Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
C’est aujourd’hui l’Épiphanie – ou Théophanie comme disent les Orientaux – la manifestation de Dieu, manifestation de Dieu venant en ce monde, venu parmi nous. Et l’Église dans sa liturgie d’aujourd’hui a des accents extraordinaires de grandeur, de beauté, de noblesse, de triomphe aussi :
Ecce advenit Dominator Dominus (Ml 3,1) : Voici que vient Celui qui est le Seigneur. Celui qui est le Roi.
C’est vraiment une fête royale, la fête de la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Fête royale aussi, parce que les rois de la terre sont venus L’adorer.
Et lorsque Notre Seigneur Jésus-Christ est apparu en ce monde, lorsqu’il est venu pour nous sauver, puisque c’est son nom même : Jésus Sauveur.
Dans quel état se trouvait l’humanité ? C’était bien la Pax romana, mais ce n’était pas la Pax Christiana. C’était la paix romaine, mais ce n’était pas la paix chrétienne.
Pax romana qui sans doute maintenait un certain ordre apparent dans l’humanité, mais qui était une paix diabolique, paix dans l’impiété vis-à-vis de Dieu, dans l’idolâtrie, dans le règne de toutes les fausses religions. N’y avait-il pas à Rome le Panthéon ? Ce monument où se trouvaient tous les dieux ; c’est le sens même de panthéon. Tous les dieux se trouvaient réunis à Rome. Et ces dieux, bien souvent, représentaient la déification de la malice humaine, des vices. Ainsi l’humanité vivait dans l’immoralité, dans l’impiété et dans l’esclavage. Les petits, les pauvres, les humbles étaient réduits à l’état d’esclaves. Ils servaient les puissants de ce monde. Voilà ce qu’était la Pax romana, cette paix d’Auguste, lorsque Notre Seigneur est venu sur la terre.
Et alors face à ce spectacle de l’humanité désordonnée, complètement dévoyée, l’Église nous présente le Sauveur. Celui qui va rétablir la sainteté, Celui qui va rétablir la Vérité ; Celui qui va rétablir la justice en ce monde. Et comment l’Église va-t-elle Le présenter ?
Elle va Le présenter de trois manières, tel que le décrit l’antienne des Vêpres : Hodie, hodie, hodie, trois fois hodie.
Aujourd’hui les Mages sont venus adorer le Seigneur.
Aujourd’hui Jésus est descendu dans les eaux du Jourdain et a reçu le baptême de Jean. Aujourd’hui, aux noces de Cana, l’eau a été changée en vin.
Et voilà ! Dans cette antienne se trouve résumé tout le programme de Notre Seigneur Jésus-Christ, de Dieu venu en ce monde pour sauver nos âmes.
D’abord la foi. Marie a cru. Joseph a cru. Les bergers ont cru. Les Rois Mages ont cru et c’est parce qu’ils ont cru, qu’ils ont adoré Notre Seigneur Jésus-Christ. Le Dieu vivant, le Dieu universel, le Dieu du monde, le Dieu Créateur des choses visibles et invisibles. Ils ont cru. C’est par la foi en effet que nous serons sauvés. Il faut croire en Notre Seigneur Jésus-Christ pour être sauvé.
Et c’est cette foi qui va être demandée à tous les hommes, à toute l’humanité. Vous devez croire. Si vous croyez vous serez sauvé. Si vous ne croyez pas vous serez condamné, a dit Notre Seigneur JésusChrist Lui-même.
Mais c’est à nous, à ses apôtres particulièrement, que s’adresse ce programme : Allez, enseignez toutes les nations. Allez porter la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ si vous voulez sauver les âmes ; si vous voulez sauver le monde ; si vous voulez participer à ma Rédemption : Allez prêcher l’Évangile ; allez répandre la foi en ma divinité. Car Je suis la Vérité, la Voie et la Vie. Personne ne peut entrer au Ciel sinon par moi ; je suis la porte de la bergerie. Voilà le premier programme, le premier point essentiel que l’Église nous apprend aujourd’hui.
Deuxième point fondamental de notre foi : Nous devons être baptisés, baptisés dans l’Esprit, dans l’eau et dans l’Esprit, renouvelés dans le Sang de Jésus-Christ, ressuscites avec Notre Seigneur JésusChrist, par le baptême, appartenir désormais à la famille de Notre Seigneur Jésus-Christ, appartenir à Lui, être ses enfants, être membre de l’Église catholique, ayant reçu le baptême de l’Esprit. Voilà la deuxième condition et le deuxième moyen par lequel Notre Seigneur Jésus-Christ veut racheter les âmes : moyen indispensable. On ne peut pas se sauver si l’on n’a pas été baptisé, soit de fait, soit par le vœu, mais il n’y a pas d’âme qui se sauve sans le baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et enfin, troisième point fondamental du salut des âmes, par lequel les âmes doivent se sauver, doivent opérer leur salut : c’est la Sainte Eucharistie, le Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ. Par son Sacrifice, par son Sang, par son Eucharistie, Jésus va transformer les âmes en Lui-même, va les diviniser, va leur apprendre ce que c’est que la Vérité, que la vertu, que la justice, que la sainteté.
Alors, imaginez ce que va devenir le monde sous l’influence de Notre Seigneur Jésus-Christ et de sa Sainte Église, un monde complètement transformé. Des âmes vont abandonner – dans la mesure où elles le peuvent – leurs vices ; vont abandonner leur impiété ; vont abandonner leur attachement à l’erreur, pour s’attacher à la Vérité. Les âmes vont essayer d’abandonner leurs vices, leur attachement aux biens d’ici-bas, aux choses d’ici-bas ; vont s’attaquer à acquérir les vertus, les vertus chrétiennes, par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors le monde va se transformer et nous assisterons à la Pax Christiana, à la Paix chrétienne, la Paix dans l’ordre de Notre Seigneur Jésus-Christ. Jésus-Christ régnera dans les âmes, dans les villages, dans les familles, dans la Cité. Pendant des siècles, Notre Seigneur Jésus-Christ a été vraiment le Roi, le Roi vénéré dans ce monde. Et son Église était reine, son épouse mystique.
