La Fraternité Saint-​Pie X : une œuvre d’Eglise au service de la vérité

Le 18 juillet 2018 à Lichen, en Pologne, Mgr Guido Pozzo [Photo ci-​dessus], secré­taire de la com­mis­sion pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, a expli­qué qu’il était faux de consi­dé­rer la Fraternité Saint-​Pie X comme schis­ma­tique. Cependant le Saint-​Siège consi­dère sa situa­tion comme irré­gu­lière pour la rai­son sui­vante : « Le pro­blème demeu­re­ra aus­si long­temps que la Fraternité Saint-​Pie X n’adhé­re­ra pas à la décla­ra­tion doc­tri­nale approu­vée par le pape François et pré­sen­tée par la Congrégation de la doc­trine de la foi ».

L’abbé Jean-​Michel Gleize, pro­fes­seur d’ec­clé­sio­lo­gie au Séminaire Saint-​Pie X à Ecône, concluait sobre­ment dans la revue du Courrier de Rome n° 612, juillet août 2018 quel était donc l’en­jeu : « Le pro­blème est donc bel et bien, d’a­bord et avant tout, doc­tri­nal. C’est de sa solu­tion que doit dépendre, aux yeux même de Rome, la recon­nais­sance canonique ».

Pour FSSPX.Actualités, il revient sur cette décla­ra­tion en expli­quant où se situe le véri­table pro­blème et com­ment la Fraternité Saint-​Pie X, œuvre d’Eglise, loin de tout esprit schis­ma­tique, sert la foi catho­lique et le Siège apos­to­lique en toute vérité.

« Il ne faut pas s’étonner que nous n’arrivions pas à nous entendre avec Rome. Ce ne sera pas pos­sible tant que Rome ne revien­dra pas à la foi dans le Règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ, tant qu’elle don­ne­ra l’impression que toutes les reli­gions sont bonnes. Nous nous heur­tons sur un point de la foi catho­lique, comme se sont heur­tés le car­di­nal Béa et le car­di­nal Ottaviani, et comme se sont heur­tés tous les Papes avec le libé­ra­lisme » [Mgr Lefebvre, Conférence à Sierre (Suisse) le 27 novembre 1988, citée dans L’Eglise infil­trée par le moder­nisme, Fideliter, 1993, p. 70–71.]

1. « Le pro­blème demeu­re­ra aus­si long­temps que la Fraternité Saint-​Pie X n’adhérera pas à la décla­ra­tion doc­tri­nale approu­vée par le pape François et pré­sen­tée par la Congrégation de la doc­trine de la foi » [1]. Citant ces paroles de Mgr Pozzo [2], nous fai­sions remar­quer que « le pro­blème est donc bel et bien, d’abord et avant tout, doc­tri­nal » et que « c’est de sa solu­tion que doit dépendre, aux yeux même de Rome, la recon­nais­sance canonique ».

2. De la part de Rome, ce constat n’est pas nou­veau. Déjà, au cours du pre­mier semestre de l’année 2017, Mgr Pozzo avait clai­re­ment expri­mé le même point de vue. « La récon­ci­lia­tion », disait-​il, « se fera lorsque Mgr Fellay adhé­re­ra for­mel­le­ment à la décla­ra­tion doc­tri­nale que lui a pré­sen­tée le Saint-​Siège. C’est aus­si la condi­tion néces­saire pour pro­cé­der à la régu­la­ri­sa­tion ins­ti­tu­tion­nelle, avec la créa­tion d’une pré­la­ture per­son­nelle » [3]. Ces décla­ra­tions, somme toute auto­ri­sées, sont l’occasion de mani­fes­ter en quoi consiste fon­da­men­ta­le­ment le pro­blème qui met aux prises le Saint-​Siège avec les évêques et les prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X. L’explication est simple : il s’agit là de la diver­gence de la Rome actuelle d’avec la Rome de tou­jours, et cette diver­gence concerne la manière de com­prendre et de pro­po­ser la doc­trine révé­lée par Dieu. C’est pour­quoi, ce pro­blème ne sau­rait en aucune façon s’expliquer en rai­son de l’attitude adop­tée jusqu’ici par Mgr Lefebvre et la Fraternité Saint-​Pie X à l’égard de la Rome actuelle. Disons-​le clai­re­ment, au risque de pro­vo­quer l’étonnement ou l’incompréhension de plus d’un dans la sainte Eglise de Dieu : ce qui pose pro­blème, ce n’est pas la Fraternité Saint-​Pie X, c’est la Rome actuelle, la Rome « de ten­dance néo pro­tes­tante et néo moder­niste », comme aimait à dire Son Excellence Mgr Marcel Lefebvre, dans un lan­gage rien moins qu’alambiqué. C’est la Rome actuelle qui pose aujourd’hui pro­blème, du fait même qu’à Rome les membres actuels de la hié­rar­chie, le Pape et les évêques, ont adop­té cette ten­dance nou­velle, pro­tes­tan­ti­sante et moder­ni­sante, rom­pant par le fait même avec la Rome éter­nelle. Et ce à l’occasion du concile Vatican II.

