Saint Bertrand de Comminges

Funérailles de saint Bertrand de Comminges, huile sur toile de René Henri Ravaut, 383 x 307 cm, musée des Augustins de Toulouse. Via wikimedia

Évêque de Comminges (+ vers 1123).

Fête le 16 octobre.

Saint Bertrand est le plus illustre des évêques de cet ancien dio­cèse de la région pyré­néenne ; il devait le gou­ver­ner durant envi­ron quarante-​trois ans (1080–1123).

Quand il paraît à la fin du xie siècle, l’Eglise, en France, tra­verse une crise redou­table. Par la simo­nie, le désordre s’étale même dans le sanc­tuaire ; au som­met de la socié­té, le roi Philippe Ier entrave les élec­tions épis­co­pales et affiche le scan­dale d’une union illégitime.

La Papauté, avec l’appui des évêques fidèles, entame contre ces vices une lutte sans mer­ci. Le dio­cèse de Comminges n’a pas échap­pé à la dépres­sion géné­rale, aus­si cette situa­tion déplo­rable et ces luttes expliquent-​elles tout l’épiscopat du plus grand des pon­tifes de l’Eglise commingeoise.

L’historien de saint Bertrand.

Sa bio­gra­phie offre tous les carac­tères d’authenticité, puisqu’elle a été écrite quelque qua­rante ans après sa mort, à la prière de Guillaume, arche­vêque d’Auch et son neveu, par « maître Vital, notaire apos­to­lique » et Commingeois d’origine. L’hagiographe nous déclare qu’il a recueilli « scru­pu­leu­se­ment les dépo­si­tions des témoins ocu­laires », s’est assu­ré « de l’exactitude des faits » et ne parle qu’avec « modé­ra­tion ». Il n’eut d’autre but, ajoute-​t-​il, que « d’arracher à l’oubli les ver­tus et les miracles du saint évêque », et il don­na lec­ture de ce tra­vail « dans le palais de Latran, en pré­sence du Pape Alexandre et des car­di­naux, à une époque de schisme ».

Naissance de saint Bertrand. – Il abandonne la chevalerie pour le cloître.

Bertrand naquit dans la petite place forte de l’Isle-​Jourdain, alors rat­ta­chée au dio­cèse de Toulouse. Son père, Othon de l’Isle, avait épou­sé Germaine, la fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, et la sœur de Constance, reine de France.

Issu d’une noble race, l’enfant se ren­dit encore plus illustre par sa foi et ses ver­tus… Ses parents se plurent tous deux à appli­quer leur fils, dès son enfance, à l’étude des saintes Ecritures afin qu’elles pussent le conduire à la voie du salut…

Lorsque le Bienheureux eut atteint l’âge et la force de la jeu­nesse, il embras­sa la car­rière des armes. Il avait pris saint Martin pour modèle et il s’attacha à en imi­ter les ver­tus. Sa libé­ra­li­té était telle que nobles et gens riches et pauvres le ché­ris­saient à l’envi. Ceux qui connurent la déli­ca­tesse de sa vie ne dou­tèrent pas que le lis de la chas­te­té n’ait tou­jours fleu­ri en lui. (Vital.)

Sur le front de cet ado­les­cent « modeste, doux, pieux, lent à se plaindre », le vieil hagio­graphe nous fait entre­voir déjà l’au­réole de la sainteté.

Soldat par condes­cen­dance envers son père, Bertrand, dès qu’il le put, dépo­sa les armes ; mais en se don­nant à Dieu il ne vou­lut pas se livrer à demi.

L’évêque de Toulouse, Isarn, dési­reux d’offrir à son cler­gé relâ­ché des modèles et des guides sûrs, en 1077, trans­for­ma ses cha­noines en véri­tables reli­gieux sou­mis à la règle de saint Augustin. Bertrand, avec eux, embras­sa les rigueurs de la vie monas­tique et bien­tôt dépas­sa tout ses confrères par sa science, son zèle et sa ver­tu. Elevé pour ce motif à la digni­té d’archidiacre, il devint le bras droit de son évêque, s’employa sans repos à pro­cu­rer la décence du culte divin, le sou­la­ge­ment des pauvres et sur­tout l’obéissance du cler­gé à la dis­ci­pline ecclésiastique.

Saint Bertrand, évêque de Comminges.

