Si notre vie n’est plus guidée par le « Dieu premier servi », elle risque fort de l’être par le « non serviam » de Lucifer.
Les formules générales invitant à une entente fraternelle entre tous les hommes sont très séduisantes. Qui peut s’opposer raisonnablement à la paix universelle ? La charité n’est-elle pas un thème majeur de la prédication catholique ?
Le problème commence lorsqu’on veut préciser les modalités pratiques de cette entente universelle. En effet, il va falloir s’entendre sur la notion du bonheur, sur les principes qui vont guider l’action commune, et sur bien d’autres questions religieuses. Est-ce vraiment possible pour un catholique ?
Faire abstraction de la révélation chrétienne alors qu’elle a eu lieu revient à la refuser. C’est ce qu’on appelle le naturalisme : refus de Notre-Seigneur, de son Église, de sa grâce. Le naturalisme, c’est le refus du surnaturel. L’homme pense arriver à sa perfection sans l’aide du Christ.
Ce refus peut prendre plusieurs formes : des formes absolues qui s’opposent radicalement à la foi, ou des formes mitigées, comme celle qui prend la foi pour une opinion. Cette forme mitigée est très séduisante, car elle est sympathique et s’accorde très bien avec le libéralisme ambiant. Elle est donc très dangereuse. Pour elle, la foi n’est qu’une option, ou une opinion libre. Elle n’est pas contre Notre-Seigneur, dont elle pourra dire de belles choses. Mais cette préférence n’est qu’une option, à peu près facultative. Inutile d’en dire plus pour se rendre compte que tout est fait aujourd’hui pour nous enseigner cette mentalité du naturalisme modéré. Tout est fait pour que notre vie s’organise autour d’un autre principe que Jésus-Christ : l’argent, la santé, la réputation… Et si notre vie n’est plus guidée par le « Dieu premier servi », elle risque fort de l’être par le « non serviam » de Lucifer. Si ce n’est plus l’amour de Dieu qui commande notre vie, ce pourrait bien être l’amour désordonné de nous-même.
Méfions-nous du démon du naturalisme qui cache sa haine de Jésus-Christ sous l’indifférence religieuse, la promotion d’une entente fraternelle et la construction d’une paix universelle.
Abbé Vincent Gélineau
Source : La Trompette de Saint Vincent n° 23