3. Aux yeux de beau­coup, mais qui, pour être nom­breux, ne comptent pas par­mi les plus clair­voyants, le pro­blème en ques­tion serait de prime abord que la Fraternité Saint-​Pie X ne joui­rait pas d’une situa­tion régu­lière dans l’Eglise. Pour reprendre les termes mêmes employés par Mgr Pozzo, le pro­blème serait que les prêtres et les évêques de la Fraternité Saint-​Pie X exer­ce­raient leur minis­tère « d’une manière illi­cite et illé­gi­time ». Partant, ce serait la Fraternité et ses membres qui pose­raient pro­blème, la Fraternité d’abord et non point la Rome actuelle. Mais en réa­li­té, et de l’aveu même du secré­taire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, cette illé­gi­ti­mi­té sup­po­sée n’est qu’une consé­quence, et le pro­blème fon­da­men­tal consiste dans la diver­gence doc­tri­nale qui oppose la Fraternité aux repré­sen­tants actuels de la hié­rar­chie, pré­ci­sé­ment du fait que ceux-​ci se réclament du concile Vatican II. Cette diver­gence est donc la cause, dont l’illégitimité sup­po­sée n’est qu’un des effets pos­sibles. Et au niveau de cette diver­gence, c’est la Rome actuelle qui pose effec­ti­ve­ment pro­blème. La situa­tion de la Fraternité n’en est que l’effet consé­quent. Si la Fraternité peut éven­tuel­le­ment et appa­rem­ment poser pro­blème, cano­ni­que­ment ou ecclé­sia­le­ment par­lant, c’est d’abord parce que la Rome actuelle pose pro­blème, doc­tri­na­le­ment par­lant. Car l’effet pro­cède de sa cause. L’Eglise étant une socié­té d’ordre sur­na­tu­rel, l’unité de foi y est néces­sai­re­ment au prin­cipe et au fon­de­ment de l’unité de gou­ver­ne­ment [4] et c’est pour­quoi toute diver­gence au niveau de celle-​là entraîne une diver­gence au niveau de celle-​ci. L’irrégularité cano­nique sup­po­sée est ici l’effet décou­lant de la diver­gence doctrinale.

4. Comme tout effet, celui-​ci doit être jugé en fonc­tion de sa cause. Il y a là un prin­cipe abso­lu­ment néces­saire, qui ne souffre aucune excep­tion, dans aucun domaine, car il s’agit d’un prin­cipe d’ordre méta­phy­sique. Si l’on veut com­prendre pour­quoi, aux yeux de la Rome actuelle, la Fraternité Saint-​Pie X reste dans une situa­tion dite « illé­gi­time », il faut com­men­cer par com­prendre pour­quoi cette Rome actuelle est elle-​même en rup­ture avec la Rome de tou­jours. Cette rup­ture est d’ordre doc­tri­nal. Et le pro­blème fon­da­men­tal, dont l’illégitimité sup­po­sée de la Fraternité n’est qu’une consé­quence, sur le plan cano­nique ou ecclé­sial, est l’acceptation par la Rome actuelle, sur le plan doc­tri­nal, des réformes entre­prises par le concile Vatican II. Le pro­blème n’est pas que la Fraternité refuse le Concile, car, pour demeu­rer catho­lique et dans l’Eglise, on ne peut que refu­ser un tel Concile. Le pro­blème est que la Rome actuelle l’accepte, au mépris de toute sa Tradition bimil­lé­naire. S’il fal­lait recou­rir (avec toutes les pré­cau­tions requises) au lan­gage par­lant et ima­gé de la méta­phore, nous dirions que la Fraternité est en bonne san­té, tan­dis que c’est la Rome actuelle qui est malade. Et lorsque le malade est dans le déni à l’égard de sa propre mala­die, il est à peu près inévi­table qu’il accuse d’être malade celui qui est en bonne san­té. Mais passons.