Tandis que le Bienheureux, écrit Vital, se livrait avec un grand zèle à l’administration de la charge qui lui était confiée, en même temps que sa renom­mée s’étendait au loin, l’Eglise de Comminges devint veuve de son évêque (vers 1080)… Ceux à qui incom­bait le pou­voir de lui cher­cher un suc­ces­seur, ayant invo­qué selon l’usage le Saint-​Esprit, élurent pour évêque l’archidiacre de Toulouse… Ils vinrent donc au couvent de Saint-​Etienne annon­cer à l’évêque et au Chapitre l’élection qu’ils avaient faite. Tous, jeunes et vieux, se réjouirent non sans éprou­ver une dou­leur légi­time de ce que leur Eglise per­dait ce fils.

Les envoyés conduisent vers la cité de Comminges… cet homme recon­nu le meilleur par­mi les meilleurs et qui n’avait employé ni les demandes ni les offres pour par­ve­nir à cette haute digni­té. Ils l’intronisèrent avec les solen­ni­tés d’usage, dans son église cathé­drale, au milieu de l’allé­gresse d’une grande mul­ti­tude. Plus tard, notre Bienheureux fut sacré par Guillaume Bernard dans son église d’Auch, métro­pole de dix cités épis­co­pales. (Vital.)

Après son sacre, Bertrand fut rame­né avec hon­neur « vers l’église de sa cité ».

Les labeurs d’un fécond épiscopat.

Dès son retour d’Auch, Bertrand com­mence son œuvre de réno­vation. Il doit rele­ver des ruines maté­rielles, gué­rir les misères morales de son cler­gé. Evêque et comte de Comminges, il a le double devoir d’assurer la sécu­ri­té tem­po­relle et la sanc­ti­fi­ca­tion de son peuple pauvre et grossier.

Son pre­mier soin fut de consa­crer au culte, dans la ville épi­scopale, un édi­fice digne des véné­rables ori­gines de l’Eglise com­min­geoise. Bertrand avait été intro­ni­sé dans l’église de sa cité, et c’est dans cette même église qu’après son sacre il don­na à son peuple sa pre­mière béné­dic­tion d’évêque.

Cet édi­fice, faute de res­sources et de soins, tom­bait sans doute en ruines, car des siècles s’étaient écou­lés depuis la res­tau­ra­tion royale de la cité et de son sanc­tuaire par Louis le Débonnaire. « Bertrand, écrit Vital, s’appliqua d’abord avec zèle à rele­ver l’église dans la ville haute. »

« Il la reprit aux fon­da­tions », ajoute un ancien bré­viaire. Mais le nou­vel évêque ne se bor­na pas à recons­truire l’édifice, « il l’enri­chit encore de beaux orne­ments… parce qu’il aimait la beau­té de la mai­son de Dieu ». L’impulsion don­née par l’évêque se pro­pagea, et jusqu’au flanc des plus rudes mon­tagnes sur­girent de belles églises romanes que nous admi­rons aujourd’hui.

Son zèle pour la discipline ecclésiastique.

Parce que Bertrand aime la beau­té de la mai­son de Dieu, il ne peut souf­frir la moindre indi­gni­té chez les ministres du sanc­tuaire. Il veut réfor­mer son cler­gé et lui don­ner des guides sûrs capables de l’entraîner à la vertu.

Dans ce des­sein, il construit un cloître autour de l’église, autant que le per­met l’exiguïté du lieu, entou­ré de pré­ci­pices et de rochers, et là, cet homme, épris de la dis­ci­pline, éta­blit des Chanoines régu­liers, sou­mis à la règle de saint Augustin, afin qu’ils s’y acquittent des fonc­tions ecclé­sias­tiques. (Vital.)

Il donne toute son affec­tion aux prêtres fidèles, sol­li­cite sans se las­ser le repen­tir des éga­rés et par­fois punit sévè­re­ment les endurcis.

L’évêque, on le voit, demeure comme l’archidiacre embra­sé de zèle pour le retour du cler­gé relâ­ché à l’observation de la dis­cipline ecclé­sias­tique, et ce zèle, en quelques cir­cons­tances, Ber­trand Je pous­se­ra jusqu’à l’héroïsme.

Le concile de Poitiers.

