.