5. Le pro­blème n’est donc pas, du côté de la Fraternité Saint-​Pie X, ce que l’on appel­le­rait aujourd’hui un pro­blème « d’ecclésialité ». La Fraternité est et demeure une œuvre d’Eglise, une socié­té fai­sant plei­ne­ment par­tie de l’Eglise, de manière si pleine et si com­plète qu’elle repré­sente même dans l’Eglise l’une de ses par­ties les plus saines. En effet, la Fraternité se défi­nit par son but et ce but est (Statuts, II, n° 1) « le sacer­doce » et donc (Statuts, III, n° 1) les œuvres de for­ma­tion sacer­do­tale, qui « évi­te­ront avec soin les erreurs modernes, en par­ti­cu­lier le libé­ra­lisme avec tous ses suc­cé­da­nés ». L’attitude de la Fraternité à l’égard de la Rome actuelle découle immé­dia­te­ment de ce prin­cipe : pro­té­ger le sacer­doce catho­lique contre les erreurs modernes et avec lui la foi de l’Eglise, que le sacer­doce a pour mis­sion de prê­cher, pour sanc­ti­fier les âmes. Cette atti­tude – ou ce rôle – de la Fraternité est abso­lu­ment vital, puisque, dans la sainte Eglise, le sacer­doce repré­sente un prin­cipe non seule­ment indis­pen­sable mais pre­mier. Le sacer­doce est le prin­cipe même de l’Eglise, car sans lui l’Eglise cesse d’être ce qu’elle est. La cor­rup­tion du prin­cipe pre­mier est ce qu’il y a de pire, et sa défense est ce qu’il y a de plus néces­saire et de plus urgent. Dans la mesure où la Rome actuelle se trouve infec­tée de ces erreurs modernes, qui accom­plissent la cor­rup­tion même du sacer­doce et de l’Eglise, il incombe à la Fraternité d’agir vis-​à-​vis de cette Rome actuelle de façon à neu­tra­li­ser ces erreurs. Tout le com­bat de la foi mené jusqu’ici par la Fraternité devrait trou­ver là son expli­ca­tion pro­fonde. Et toute l’attitude de la Rome actuelle (depuis le Concile) qui consi­dère comme illé­gi­time cette action de la Fraternité n’est que le revers, du côté des hommes d’Eglise qui pos­sèdent actuel­le­ment le pou­voir à Rome, de ce com­bat mené par la Fraternité. Si la lumière dis­sipe les ténèbres, les ténèbres essaient d’étouffer la lumière, mais sans jamais y par­ve­nir. Cette défense du sacer­doce catho­lique, qui est le prin­cipe pre­mier et le bien com­mun de toute l’Eglise, repré­sente un but pro­pre­ment ecclé­sial, qui fait de la Fraternité une œuvre d’Eglise. L’ecclésialité de la Fraternité vient de là : elle découle de ce qui est la finis ope­ris, l’objet propre et spé­ci­fique de la socié­té fon­dée par Mgr Lefebvre, dûment recon­nue comme telle par Mgr Charrière en 1970. Par la suite, cette ecclé­sia­li­té n’a pas été enta­mée en quoi que ce soit par les auto­ri­tés conci­liaires, car elle ne pou­vait pas l’être. C’est plu­tôt l’ecclésialité des membres de la hié­rar­chie qui est deve­nue pro­blé­ma­tique et qui l’est tou­jours plus, à la suite de Vatican II et du moder­nisme des­truc­teurs des auto­ri­tés en place.

6. La Fraternité ne doit donc pas s’assigner comme but abso­lu­ment pre­mier, c’est à dire comme prin­cipe d’action la recherche d’une légi­ti­mi­té cano­nique, qui serait cen­sée remé­dier à un manque d’ecclésialité [5]. La ques­tion de l’ecclésialité de la Fraternité ne se pose pas en réa­li­té. Elle se pose seule­ment dans l’esprit de cer­tains, autres que les membres et les fidèles de la Fraternité dans l’Eglise, qui croient de bonne foi que la Fraternité est « contre le Pape » ou « schis­ma­tique » ou « pas en pleine com­mu­nion » ou « pas en situa­tion légi­time ». Pour expri­mer ces choses dans le lan­gage tech­nique de la logique sco­las­tique, nous dirions que la ques­tion se pose donc non pas par soi mais par acci­dent. Certains se trompent en esti­mant qu’elle se pose en réa­li­té et par soi ; d’autres se trompent de manière dia­mé­tra­le­ment oppo­sée en esti­mant qu’elle ne se pose pas du tout, pas même dans l’esprit de cer­tains et par acci­dent. La solu­tion est de dire que la ques­tion se pose non pas en réa­li­té ni par soi mais tout de même dans l’esprit de cer­tains et par acci­dent. Cela entraîne pour consé­quence que la Fraternité n’a pas à entre­te­nir un com­plexe de culpa­bi­li­té ni à souf­frir ou à s’excuser de n’être pas dans l’Eglise (et d’ailleurs, « qui s’excuse s’accuse ») mais qu’elle doit affir­mer et faire valoir son bon droit et en même temps dénon­cer les mau­vais droits des moder­nistes ; et aus­si qu’elle doit le faire de manière pas­to­rale et pru­dente, en tenant compte de la fai­blesse des igno­rants, selon le pré­cepte de l’Apôtre : « Nous qui sommes forts, nous devons sup­por­ter les fai­blesses de ceux qui ne le sont pas, et ne pas nous com­plaire en nous-​mêmes » (Rm 15, 1).