Le sou­ve­rain d’alors, Philippe Ier, don­nait à son peuple un grand scan­dale. Marié depuis vingt ans envi­ron avec Berthe de Hollande, dont il avait eu quatre enfants, le roi de France s’avisa un jour de la pré­ten­due illé­ga­li­té de cette union contrac­tée dans un degré de paren­té inter­dit par l’Eglise, et la fit annuler.

On recon­nut bien­tôt que, s’il avait rom­pu ce lien, ce n’était pas pour obéir aux scru­pules de sa conscience, mais pour don­ner un libre cours à ses pas­sions. En effet, il alla peu après enle­ver Bertrade de Montfort, femme de Foulques Réchin, comte d’Anjou, et se maria avec elle, mal­gré l’opposition presque una­nime des pré­lats de son royaume (1092). Le prince avait déjà été excom­munié par le Pape Urbain II au Concile de Clermont en 1095 ; l’an­née sui­vante, il le fut de nou­veau au Concile de Tours. Absous une pre­mière fois, il réci­di­va, et les évêques ras­sem­blés à Poitiers en 1101 reçurent du Pape Pascal II l’ordre de renou­ve­ler l’excom­munication por­tée contre les deux com­plices. Cela ne fut pas sans dif­fi­cul­té ; en effet, le peuple exci­té enva­hit l’assemblée et lan­ça sur les évêques une grêle de pierres. Ces pré­lats cou­ra­geux, par­mi les­quels l’histoire a noté les noms de saint Yves de Chartres et de Bertrand de Comminges, forts de leur devoir, res­tèrent impas­sibles en face du dan­ger. Plus tard, en 1104, Philippe se sou­mit de nou­veau, mais les don­nées de l’histoire ne per­mettent guère de croire que dans cette triste affaire les droits de la morale triomphè­rent sans réserve.

Avec le même cou­rage, assis­tant en 1119 à la béné­dic­tion du cime­tière de Sainte-​Marie d’Auch, le pré­lat subit éga­le­ment, avec ses col­lègues de la Province ecclé­sias­tique, les ava­nies d’une bande de moines révoltés.

Zèle de saint Bertrand pour les intérêts du peuple.

Mais il n’est pas moins pré­oc­cu­pé du bien-​être et de la sanc­tification du peuple dont il est à la fois le comte et l’évêque, comme nous l’apprend Vital.

« Comte de droit royal », il com­man­dait à tous, nobles et vilains ; les comtes des cités, dis­tincts des chefs mili­taires, avaient alors pour mis­sion de rendre la jus­tice et de pro­té­ger les faibles. « Bertrand, ajoute son bio­graphe, gou­ver­nait avec pru­dence par sa parole, son esprit et sa vie. » Comme les grands évêques du moyen âge, il agit en défen­seur de son peuple.

Une guerre ayant écla­té entre les sei­gneurs du pays de Com­minges et le comte de Bigorre, Sanche Parra, com­man­dant les troupes de Bigorre, por­ta la dévas­ta­tion dans le dio­cèse, rava­geant les fermes, enle­vant les ani­maux des­ti­nés à l’agriculture. Le saint évêque, rem­pli de dou­leur à la vue de l’affliction de ses enfants, alla trou­ver Sanche Parra et le pria de rendre aux pay­sans les ani­maux cap­tu­rés. Celui-​ci refu­sa. Le pon­tife redou­bla ses in­stances paternelles :

– Rendez-​les-​moi, dit-​il, et je me charge de vous dédom­ma­ger avant votre mort.

Sanche finit par se lais­ser flé­chir. Or, quelques années plus tard, alors que Bertrand avait déjà ren­du son âme à Dieu, Sanche Parra fut fait pri­son­nier en Espagne par les Sarrasins. Une nuit, pen­dant qu’il se lamen­tait, une grande lumière brilla dans son cachot. 

– Sanche, lui dit une voix, levez-​vous et venez.

– Qui êtes-​vous, sei­gneur ? deman­da le captif.

– Je suis l’évêque Bertrand à qui vous avez ren­du les bœufs de son pauvre peuple ; je viens tenir ma parole.

A ce mot, les chaînes se bri­sèrent, le pri­son­nier se leva et sui­vit son libé­ra­teur. Sans savoir com­ment, le matin venu, Sanche se trou­va sur la route de son pays natal.

Comment saint Bertrand se fait tout à tous.