Car le troisième moyen qui est représenté par les noces de Cana, représente pour l’Église, les épousailles de l’Église et de Notre Seigneur, épousailles aussi et noces dans nos âmes, avec Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, l’eau transformée en vin, l’eau dans ce qui sera l’Eucharistie, le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ auquel nous nous abreuverons pour être transformé en Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même.
Voilà ce que l’Église nous enseigne aujourd’hui. Quelle révolution, quelle annonce, quelle manifestation de cette transformation du monde qui est annoncée par l’Église !
Ah, si les âmes avaient compris ; si les hommes avaient écouté ; si les hommes s’étaient soumis, comme le monde serait heureux ; comme le monde serait l’antichambre du Ciel ; comme le monde vivrait dans la paix !
Et devant ce programme de notre doux Sauveur, de Jésus, se dresse l’image de Satan, Satan qui régnait dans le monde, qui était le roi du monde. Voilà que Jésus vient dans le monde et va lui ravir son empire, dans toute la mesure du possible. Alors c’est la lutte à mort. Mort aux chrétiens ! Les Rois mages ont manifesté leur foi ; ce sont les Innocents, les petits Innocents qui périront. Le sang coulera, parce que l’on a cru en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Notre Seigneur Jésus-Christ est venu au bord du Jourdain. L’Esprit Saint est apparu. Le Père a parlé pour désigner qui était le Sauveur du monde ; la tête de Jean-Baptiste tombera. Il faut faire périr les chrétiens. Et bien plus, il faudra faire périr Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Satan croit triompher. Enfin il a attaché Jésus-Christ au gibet de la Croix. Son triomphe est là. Il le tient.
Eh bien non ! Notre Seigneur ressuscite par sa Toute-Puissance divine. Mais ce combat continuera. Il faut faire périr les chrétiens. Et les martyrs tomberont ; le sang coulera partout. Partout où les apôtres proclameront qu’il faut croire en Notre Seigneur Jésus-Christ, les fausses religions s’élèveront violemment, parce qu’elles sentent leur fin arriver. Si tout le monde croit en Notre Seigneur JésusChrist que deviendront nos religions ? Que deviendront nos dieux ?
Alors, c’est la lutte à mort contre les chrétiens. Trois siècles de persécutions, de martyrs, de sang qui coule. Mais le triomphe n’est pas encore acquis par Satan.
Alors il va s’attaquer aux esprits eux-mêmes, aux âmes. Il va les détourner de la foi. Il va faire pénétrer les hérésies, les schismes. Mais l’Église demeure. Elle demeure toujours, forte, puissante. Contre les erreurs, contre les hérésies, elle défend sa foi jusqu’à la mort s’il le faut. Mais elle défend sa foi.
Et alors, Satan a inventé maintenant une autre chose, il va détruire la chrétienté elle-même, dans ce qu’elle a de plus fondamental, dans la racine de sa foi. Désormais il va répandre dans l’Église et par l’Église que le salut en Jésus-Christ n’est pas indispensable ; que Jésus-Christ n’est pas nécessaire ; qu’il est une option, que l’on est libre, que l’on peut passer par Notre Seigneur Jésus-Christ, mais que l’on peut passer aussi en dehors de Notre Seigneur Jésus-Christ pour avoir le salut.
Voilà sa dernière invention, son invention diabolique. Ce n’est plus seulement une vérité de la foi, c’est la foi elle-même, tout entière qui est mise en question. Vous pouvez choisir la religion que vous désirez pour vous sauver. Et c’est Assise, Assise cette abomination : la foi catholique mise à égalité de toutes les fausses religions. Ce serait si vous voulez, au temps des Romains, la religion catholique entrant dans le Panthéon des religions, une religion de plus, pourvu qu’elle ne s’attaque pas aux autres ; pourvu qu’elle admette les autres ; pourvu qu’elle respecte les autres, c’est tout ce qu’on lui demande !
Et voilà où ils en sont arrivés aujourd’hui.
Alors, pour nous, mes bien chers amis, nous devons méditer cette belle fête de l’Épiphanie qui nous apprend ce que nous devons faire, qui est un programme pour nous : la foi, le baptême, l’Eucharistie, le Sacrifice eucharistique. C’est notre vie. C’est la vie des chrétiens, mes bien chers frères, c’est votre vie. Voilà la vie des chrétiens.
Alors, nous ne serons pas de ceux qui sont contre l’Épiphanie, car Assise, c’est une contre-Épiphanie ! Nous serons pour la foi catholique, et l’Épiphanie sera toujours notre Étoile, l’Étoile qui a conduit les Mages à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et nous prêcherons Jésus-Christ, s’il le faut jusqu’à l’effusion de notre sang, à la suite de tous ceux qui ont été les témoins de Jésus-Christ.
Demandons cette grâce, la grâce de la foi, la grâce de ce courage dans l’époque actuelle, que nous vivons, la grâce de maintenir la foi catholique.
Demandons-le à la très Sainte Vierge, d’une manière toute particulière, elle qui a été partout et toujours la défense de la foi, qui a toujours proclamé sa foi et qui est venue maintes et maintes fois aider l’Église, aider les chrétiens, aider les catholiques à maintenir leur foi.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.