Le Christ-​Roi, seule voie de la Paix

Crédit photo : Godong

A l’oc­ca­sion de la fête du Christ-​Roi, et au moment où l’ac­tua­li­té nous rap­pelle la tra­gique réa­li­té de la guerre, il est bon de reve­nir à l’en­sei­gne­ment du Pape Pie XI sur la paix dans son ency­clique Quas Primas.

Au début de Notre Pontificat, Nous déplo­rions com­bien sérieu­se­ment avaient dimi­nué le pres­tige du droit et le res­pect dû à l’autorité ; ce que Nous écri­vions alors n’a per­du dans le temps pré­sent ni de son actua­li­té ni de son à‑propos : « Dieu et Jésus-​Christ ayant été exclus de la légis­la­tion et des affaires publiques, et l’autorité ne tenant plus son ori­gine de Dieu mais des hommes, il arri­va que… les bases mêmes de l’autorité furent ren­ver­sées dès lors qu’on sup­pri­mait la rai­son fon­da­men­tale du droit de com­man­der pour les uns, du devoir d’obéir pour les autres. Inéluctablement, il s’en est sui­vi un ébran­le­ment de la socié­té humaine tout entière, désor­mais pri­vée de sou­tien et d’appui solides » [1].

Si les hommes venaient à recon­naître l’autorité royale du Christ dans leur vie pri­vée et dans leur vie publique, des bien­faits incroyables – une juste liber­té, l’ordre et la tran­quilli­té, la concorde et la paix – se répan­draient infailli­ble­ment sur la socié­té tout entière.

Si les hommes venaient à recon­naître l’autorité royale du Christ dans leur vie pri­vée et dans leur vie publique, des bien­faits incroyables – une juste liber­té, l’ordre et la tran­quilli­té, la concorde et la paix – se répan­draient infailli­ble­ment sur la socié­té tout entière.

En impri­mant à l’autorité des princes et des chefs d’État un carac­tère sacré, la digni­té royale de Notre Seigneur enno­blit du même coup les devoirs et la sou­mis­sion des citoyens. Au point que l’Apôtre saint Paul, après avoir ordon­né aux femmes mariées et aux esclaves de révé­rer le Christ dans la per­sonne de leur mari et dans celle de leur maître, leur recom­man­dait néan­moins de leur obéir non ser­vi­le­ment comme à des hommes, mais uni­que­ment en esprit de foi comme à des repré­sen­tants du Christ ; car il est hon­teux, quand on a été rache­té par le Christ, d’être sou­mis ser­vi­le­ment à un homme : Vous avez été rache­tés un grand prix, ne soyez plus sou­mis ser­vi­le­ment à des hommes. [2]

Si les princes et les gou­ver­nants légi­ti­me­ment choi­sis étaient per­sua­dés qu’ils com­mandent bien moins en leur propre nom qu’au nom et à la place du divin Roi, il est évident qu’ils use­raient de leur auto­ri­té avec toute la ver­tu et la sagesse pos­sibles. Dans l’élaboration et l’application des lois, quelle atten­tion ne donneraient-​ils pas au bien com­mun et à la digni­té humaine de leurs subordonnés !

Alors on ver­rait l’ordre et la tran­quilli­té s’épanouir et se conso­li­der ; toute cause de révolte se trou­ve­rait écar­tée ; tout en recon­nais­sant dans le prince et les autres digni­taires de l’État des hommes comme les autres, ses égaux par la nature humaine, en les voyant même, pour une rai­son ou pour une autre, inca­pables ou indignes, le citoyen ne refu­se­rait point pour autant de leur obéir quand il obser­ve­rait qu’en leurs per­sonnes s’offrent à lui l’image et l’autorité du Christ Dieu et Homme.

Pourquoi donc, si le royaume du Christ s’étendait de fait comme il s’étend en droit à tous les hommes, pour­quoi déses­pé­rer de cette paix que le Roi paci­fique est venu appor­ter sur la terre ?

Alors les peuples goû­te­raient les bien­faits de la concorde et de la paix. Plus loin s’étend un royaume, plus il embrasse l’universalité du genre humain, plus aus­si – c’est incon­tes­table – les hommes prennent conscience du lien mutuel qui les unit. Cette conscience pré­vien­drait et empê­che­rait la plu­part des conflits ; en tout cas, elle adou­ci­rait et atté­nue­rait leur vio­lence. Pourquoi donc, si le royaume du Christ s’étendait de fait comme il s’étend en droit à tous les hommes, pour­quoi déses­pé­rer de cette paix que le Roi paci­fique est venu appor­ter sur la terre ? Il est venu tout récon­ci­lier [3] ; il n’est pas venu pour être ser­vi, mais pour ser­vir [4] ; maître de toutes créa­tures, il a don­né lui-​même l’exemple de l’humilité et a fait de l’humilité, jointe au pré­cepte de la cha­ri­té, sa loi prin­ci­pale ; il a dit encore : Mon joug est doux à por­ter et le poids de mon auto­ri­té léger [5].

Oh ! qui dira le bon­heur de l’humanité si tous, indi­vi­dus, familles, États, se lais­saient gou­ver­ner par le Christ ! « Alors enfin – pour reprendre les paroles que Notre Prédécesseur Léon XIII adres­sait, il y a vingt-​cinq ans, aux évêques de l’univers – il serait pos­sible de gué­rir tant de bles­sures ; tout droit retrou­ve­rait, avec sa vigueur native, son ancienne auto­ri­té ; la paix réap­pa­raî­trait avec tous ses bien­faits ; les glaives tom­be­raient et les armes glis­se­raient des mains, le jour où tous les hommes accep­te­raient de bon cœur la sou­ve­rai­ne­té du Christ, obéi­raient à ses com­man­de­ments, et où toute langue confes­se­rait que “le Seigneur Jésus-​Christ est dans la gloire de Dieu le Père”. » [6]

Source : Pie XI, ency­clique Quas Primas, 11 décembre 1925

Notes de bas de page
  1. PIE XI, Lettre ency­clique Ubi arca­no, 23 décembre 1922, AAS XIV (1922), 683, CH n. 936.[]
  2. S. PAUL, I Cor. VII 25.[]
  3. S. PAUL, Coloss. I 20.[]
  4. S. MATTHIEU, XX 28.[]
  5. S. MATTHIEU, XI 30.[]
  6. LÉON XIII, Lettre ency­clique Annum sacrum, 25 mai 1899, AAS XXXI (1898–1899) 647.[]