Le peuple ne demeu­rait pas indif­fé­rent au dévoue­ment de son évêque ; tous l’aimaient, recher­chant ses conseils et sa pré­sence. Lors de son élé­va­tion à l’épiscopat, la ville basse seule comp­tait des habi­tants, le pla­teau res­tait dépeuplé.

Il n’existait plus de mai­sons sur la mon­tagne, et voi­là que, sous l’épiscopat du Saint, des hommes atti­rés par ses mérites y reconstrui­sirent des habi­ta­tions pour vivre auprès de lui. (Vital.)

A ce peuple avide de le pos­sé­der, Bertrand se pro­di­guait d’ail­leurs sans comp­ter. Modèle par­fait du saint évêque, durant cin­quante ans il ne ces­sa de visi­ter son dio­cèse. Si l’on songe au défaut de routes et à leur insé­cu­ri­té à ces époques recu­lées, si l’on connaît sur­tout le pays mon­ta­gneux et pauvre où ces actes du zèle pas­to­ral se mul­ti­plièrent, on s’explique le renom extraor­dinaire de sain­te­té qu’ils valurent à leur auteur.

Rien ne put arrê­ter le cou­rage du pon­tife : ni les pentes abruptes des mon­tagnes, ni les dan­gers des voyages, ni le manque de pro­vi­sions, ni son grand âge au déclin de sa car­rière. Monté sur une mule, il allait d’église en église por­ter aux rudes popu­lations de son dio­cèse « le tri­but de l’instruction et de ses aumônes ».

Grand sei­gneur, il se fai­sait tout petit auprès des humbles ; con­versant avec les pauvres, ensei­gnant la doc­trine chré­tienne aux enfants, et comme Jésus semant sa route de miracles. La plu­part, en effet, se sont accom­plis au cours des tour­nées pas­to­rales. Plu­sieurs nous dévoilent com­ment Bertrand savait s’accommoder de la pau­vre­té des loge­ments et de la pénu­rie des pro­vi­sions, tel celui où Vital nous montre l’évêque de Comminges pre­nant son repas sous un noyer et, à la prière de son hôte beso­gneux, bénis­sant cet arbre. Celui-​ci, dans la suite, pro­dui­sit de si beaux fruits qu’un peu d’aisance entra dans la modeste chau­mière que le noyer ombrageait.

Précieuse mort de saint Bertrand.

Cependant l’évêque de Comminges avait vieilli dans les labeurs apostoliques.

Pendant qu’il visi­tait son dio­cèse, pris de fièvre, il sen­tit ses forces décli­ner rapi­de­ment. Comprenant que son corps n’avait plus qu’un souffle, il se fît por­ter, sur les bras des cha­noines, dans son église cathé­drale, devant l’autel de la Sainte Vierge, patronne de l’église.

Après avoir conso­lé ses dis­ciples et don­né sa der­nière béné­dic­tion épi­scopale, ce saint homme ter­mi­na dou­ce­ment sa der­nière jour­née. Ce dut être vers 1123. Ses paroles, sa mort, sa vie, ses œuvres et ses miracles témoignent sûre­ment qu’il est retour­né vers Dieu et règne heu­reu­se­ment pour l’éternité par­mi les saints et sublimes confes­seurs de Jésus-​Christ. (Vital.)

Gloire posthume.

Le culte du ser­vi­teur de Dieu se répan­dit dès après sa mort. Le peuple venait en foule à la cathé­drale et priait à genoux sur la dalle qui recou­vrait les restes du pas­teur bien-​aimé. Les malades, les affli­gés y retrou­vaient la gué­ri­son de l’âme et du corps. Le Martyrologe gal­li­can a conser­vé le récit de ces miracles. Vital lui-​même en cite plu­sieurs, spé­cia­le­ment des déli­vrances de cap­tifs ; sa mère, raconte-​t-​il lui-​même, avait une grande dévo­tion envers saint Bertrand et lui avait voué son enfant ; or, ber­ger dans sa jeu­nesse, Vital était venu véné­rer le tom­beau du saint pon­tife en com­pa­gnie de plu­sieurs ber­gers et d’un homme pré­cé­dem­ment en cap­ti­vi­té et naguère déli­vré de ses chaînes.

Quand Vital lut son tra­vail devant le Pape Alexandre III, Ber­trand avait déjà été pro­cla­mé Saint par la voix publique, c’est-à-dire par le cler­gé et le peuple com­min­geois, comme tant d’autres Saints du pays dont on célèbre solen­nel­le­ment les fêtes. Les évêques qui lui suc­cé­dèrent veillèrent jalou­se­ment sur le tom­beau et peu à peu la ville prit le nom de l’illustre pontife.