7. La Fraternité est par­fai­te­ment légi­time et régu­lière, car elle est dans l’Eglise et elle est de l’Eglise, et cela est abso­lu­ment cer­tain et hors de doute. Venant de la part de la Rome actuelle, une légi­ti­ma­tion cano­nique n’ajoutera rien, de ce point de vue, à la bon­té intrin­sèque de la Fraternité. Elle pour­rait lui ajou­ter seule­ment une cer­taine bon­té extrin­sèque, dans la mesure où elle ferait ces­ser, dans l’esprit de beau­coup, une opi­nion fausse et injuste, entre­te­nue au pré­ju­dice de la Fraternité. Ceci doit gar­der toute son impor­tance, mais ceci est une autre ques­tion, ques­tion secon­daire aux yeux du fon­da­teur de la Fraternité Saint-​Pie X. « Ce qui nous inté­resse d’abord », disait-​il, « c’est de main­te­nir la foi catho­lique. C’est cela notre com­bat. Alors la ques­tion cano­nique, pure­ment exté­rieure, publique dans l’Église, est secon­daire. Ce qui est impor­tant, c’est de res­ter dans l’Eglise… dans l’Eglise, c’est-à-dire dans la foi catho­lique de tou­jours et dans le vrai sacer­doce, et dans la véri­table messe, et dans les véri­tables sacre­ments, dans le caté­chisme de tou­jours, avec la Bible de tou­jours. C’est cela qui nous inté­resse. C’est cela qui est l’Eglise. D’être recon­nus publi­que­ment, cela est secon­daire. Alors il ne faut pas recher­cher le secon­daire en per­dant ce qui est pri­maire, ce qui est le pre­mier objet de notre com­bat » [6]. La ques­tion, redisons-​le, doit gar­der toute son impor­tance et « secon­daire » ne veut pas dire « négli­geable » ; mais, pour être trai­tée dans l’ordre, cette ques­tion non négli­geable doit être située à sa juste place, c’est-à-dire dans la dépen­dance du but pri­mor­dial. Et ce qui nous inté­resse ici, c’est de mani­fes­ter quel est ce but abso­lu­ment pre­mier de la Fraternité : la pré­ser­va­tion du sacer­doce catho­lique, avec pour consé­quence néces­saire la neu­tra­li­sa­tion de toutes les erreurs néfastes qui en pro­voquent aujourd’hui la cor­rup­tion géné­ra­li­sée. Corruption géné­ra­li­sée, car cor­rup­tion du prin­cipe pre­mier de l’Eglise, qui est son sacer­doce hié­rar­chique. Ces erreurs sont graves en elles-​mêmes, comme toutes les erreurs, parce qu’elles sont la néga­tion de la véri­té divine ; mais elles sont de sur­croît néfastes à un titre sans pré­cé­dent, parce qu’elles se répandent dans toute l’Eglise par le moyen de la hié­rar­chie, acquise à ces erreurs et cor­rom­pue par elles. Introduites au moment du concile Vatican II dans la pré­di­ca­tion ordi­naire des hommes d’Eglise, ces erreurs ont engen­dré une nou­velle façon de pen­ser et de vivre, pro­gres­si­ve­ment répan­due chez tous les membres de l’Eglise. L’expression d’ « Eglise conci­liaire » entend dési­gner cette situa­tion nou­velle, comme dans un rac­cour­ci méta­pho­rique. [7]