Piété de Clément V envers saint Bertrand.

Deux siècles plus tard, un de ses suc­ces­seurs, Bertrand de Got (1305–1314), entre­prit d’élever à la gloire de celui dont il por­tait le nom une église plus gran­diose que la vieille cathé­drale jadis construite par le Saint. De cet édi­fice véné­rable, il lais­sa seule­ment le lourd bef­froi et une par­tie du cloître aux sveltes colon­nettes. Bertrand de Got lan­ça vers le ciel une splen­dide nef ogi­vale entou­rée d’une cou­ronne de cha­pelles et toute semée de grandes baies aux riches vitraux. L’œuvre n’était pas encore ter­mi­née quand Bertrand de Got, deve­nu Pape sous le nom de Clément V, revint à Comminges entou­ré d’un brillant cor­tège de princes de l’Eglise ; c’était le 16 jan­vier 1309. Il fit lever de terre le corps de saint Bertrand et le dépo­sa de ses mains dans une pré­cieuse châsse cise­lée à ses frais. Il lais­sa éga­le­ment à l’église cathé­drale sa propre cha­pelle et ses orne­ments pontificaux.

Clément V fit à l’église de Comminges le don, plus pré­cieux encore, des nom­breuses indul­gences qu’il atta­cha aux fêtes du Saint. Citons au moins celle du Jubilé : elle revient les années où le 3 mai tombe un ven­dre­di, dure trois jours et, depuis des siècles, attire à Saint-​Bertrand des foules immenses. Ce « Grand Pardon », comme on l’appelle sur­tout de son nom pri­mi­tif, eut en 1912 l’attrait spé­cial de coïn­ci­der avec la trans­la­tion des restes de saint Bertrand dans une châsse due à la muni­fi­cence du baron Bertrand de Lassus.

Reliques diverses de saint Bertrand. – La confrérie.

Plusieurs paroisses de la région du Midi ont eu l’honneur de rece­voir des reliques du saint évêque de Comminges : par exemple l’Isle-​Jourdain qui, le 5 sep­tembre 1733, fit un accueil triom­phal à celle qui lui avait été concé­dée ; et Arrens, dans la val­lée d’Azun ; Barcelone en reçut aus­si, de même que les Chanoines régu­liers de l’église Sainte-​Geneviève, à Paris.

Jean de Mauléon, évêque de Saint-​Bertrand de Comminges, éri­gea, le 1er mai 1531, une confré­rie pla­cée sous le vocable de son saint pré­dé­ces­seur, et sur les registres de laquelle figu­rèrent les évêques de Comminges, les membres du Chapitre, et de nom­breux asso­ciés appar­te­nant à plu­sieurs diocèses.

Le siège illustre de saint Bertrand, qui compte dans ses dip­tyques deux Saints, plu­sieurs pon­tifes de véné­rée mémoire, des car­di­naux et deux Papes, fut sup­pri­mé par la Révolution. Au début du xxe siècle, la vieille cité com­min­geoise per­dit même son modeste titre de chef-​lieu de can­ton. Dans l’antique cathé­drale, la chaire épis­co­pale demeure vide ; du chœur silen­cieux, la louange per­pétuelle ne s’élève plus sous les voûtes déso­lées. Mais le nom de saint Bertrand, por­té par tant d’enfants du pays, reste encore très véné­ré dans les val­lées et les mon­tagnes com­min­geoises. La ville semble se réveiller, le 16 octobre et sur­tout les jours de jubi­lé, quand les foules accourent à son sanctuaire.

Le tom­beau lui-​même du pon­tife bien-​aimé se dresse tou­jours glo­rieux au milieu de ces ruines, et, mal­gré le temps et les hommes, il nous parle invin­ci­ble­ment de résurrection.

F.-M. Sol.

Sources consul­tées. – Acta Sanctorum, t. VII d’octobre (Paris et Rome, 1868. – Dom Vaissette, Histoire de Languedoc. – Abbé Bouche, Vie de saint Bertrand. (Toulouse, 1895). – Baron d’Agos, Vie et miracles de saint Bertrand (Saint Gaudens). – (V. S. B. P., n° 1684.)