8. Nous par­lons à pré­sent d’une « Eglise conci­liaire », comme nous avons par­lé jusqu’ici d’une « Rome actuelle », et nous pour­rions par­ler tout autant d’une « Rome conci­liaire ». Car on ne peut plus, pour l’instant, par­ler sans dis­tinc­tions de l’Eglise et de Rome [8]. L’Eglise telle que Dieu l’a vou­lue est une socié­té d’ordre sur­na­tu­rel, c’est-à-dire l’ensemble ordon­né des fidèles bap­ti­sés, qui pro­fessent la même foi et le même culte sous la direc­tion de la même hié­rar­chie. La situa­tion par­ti­cu­lière et com­plexe que nous vivons est celle où, à l’intérieur de cet ensemble ordon­né, sévit un autre ensemble désor­don­né, qui met en péril la foi et le culte catho­liques, en s’appuyant pour cela sur la mau­vaise influence des membres de la hié­rar­chie. Parler de l’Eglise et de Rome tout court serait trop peu dire ; par­ler de deux Eglises ou de deux Romes tout court serait trop dire. L’Eglise est une et Rome est unique, mais il y a pré­sen­te­ment à Rome et dans l’Eglise un can­cer géné­ra­li­sé. Nous par­lons de l’Eglise conci­liaire et de la Rome actuelle par dis­tinc­tion d’avec l’Eglise catho­lique et de la Rome de tou­jours pour dési­gner cette situa­tion sans pré­cé­dent, où les hommes d’Eglise tra­vaillent de l’intérieur à la des­truc­tion de l’Eglise, en oppo­si­tion avec les forces vives de celle-​ci. Tel est bien le mys­tère qui appa­raît jusqu’à pré­sent comme celui d’une « Eglise occu­pée » et par consé­quent aus­si d’une « opé­ra­tion sur­vie de la Tradition », celle-​ci trou­vant sa néces­si­té et sa légi­ti­mi­té en rai­son de celle-là.

9. Revenons-​en alors à la décla­ra­tion ini­tiale de Mgr Pozzo : « Le pro­blème demeu­re­ra aus­si long­temps que la Fraternité Saint-​Pie X n’adhérera pas à la décla­ra­tion doc­tri­nale approu­vée par le pape François et pré­sen­tée par la Congrégation de la doc­trine de la foi ». Le secré­taire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei nous livre ici la rai­son pro­fonde pour laquelle le pro­blème n’en finit pas : il demeure pré­ci­sé­ment aus­si long­temps que la Rome actuelle veut impo­ser à la Fraternité l’adhésion au concile Vatican II, et c’est donc cette Rome actuelle qui est la cause du pro­blème. Car ini­tia­le­ment, ce pro­blème n’est pas le refus mais plu­tôt l’exigence de l’adhésion : exi­gence d’une adhé­sion aux erreurs contraires à des véri­tés révé­lées par Dieu et déjà condam­nées par la Rome de toujours.

Abbé Jean-​Michel Gleize, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Sources : FSSPX.Actualités

Notes de bas de page
  1. « Il pro­ble­mi riman­go­no fin­tan­to que la Fraternita San Pio X non adhe­re­ra a la dichia­ra­zione dot­tri­nale appro­va­ta dal papa Francesco et pre­sen­ta­ta dal­la Congregazione per la dot­tri­na de la fede. »[]
  2. Cf. l’ar­ticle « Ni schis­ma­tiques ni excom­mu­niés », dans le numé­ro de juillet-​août 2018 du Courrier de Rome.[]
  3. Cf. l’ar­ticle « Pour une entente doc­tri­nale », dans le numé­ro de mai 2017 du Courrier de Rome. []
  4. Cf. l’ar­ticle « Unité ou léga­li­té ? », dans le numé­ro de mai 2017 du Courrier de Rome. []
  5. Cf. l’ar­ticle « Pour une entente doc­tri­nale », dans le numé­ro de mai 2017 du Courrier de Rome.[]
  6. Mgr Lefebvre, Conférence spi­ri­tuelle à Écône, le 21 décembre 1984. Cf. l’ar­ticle « 40 ans plus tôt » dans le numé­ro de décembre 2014 du Courrier de Rome.[]
  7. Cf. les articles « Peut-​on par­ler d’une Eglise conci­liaire ? », dans le numé­ro de février 2013 du Courrier de Rome et « Unité et uni­ci­té de l’Eglise » dans le numé­ro de sep­tembre 2013 du Courrier de Rome.[]
  8. Cf. l’ar­ticle « Une Eglise offi­cielle ? », dans le numé­ro de mai 2017 du Courrier de Rome.[]

FSSPX

M. l’ab­bé Jean-​Michel Gleize est pro­fes­seur d’a­po­lo­gé­tique, d’ec­clé­sio­lo­gie et de dogme au Séminaire Saint-​Pie X d’Écône. Il est le prin­ci­pal contri­bu­teur du Courrier de Rome. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions doc­tri­nales entre Rome et la FSSPX entre 2009 et 2011.